
Après Lisbonne, l’exposition Taking the Country’s Side présentée par Archipel, la maison de l’architecture de Lyon (Rhône) occupe l’Orangerie du parc de la Tête d’Or pour explorer le lien entre agriculture et architecture depuis le néolithique. Jusqu’au 21 août 2022.
Prendre le parti de la campagne, Taking the Country’s Side, initialement montée au centre culturel de Belem pour la triennale d’architecture de Lisbonne en 2019, explore le lien entre agriculture et architecture, deux pratiques complémentaires de domestication qui émergèrent il y a environ 10 000 ans comme les fées jumelles de la transition néolithique et de l’anthropocène.
Dans le contexte d’impasse environnementale qui est le nôtre, l’hypothèse est qu’aucune réflexion sensée ne pourra se développer sur le futur de ces deux activités tant qu’elles ne seront pas reconnectées et fondamentalement repensées en conjonction l’une avec l’autre.
Patience
L’argument central, didactique de Taking the Country’s Side, consiste en quarante-deux panneaux, ordonnés en six lignes thématiques. Ils composent une idéologie, c’est à dire une jurisprudence d’idées, d’épisodes ou de repères susceptibles de charpenter la réflexion sur le lien entre agriculture et architecture et son évolution dans l’histoire.
Frise
À côté de ce jardin d’idées, une vaste frise chronologique est déployée sur toute la paroi de l’Orangerie. Elle synthétise les évolutions parallèles de l’agriculture, de l’architecture et de l’urbanisme depuis leur émergence au mésolithique.
Dans ce work in progress, une série de tournants majeurs (environnementaux, techniques ou socio-politiques) sont repérés, qui modifièrent la façon dont les sociétés humaines façonnèrent ou transformèrent leurs milieux.
Boussole
L’histoire et la théorie sont futiles si elles ne sont pas animées par l’ambition d’éclairer le présent. Aussi toute jurisprudence conduit-elle à la boussole située au bout de l’exposition. Là, l’exposition synthétise en quatre grands dessins panoramiques, les directions concurrentes que la dialectique ville/campagne, agriculture/architecture semblent pouvoir prendre aujourd’hui.
Prendre le parti de la campagne adresse aux architectes, comme à tous ceux que préoccupe l’évolution actuelle de l’environnements vivants, une invitation à quitter leurs niches métropolitaines, leurs zones de confort et de spécialisation professionnelle, et à prendre, littéralement, la clef des champs (a walk on the wild side).
Depuis plusieurs décennies, un certain nombre d’individus et de collectifs, en s’appliquant à bâtir des alternatives aux mécanismes délétères de l’agriculture industrielle et de l’économie de marché, sous les bannières de la permaculture, de l’écologie sociale, de l’agroforesterie, du biorégionalisme ou de l’agroécologie, ont fait prospérer un trésor d’idées et de principes qui remettent sérieusement en question les concepts fondamentaux de l’architecture et de l’urbanisme aujourd’hui.
Manuel de vie et de survie pour l’anthropocène, la sagesse pratique de Taking the Country’s Side est beaucoup plus précieuse que ce qui circule couramment sous le nom de « théorie de l’architecture », et beaucoup plus pertinente que ce que les institutions académiques ont à offrir sur le sujet.
Commissariat général
Sébastien Marot : philosophe et professeur à l’ENSAVT Marne la Vallée et à l’École Polytechnique Fédérale de Lausanne
Matthieu Calame : agronome, directeur de la fondation Charles Léopold Mayer pour le progrès de l’Homme
Exposition Taking the Country’s Side : Agriculture et architecture
Jusqu’au 21 août 2022
L’Orangerie du parc de la Tête d’Or
Entrée du Lycée du Parc – avenue Verguin
69 006 Lyon
Du mardi au dimanche de 14h à 19h
À partir du 18 juillet, du jeudi au dimanche de 14h à 19h
Accès libre et gratuit.
www.ma-lereseau.org/maisons/archipel-centre-de-culture-urbaine