Imhotep, architecte de l’imposante et magnifique pyramide à degrés de Saqqara vers 2 700 av JC, également médecin et sage, incontournable figure historique, reste dans l’état actuel des connaissances un des premiers grands noms de l’histoire de l’humanité. Rappel salutaire* de Chris Morin-Eitner.
Imhotep ne fut certainement pas LE premier Architecte mais c’est lui qui a su cristalliser un savoir, le recevoir et le transmettre pour l’éternité. Et c’est lui que l’histoire retient comme étant le premier, c’est-à-dire celui qui posa symboliquement la première pierre de l’histoire de l’architecture, une histoire déjà vielle, ou jeune, de 5 000 ans…
Depuis, grâce à d’autres inventeurs et passeurs géniaux, largement inspirés par leurs formidables prédécesseurs, les formes, les couleurs, les matériaux n’ont cessé de se déployer, de se réinventer, de s’allonger, de se tordre, de s’élever toujours plus haut, d’explorer, quitte à frôler dangereusement des limites babylonesques…
L’histoire de l’architecture, mais également l’histoire de l’art et probablement l’Histoire, celle des Hommes, est une course de relais. Une course sans vainqueur ni vaincu. Une course linéaire ou circulaire, peut-être infinie. Une course sprintée de relais de fond sans vainqueur ni vaincu où tout le monde est gagnant. Ou pourrait l’être.
En admirant – ou détestant – les courbes et les pentes du Guggenheim Muséum de Frank Llyod Wright, on navigue soudain dans l’antique Colisée de Rome ou dans l’incroyable temple de l’unique pharaone d’Egypte ancienne…
On admire – ou pas – les déstructurations et empilements de Frank Gehry et les assemblages savants et fous de son Opéra de Los Angeles nous renvoient aux formes et pentes découpées des pyramides Maya…
On observe au loin la moderne et minimaliste Arche de la Défense de Johan Otto von Spreckelsen aux angles droits et saillants et l’on songe soudain à l’imposante et hiératique porte Est de l’antique temple de Karnak au lever du soleil…
Ces voyages au cœur de l’histoire de l’architecture sont une vraie chance pour l’humanité et c’est bien à l’humanité entière que devraient revenir les fruits de ces merveilles. Mais alors tous ces droits d’auteur réclamés, mais réclamés au nom de quoi en fait… ? ou de qui ? Selon quel critère et quelle justification ?
Sans remettre en question de labeur de chacun, architecte, artiste, chercheur… et donc la rémunération, il faudrait aussi légitimement y associer et donc rétribuer l’évidence de l’inspiration venue des autres, de tout temps, cette immense richesse, ce bien commun à tous, partagée de fait, mondiale.
Pour la connaissance et la reconnaissance de l’Architecture, pour son passé et son avenir, pour sa défense et ses revendications, pourquoi pas une fondation Imhotep ?
Chris Morin-Eitner
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