L’agence parisienne Lambert Lénack (Adrien Lambert et Etienne Lénack) a livré en 2021 avenue de France sur la ZAC Paris Rive Gauche (XIIIe) un programme mixte de 87 logements (6 456 m² SDP), bureaux (847 m²), commerces (390 m²). Communiqué.
Situation, usage et structure
Sur ce site exceptionnel, l’agence Lambert Lénack propose deux immeubles « cousins », en tension autour d’une césure, qui incarnent chacun une situation spécifique.
Le premier, sur l’avenue de France, offre une façade largement vitrée, « panoramique », qui profite de vues spectaculaires sur le jardin de la BNF et la Seine. Une typologie singulière consiste à projeter un séjour vitré en angle dans la vue et à intimiser les chambres en retrait d’une loggia qui permet de circuler par l’extérieur entre les chambres et le séjour.
Le deuxième, sur la rue perpendiculaire, présente une façade plus intime de baies en angle sur des loggias, une façade « tangentielle » qui cherche des vues transversales sur la Seine ou la colline du XIIIe historique. Les deux immeubles possèdent un socle vitré en double hauteur qui accueille commerces et activités.
Dans la césure, les artistes Berger & Berger ont installé un kaléidoscope urbain suspendu : une trame extrudée réfléchissante qui produit des perspectives fragmentées. Le projet propose une déclinaison des façades et des types selon les conditions. Il est l’expression de la complicité entre situation, usage et structure.
Un immeuble panoramique
La question fondamentale posée par l’édification de ce site exceptionnel est le rapport entre monumentalité et domesticité. L’agence a exploré la rencontre entre une logique constructive, des plans de logements spécifiques et une expression architecturale en réponse à chaque situation, à la recherche d’une domesticité généreuse et spectaculaire.
Au sud-ouest, la topographie du XIIIe arrondissement s’élève et organise un regard de la ville sur elle-même. Au nord-est, la Seine, l’immensité de Paris et l’Avenue de France, espace public de représentation qui invite très explicitement à l’expression domestique.
Socle et mixité
Au rez-de-chaussée, les accès aux trois halls de logements se font par le jardin commun aux lots T7A1 et T7A2, avec une servitude de passage entre les deux lots. Ce jardin possède trois accès sur l’espace public : un sur l’Avenue de France, un sur la promenade Claude Lévi-Strauss et un à travers la césure sur la rue Boudard. Les accès aux bureaux sont rattachés d’une part au passage Avenue de France et d’autre part à un hall sur la promenade Claude Lévi-Strauss. Les surfaces commerciales occupent les linéaires sur rue.
Au premier étage, les plateaux de bureaux sont distribués par deux noyaux. Ils disposent chacun d’une terrasse, sur le jardin intérieur pour l’un et sur la promenade Claude Lévi-Strauss pour l’autre. La passerelle de liaison connecte ces deux entités qui seront utilisées par un preneur unique.
Kaléidoscope
Installée dans la faille entre les deux bâtiments, au-dessus de la tête des usagers, l’œuvre « Si parfois un rayon mobile » de Berger&Berger propose une image kaléidoscopique du lieu et de l’environnement urbain de l’avenue de France.
Cette œuvre, une trame sous forme de lames polimiroir, est constituée de 18 volumes obliques de 1.80 m x 1.93 m et de 3.60 m de hauteur.
Le mouvement progressif des habitants sous cette structure leur offre des perspectives nouvelles et fragmentées du paysage à travers les ouvertures vers le ciel. Les réflexions sont constamment juxtaposées dans les surfaces réfléchissantes. L’angle droit produit une réflexion double, deux miroirs reflètent non seulement l’espace mais aussi chacun d’eux, créant un effet de fragmentation infinie.
Cette illusion induit non seulement un sentiment immersif, mais aussi questionne les propres yeux de l’observateur et sa perception spatiale.
Appartements et vues
Les plans d’appartements et l’expression des façades suivent l’organisation rigoureuse du projet. Ces éléments produisent une rigueur de dessin en quinconce, sorte de « macrotexture » ou de mesure « métropolitaine » relativement large pour du logement. À partir de cette matrice intérieure structurelle, des avancées sur l’avenue de France en porte-à-faux permettent de gagner bow-windows dans les meilleures situations.
Les logements sont littéralement portés par des plateaux libres. La déclinaison des façades et des appartements naît des situations.
Sur l’Avenue de France, une typologie singulière consiste à projeter un séjour vitré en angle dans la vue et à intimiser les chambres en retrait d’une loggia. À la manière d’un patio, elle rassemble les pièces autour d’un lieu de convivialité sans remettre en cause la séparation jour-nuit du plan intérieur. Elle permet de circuler par l’extérieur entre les chambres et le séjour.
Sur la rue Boudard, les appartements sont organisés à partir de grands châssis d’angle qui tirent parti des vues tangentielles, tantôt vers la Seine, tantôt vers le XIIIe arrondissement. Sur le jardin, le projet propose des façades projetant des balcons en quinconce pour optimiser les apports solaires et l’intimité des logements dans le vis-à-vis.
Au sud, sur la promenade Claude Lévi-Strauss, de larges châssis de séjours et de généreux balcons filants organisent la transition entre les bandeaux de la rue Boudard et les balcons foisonnants du jardin.
Dans les deux césures, au-delà des situations d’angle, le bâtiment propose un langage de faille assumé avec des ouvertures plus rares affectées à des cuisines et des salles de bains. Il en résulte des effets de parois « vertigineux », notamment mis en scène par l’installation kaléidoscopique de Berger&Berger.
Terrasses et toitures
La disposition en quinconce des loggias permet de diversifier la configuration des appartements et l’orientation des vues. Leur profondeur moyenne de 1,50 m leur confère la qualité d’usage d’une pièce latéralisée par rapport au séjour.
Le niveau de toiture est caractérisé sur la rue Boudard par des pavillons privatifs permettant d’accéder à de grandes terrasses largement appropriables. La toiture panoramique sur l’Avenue de France, accessible par un patio privatif, offre des vues à 360°. La ligne de ciel du projet est caractérisée par la perception des deux dispositifs d’accès aux terrasses.