A+ Architecture est une agence installée à Montpellier, Toulouse, Paris et Nîmes. Dès le mercredi 23 mars 2022, Viktoria, architecte ukrainienne de 22 ans, a rejoint l’effectif, l’agence démontrant que l’accueil d’une réfugiée est peut-être moins compliqué qu’il n’y paraît. Clément Rabourdin, architecte et associé de l’agence, s’est occupé de ce recrutement pas tout à fait comme les autres.
Chroniques – Comment est venue l’idée d’accueillir une réfugiée ukrainienne à l’agence de Montpellier ?
Clément Rabourdin – Philippe Cervantès, architecte et associé d’A+, a vu l’appel à la solidarité lancé par les associations AMO et AFEX.* Les associés de l’agence étaient partants mais nous étions un peu déconcertés par ce nouveau défi.
Nous avons regardé les CV qui étaient mis à disposition par AMO en nous fondant sur une base simple : si un architecte devait nous rejoindre, il devrait parler notre langage, celui du dessin et du logiciel. L’aventure était lancée puisque l’intégration avait trouvé une porte d’accès.
Deux candidates ont été auditionnées il y a une dizaine de jours. Nous avons choisi Viktoria qui a 22 ans. Elle a quitté sa famille à Kiev pour fuir en Pologne. C’est donc depuis Gdansk que s’est fait l’entretien, finalement assez classique, sur la base d’expériences passées et d’un portfolio. Viktoria n’est jamais venue en France et ne parle pas notre langue. Cependant son dynamisme malgré l’épreuve qu’elle traverse nous a impressionnés. Cette résilience, je la vois comme un signe de fiabilité.
Quelles ont été les démarches ?
La procédure aura pris environ dix jours pour la faire venir en France, d’autant que Viktoria devait récupérer son passeport. Si les voyages en train sont gratuits, rejoindre Montpellier depuis Gdansk est une épreuve. L’agence a pris en charge le billet d’avion. Dès son arrivée, la maison internationale déclenchera les rendez-vous en préfecture afin de délivrer le permis de travail et les autorisations nécessaires pour que Viktoria puisse signer un premier contrat de six mois.
A compter de la date d’arrivée, il faut attendre une dizaine de jours avant de la voir à l’œuvre à l’agence. En attendant, elle nous rendra visite afin de prendre doucement ses marques, nous l’aiderons ainsi dans son installation. Pour le premier mois, nous nous sommes également occupés de son hébergement, grâce à l’aide d’un des voisins restaurateurs de l’agence qui a des studios à côté de l’atelier.
Quelles sont les difficultés auxquelles il a fallu faire face ?
Excepté la langue, accueillir Viktoria n’est pour le moment pas si difficile. Nous avons conscience que la taille et la bonne santé financière de notre agence nous permettent de gérer cette embauche un peu particulière. Nous pouvons par exemple nous appuyer sur une équipe administrative engagée.
C’est une initiative individuelle. Nous expérimentons car finalement, à notre connaissance, peu d’actions sont menées, au moins à Montpellier. Les institutions sont débordées. Pour le moment, c’est facile et rapide à condition de pouvoir intégrer l’idée et les quelques démarches nécessaires dans un quotidien déjà chargé.
Comment la nouvelle a-t-elle été accueillie à l’agence ?
Les choses sont allées très vite. Nous savons que Viktoria nous rejoint officiellement depuis vendredi. A l’heure où nous parlons (lundi matin), toute l’agence n’a pas encore été informée mais je ne me fais pas de souci. La démarche est pour le moment bien reçue. Nous savons pouvoir compter sur une équipe jeune et soudée qui aidera Viktoria dans son installation à Montpellier et dans son intégration dans l’agence. Nous l’aiderons aussi à organiser son arrivée en dehors de l’agence. Il faudra ensuite qu’elle trouve sa place au sein de l’équipe de travail, plus tard.
Propos recueillis par Alice Delaleu
*Lire notre article Pour Martin Duplantier, l’Ukraine est l’Europe. L’U.E.kraine.