À Cergy (Val-d’Oise), pour le Crous de l’académie de Versailles maître d’ouvrage, l’agence Graal a livré en 2024 la réhabilitation et extension d’une résidence étudiante de 144 logements. Surfaces : 4 319 m² + 1 300 m² d’espaces extérieurs. Budget : 11,10 M€ HT. Communiqué.
La résidence des Linandes Mauves érigée pour le Crous en 1965, comprend dix bâtiments organisés autour d’une cour plantée connectée à un foyer déployant de généreux espaces communs. La réhabilitation réalisée de la tranche précédente fut particulièrement complexe notamment à cause de l’état de la structure existante et de la présence d’amiante sur l’ensemble des enduits. Aussi, le programme de cette nouvelle opération privilégiait la démolition des quatre bâtiments restants, dans le but de créer des nouvelles constructions plus adaptées aux exigences contemporaines.
Ce projet, à contre-pied de la demande de départ, s’est basé sur une stratégie de transformation en profondeur des quatre édifices existants présentant des qualités architecturales et de l’ajout d’un bâtiment supplémentaire pour compléter avantageusement le programme.
La conception générale a été dirigée par trois axes majeurs :
– réinterroger la résidence étudiante à l’échelle urbaine à travers l’apposition d’une nouvelle peau extérieure unifiant l’existant et l’extension ajoutée en prolongation d’un pignon affirmant sa présence sur le boulevard ;
– s’intéresser aux potentialités d’usage des logements en considérant les spécificités de leurs morphologies existantes complexes développant des dispositifs architecturaux diversifiés : demi-niveaux, système complexe de loggia, balcons, accès ;
– révéler les conditions constructives des bâtiments existants comme une variable économique et esthétique.
L’opération de réhabilitation se démarque de l’ensemble résidentiel, précédemment réhabilité via une isolation par l’extérieur classique en enduit clair, par l’apport d’une nouvelle matérialité visant à requalifier ce patrimoine sans pour autant le dénaturer. Ce travail de revalorisation thermique est couplé à un re-cloisonnement des chambres pour rehausser la qualité de vie à l’échelle du logement. La réhabilitation lourde des espaces communs et administratifs, ainsi que la reconfiguration des services extérieurs achèvent d’améliorer l’accueil des étudiants à l’échelle du site de la résidence.
L’intervention globale, réalisée en site occupé, offre alors un nouveau visage à l’ensemble du quartier par sa position en proue sur le boulevard de la Viosne.
La réponse architecturale joue sur la simplicité apparente du traitement monochromatique des surfaces pour révéler peu à peu des jeux subtils de reflets et de transparences qui multiplient les effets visuels au sein de la parcelle. La totalité des bâtiments sont vêtus d’un bardage métallique en acier plié offrant systématiquement deux angles de réflexion aux rayons du soleil. Ce qui s’ajoute à l’éclat des cages d’escalier en béton lasuré se détachant de la façade et projetant leurs ombres sur cette surface dentelée. En attique, le bardage se perfore pour offrir une transition entre la masse bâtie et le ciel de la ville nouvelle de Cergy. Cette maille qui ferme le volume sans couper la vue se déploie aussi sur les angles rentrants de l’ancienne architecture qui retrouve une unité compositionnelle permettant ainsi aux espaces extérieurs de se révéler en cœur d’îlot face à ces fonds de scène retrouvés.
Le projet de réhabilitation pose la question du rapport ténu entre la façade et le volume à l’aune des exigences énergétiques actuelles qui nécessitent parfois une conception séparée de ces deux sujets architecturaux. Le drapé de la tôle ondulée vient recouvrir uniformément les volumes autrefois complexes des immeubles, se prolongeant en toiture de façon diaphane, afin de rattraper les décrochés dus à l’organisation en demi-niveaux des planchers intérieurs existants. Pour autant cette véracité organisationnelle se donne à lire de manière limpide sur les pignons où les décalages de niveaux s’illustrent matériellement à la jointure des deux faces de l’enveloppe.
L’organisation composite des 144 logements qui crée la richesse du plan intérieur peut alors se développer librement sans entrer en conflit avec la rationalité de la façade qui s’adresse désormais à l’échelle de l’ensemble urbain et dépasse le module du studio unitaire. La multiplicité des situations en façade dans la structure existante (loggias, balcons et décrochés) est ainsi rattrapée par cette nouvelle peau unifiante et isolante. Cependant, le jeu des volumes précédents est laissé à deviner pour l’observateur par le dessin des baies qui, tout en créant une logique structurante à l’échelle de l’ensemble construit, permet de saisir ponctuellement les irrégularités de la composition passée.