Au cœur de Douai (Nord), pour Habitat et Humanisme Nord-Pas-de-Calais, l’agence Perrissin & Sailly Architectes (Damien Perrissin et Benoît Sailly) a livré dans un bâtiment historique ayant abrité le couvent des Sœurs Carmélites depuis plus de 100 ans Les Jardins du Carmel, résidence intergénérationnelle composée de 37 logements. Communiqué du maître d’ouvrage.
L’histoire
En 1625, les sœurs carmélites s’installent à Douai alors que la ville appartient aux Pays-Bas espagnols. La communauté se développe puis se disperse en 1792 dans un contexte de révolution française. Quelques décennies plus tard, de nouvelles carmélites s’implantent à Douai, mais au milieu du XIXe siècle, la communauté est expropriée de son lieu de vie pour la construction de la gare.
C’est suite à cette expropriation qu’est bâti le Carmel de Douai dans lequel les sœurs s’établissent en 1847. Un demi-siècle plus tard, la communauté est de nouveau expulsée des lieux et le bâtiment est vendu par l’Etat. En 1923, les sœurs reviennent sur les lieux grâce au soutien d’un bienfaiteur ayant racheté le couvent. Finalement, près de 100 ans plus tard, en 2015, moins nombreuses et plus âgées, les sœurs plient définitivement bagages pour rejoindre une autre communauté des sœurs Hospitalières à Saint Amand-les-Eaux où elles poursuivent leur vie de prière.
Les sœurs ont vécu au cœur de Douai pendant près de 400 ans, dont un siècle au sein du Carmel. Leur présence était discrète et bon nombre de douaisiens ne connaissent du Carmel que le clocheton qui émerge, sonne l’heure de la messe quotidienne et appelle depuis longtemps à la prière.
Le projet de réhabilitation
Lieu chargé d’histoire et cher aux douaisiens, le Carmel de Douai ne restera pas longtemps silencieux et vide d’occupants. En effet, c’est à Bernard Devert, président fondateur d’Habitat et Humanisme, que les sœurs ont décidé de confier le bâtiment, qui sera finalement acquis par EHD (Entreprendre pour Humaniser la Dépendance), l’une des sociétés foncières du Mouvement Habitat et Humanisme.
Il est décidé de respecter l’esprit du Carmel pour en faire un lieu d’accueil, de vie sociale et partagée à travers une résidence intergénérationnelle de 37 logements. L’architecte de l’opération, l’agence Perrissin & Sailly Architectes, s’efforce de conserver les murs anciens ; aussi des coursives relieront les logements entre eux, et le cloître restera ce qu’il était autrefois : un lieu de passage où se retrouveront parents, enfants, jeunes et personnes âgées.
Le site du Carmel (6 773 m²) comprend le couvent, cinq maisons et un parc partiellement boisé. L’opération immobilière consiste en la réhabilitation de l’ancien Carmel en 37 logements allant du T2 au T3 (de 44m² à 72m²), avec des espaces communs. Ce projet de qualité tient compte des contraintes structurelles de l’ancien Carmel et répond aux exigences architecturales de l’ABF, des normes en vigueur (notamment PMR) et intègre l’héritage de la vie passée du bâtiment.
Le temps des travaux
En 2021, la toiture, les portes et fenêtres ont été démontées, les murs et les plafonds rehaussés, renforcés, rebâtis afin que les futurs logements correspondent aux normes de confort, d’isolation et d’accessibilité.
En début d’année 2022, le gros œuvre a fait place aux corps d’état du second œuvre. Peu à peu le Carmel a retrouvé sa forme et son allure, modernisé, adapté, ouvert à sa nouvelle mission, pour être prêt à accueillir les familles, les jeunes et les personnes âgées auquel il est maintenant destiné. La pose du « clocheton » tant attendue, symbolise la renaissance de ce lieu chargé d’une histoire.
Parmi les différents espaces collectifs prévus, la salle commune est particulière puisqu’elle prendra place au cœur de l’ancienne chapelle, pièce maîtresse du Carmel. Ornée de vitraux, la chapelle a été le marqueur de la vie religieuse qu’abritait le bâtiment. Malgré leur mauvais état, les vitraux ont pu être démontés au début des travaux et restaurés par Judith Debruyn, maître-verrier, accompagnée de son mari Franck Pilot.
À l’instar des clochetons, les vitraux de l’ancienne chapelle vont ainsi pouvoir reprendre place au sein de leur site d’origine, comme témoins de la vie passée du Carmel de Douai, non pas aux fenêtres de l’ancienne chapelle, mais au sein de lieux de passage, encadrés, protégés et éclairés pour les mettre en lumière.