
À Lyon (Rhône), pour la Direction Départementale des Territoires du Rhône maître d’ouvrage, l’agence Snøhetta Studio Paris, avec Z Architecture, a livré en 2024 à la Part-Dieu le nouveau Centre Administratif d’État de Lyon. Surface : 19 132 m². Coût : n.c. Communiqué.
Le projet pour le nouveau Centre Administratif d’État de Lyon s’inscrit dans le quartier urbain de la Part-Dieu à Lyon. La Part-Dieu, ce n’est rien de moins que le deuxième quartier d’affaires en France, après La Défense. Un quartier particulièrement dense, représentant 60 000 emplois, 2 500 établissements avec des commerces, des bureaux, une gare.
Aujourd’hui, ce quartier fait l’objet d’un vaste plan de rénovation qui comprend le réaménagement des espaces publics et la création de nouveaux bâtiments publics, de logements et de bureaux. Les bâtiments existants, anciens et obsolètes, seront démolis afin de libérer de l’espace pour des aménagements urbains tels que le nouveau Centre Administratif d’État (CAE).


Une situation singulière
Ce quartier urbain créé dans les années ‘70 présente une identité forte et un développement constant depuis sa création. Il est marqué par la présence d’un certain nombre de bâtiments iconiques, aux formes simples et dans un style architectural caractéristique de l’époque, constituant une part significative du patrimoine urbain et architectural de Lyon.
Déjà très urbanisé, le foncier y est rare. La Cité Administrative d’État a été construite sur le dernier terrain vague du quartier. Une dent creuse à la taille réduite, sur laquelle se dressent huit platanes centenaires, vestige de l’histoire lyonnaise du siècle passé et de l’ancienne caserne qui occupait auparavant les lieux.
Le projet, à la volumétrie simple et épurée représentative de l’architecture de la Part-Dieu, s’articule autour d’une poche paysagère constituée par les deux rangées de platanes conservés. Ce cœur tissera des connexions paysagères au niveau du sol aujourd’hui inexistantes. Le bâtiment prend place en U autour de ce cœur végétal favorisant la fragmentation des 19 000 m² de bureaux en plusieurs volumes. Cette fragmentation permet ainsi de réduire l’impact visuel du bâtiment, de multiplier le linéaire de façade pour bénéficier d’un maximum de lumière naturelle et de favoriser la création d’espaces extérieurs (terrasses, jardins) apportant des respirations dans un environnement très minéral.


Volumétrie et organisation des espaces en strates
Un socle actif et vivant s’implante sur les emprises disponibles visant à animer l’espace public de part et d’autre de la parcelle.
En contact direct avec le paysage du cœur végétal, ce socle qui accueille les fonctions publiques et communes du bâtiment, s’ouvre généreusement au nord sur le futur parc urbain qui pourra devenir, à terme, l’entrée principale du personnel. Au sud, c’est une nouvelle dynamique qui s’offre au quartier avec le développement d’une façade vivante et animée. Le bâtiment est composé de trois ailes, deux se développant sur six niveaux autour du cœur végétal et reliées entre elles sur cinq niveaux par la passerelle, et d’une troisième se développant sur cinq niveaux.
Le projet est basé sur un compartimentage programmatique rigoureux permettant de regrouper les espaces d’accueil du public au rez-de-chaussée et d’installer en étages les fonctions uniquement accessibles par les agents du CAE, et les personnes invitées.


Deux ailes de bureaux
Sur ce socle actif, l’implantation des deux ailes de bureaux de part et d’autre du cœur végétal permet à la grande majorité des espaces de travail d’avoir une vue sur le jardin et les arbres et d’être préservée des vis‐à‐vis. Le cœur végétal jouant un rôle de filtre, il permet d’intimiser ces espaces de travail et de les séparer des espaces dédiés au public.
Il présente également un intérêt climatique et énergétique indéniable, les platanes projetant de l’ombre en été sur les façades exposées au sud, tout en assurant des apports solaires et lumineux généreux en hiver. La densité de végétation permet également de limiter l’effet d’îlot de chaleur.
La passerelle
Ces deux entités sont reliées le long de la façade aveugle du centre commercial par un volume de passerelles intérieures qui permet de refermer la forme englobante du bâti autour du jardin central. Cette passerelle offre des espaces de convivialité qualitatifs, intimisés et prolongés par des balcons extérieurs. Elle présente également un intérêt en termes de flexibilité d’aménagement, de circulation, de fonctionnement et de découpage programmatique dans le temps pour l’ensemble du projet. Sa position en retrait par rapport au centre commercial de la Part-Dieu permet également de créer une grande terrasse côté sud du socle actif.

Une troisième aile de bureaux
Pour compléter l’insertion urbaine du projet, une troisième aile est créée au sud. Cette aile à quatre étages de bureaux, construite volontairement plus bas pour limiter les hauteurs de vis-à-vis avec la future tour de logements à l’ouest, présente la même largeur que les deux autres ailes, assurant ainsi la fonctionnalité et la flexibilité de l’ensemble des plateaux de bureaux dont l’agencement est ainsi systématisé sur l’ensemble des bâtiments de la CAE.
Un site contraint – Des solutions techniques appropriées
La taille réduite de la parcelle avec ces arbres centenaires et les nombreux autres chantiers en cours à proximité immédiate, ont contraint les possibilités de stockage sur site durant le chantier. De même le manque de place et les difficultés de trafic aux abords du site ont nécessité une importante logistique qui a représenté un enjeu majeur de ce projet, plus que sur d’autres. La localisation et la taille de la parcelle ont aussi justifié un choix constructif essentiel dans le projet : la mise en place de nombreux éléments préfabriqués.
Une façade cinétique
Le concept de façade s’inspire très directement de l’architecture de la Part‐Dieu et son système de façades répétitif, articulant un même module sur l’ensemble du volume, avec une même palette de matériaux.L’utilisation d’un système modulaire de façade pour ce projet présente de nombreux avantages (répétition, tramage, préfabrication, assemblage, économie de moyen)‐ tout en réinterprétant le vocabulaire des constructions iconiques de l’architecture du quartier.
L’architecture du quartier de la Part‐Dieu est également marquée par sa palette colorimétrique faite de tons neutres allant du gris à des tons sable plus saturés ou plus sombres. Cette expression colorimétrique discrète et adaptée au contexte a également guidé notre réflexion autour d’une réinterprétation et d’une intégration nécessaire du bâtiment à son environnement urbain. Les modules géométriques sont ensuite répartis en différentes catégories selon des critères propres aux façades : exposition au soleil ‐ limiter les surfaces vitrées exposées pouvant entraîner une surchauffe en été, les besoins en lumière naturelle ‐ agrandir les surfaces vitrées pour assurer un apport suffisant en lumière naturelle dans les zones qui en ont besoin, et les contraintes sécuritaires ‐ largeur de passage nécessaire pour l’intervention des secours.
Une oasis urbaine
Le concept du cœur végétal autour des platanes est complété par la création d’espaces extérieurs en terrasses et toitures, végétalisés et accessibles à toutes et tous. Véritables jardins suspendus, ces espaces s’inscrivent dans la continuité de l’extension de la place et composent un ensemble végétalisé d’une superficie totale de 1 300 m² qui s’ajoute aux 1 800 m² du cœur végétal. L’ensemble de ces espaces contribue à la fois au développement de la biodiversité et à la création d’un îlot de fraîcheur en zone urbaine dense.
Au sud, une première vaste terrasse est installée sur la toiture du socle actif. Bénéficiant d’une belle orientation, cet espace extérieur de 600 m² est accessible (en R+1) par l’ensemble des utilisateurs de la CAE. La toiture de la Passerelle est également équipée d’une longue terrasse accessible de 350 m² reliant par l’extérieur les deux ailes en R+5. Les loggias de la Passerelle apporteront également un élément de verdure sur les façades du bâtiment Passerelle. Enfin, côté rue du Docteur Bouchut, le dernier étage disposera de sa terrasse accessible, orientée au sud, de 180 m² à la fois discrète et remarquable. S’inscrivant dans l’emprise de la volumétrie générale du bâtiment cette terrasse apparaît comme une pièce extérieure accessible par les utilisateurs du bâtiment.
Enfin, les fonctions d’accueil du public, d’espaces de formation, de réunions, de restauration et de travail sont regroupées autour du cœur végétal offrant à tous les fonctionnaires et administrés, une véritable oasis urbaine où la nature et la lumière naturelle sont omniprésentes.