À Villeurbanne (Rhône), pour la ville maître d’ouvrage, l’agence Rougerie+Tangram, avec Amelia Tavella architecte associée, a livré en 2023 le groupe scolaire Simone Veil. Doté de 25 classes (15 élémentaires et 10 maternelles), d’un restaurant scolaire et d’un équipement d’accueil pour jeunes enfants de 42 berceaux, l’établissement accueille 750 élèves. Surface : 4 945 m². Budget : 13,56 M€ HT. Communiqué.
Parti urbain
Emplacement
Le site du Groupe scolaire Simone Veil et de la crèche Ellen Key est stratégiquement situé à l’articulation entre la rue de la Soie et la rue Willy Brandt, formant la porte d’entrée Ouest de la ZAC Villeurbanne La Soie. Ce projet constitue une pièce maîtresse de la composition urbaine de l’îlot, situé à son angle nord-ouest. Il agit comme un point d’articulation entre divers paysages et formes urbaines, existants et futurs, environnants.
Côté sud, le projet fait face à la rue de la Soie, à l’un des derniers îlots d’habitat ancien, caractérisé par des rythmes parcellaires étroits. Un futur projet architectural de ce côté sera l’expression de ce tissu parcellaire distinctif. Côté nord, le projet se connecte à un futur développement de logements à l’architecture contemporaine, avec un cœur d’îlot ouvert au sud, fortement végétalisé. Côté est, le site est bordé par le Parc Jorge Semprun, un vaste espace dégagé. Le projet de l’école et de la crèche s’articule donc en lien avec ces différentes typologies, intégrant harmonieusement les éléments existants tout en prévoyant les développements futurs.
Les volumes
L’implantation en front d’espace public joue un double rôle : structurer les rues et le parvis, et marquer l’entrée ouest de la ZAC, amorçant ainsi une transition vers le parc. Le volume le plus haut, en R+3, fait face au Parvis des écoles, créant un effet d’appel et un signal fort à l’échelle de la ZAC.
Les deux ailes du bâtiment voient leurs hauteurs diminuer progressivement en s’éloignant du parvis, répondant au positionnement du projet dans la ville. Cette gradation reflète également le programme éducatif : les petits enfants (EAJE) sont dans des volumes bas (R+1), les élèves de maternelle en R+2, et les élèves de l’élémentaire en R+3.
Bien que le projet affirme une continuité physique, volumétrique et architecturale, la fragmentation des volumes permet un dialogue avec le tissu parcellaire existant. Les interruptions et retraits de façades créent des patios arborés et des jardins Plan masse suspendus, rappelant le tissu ancien.
Parti architectural
La peau
La force du projet réside dans sa peau. Qu’elle soit opaque, filtrée, ou ouverte, elle est toujours ludique, vibrante et organique. Cette paroi extérieure du bâtiment est ainsi triplement rythmée : par la volumétrie fragmentée du bâti, par l’œuvre de l’artiste Pauline Guerrier, composée de saillies de briques inclinées formant un graphisme arborescent, et par le treillage de modules de terre cuite servant de brise-vue et de brise-soleil.
L’arborescence artistique incrustée dans les briques donne à la paroi une vibration, complexifiant les jeux d’ombre et de lumière selon l’orientation des façades, les heures de la journée, ou les saisons. Elle confère au projet, et au quartier, une identité très forte.
Les nombreux treillages gardent les vitres des fenêtres à distance, filtrent la lumière et projettent des ombres à l’intérieur du bâtiment. Ils protègent les enfants des regards extérieurs, tout en permettant des vues depuis l’intérieur vers le ciel et l’horizon. De l’extérieur, le bâtiment propose une lecture rythmée mais linéaire, avec une horizontalité rationnelle facilitant l’appréhension de l’espace urbain. Le bâtiment évoque presque un petit fort, un lieu enfantin et protecteur, qui, par ses différents jeux de liaisons et sa sensualité, invite à des accès, des passages et des déambulations. La brique rappelle le passé industriel du quartier, tandis que les percements accueillants constituent une invitation amicale.
Ce projet est avant tout animé par un souci de bienveillance et de bien-être, le groupe scolaire devant constituer l’un des cœurs actifs de la vie de quartier.
Collaboration avec Pauline Guerrier
La collaboration avec l’artiste Pauline Guerrier pour le dessin des façades et leurs arborescences en reliefs a débuté dès la phase de concours. Les échanges se sont faits avec l’artiste lors de ses résidences à l’étranger, notamment au Bénin, permettant d’intégrer des éléments artistiques cohérents avec le projet global.