En chinois le chiffre 8 se prononcerait « prospérité », mais c’est Femme actuelle qui l’affirme entre deux horoscopes. Comment le saurions-nous à Chroniques ? Ce serait trop beau pour une société de presse qui n’appartient ni à un banquier ni à un industriel ni à un rentier…
Pour autant, le 23 novembre 2023, au Café des dames, Place du Colonel Fabien à Paris, face au renommé Espace Niemeyer, Chroniques d’architecture a fêté avec ses hôtes son huitième anniversaire, le premier numéro ayant été publié le 10 novembre 2015.
« Un autre journal spécialisé ? Non, plus que ça, une nouvelle façon d’appréhender l’architecture, cet art premier. En vérité, à part dans le désert, l’architecture est si présente et intense, voire oppressante, qu’elle est à l’articulation de toute vie en société. Bref, écrire d’architecture est écrire du monde », proposions-nous dans ce premier édito en forme de promesse.
Ce n’est pas à l’auteur de ces lignes de juger si la promesse a été ou non tenue mais, huit ans plus tard, nous sommes encore-là pour en parler, même si la rédaction, comme un ancien peuple païen, organise ses fêtes aux équinoxes.
« Si nous savons que les normes et l’intérêt bien compris de quelque capitaliste poussent à la normalisation, la liberté créative des architectes cependant demeure », écrivions-nous encore. Huit ans plus tard, l’assertion serait osée : question liberté pas grand-chose ne s’est amélioré pour les architectes, au contraire, ni pour la presse, au contraire, ni dans le monde, au contraire.
De l’importance de festivités qui ne soient pas des autodafés, surtout quand, une fois n’est pas coutume sauf à Chroniques, c’est la presse qui paye un coup et organise la visite.
Huitième anniversaire, pourquoi en faire tout un couscous direz-vous ? Parce que j’ai lu dans Voici que le 8, symbole de l’infini, représente d’une part la justice et la vérité, de l’autre le pouvoir et la force d’entreprendre. Mais bon c’est Voici qui le dit.
Huit est encore selon des légendes ancestrales le nombre des noces de coquelicot, lequel – toxique ou stupéfiant selon les avis – serait doté de « propriétés calmantes, adoucissantes et même légèrement narcotiques » ; au risque de s’endormir devant les éditos de Leray ? En tout cas, dans la pharmacopée vernaculaire, le coquelicot était utilisé contre « la nervosité, les quintes de toux et les insomnies », tout ce qu’il faut au rédac-chef pour passer ce cap.
Pour autant, au moment de se projeter dans l’An neuf de Chroniques, se souvenir que cet anniversaire est à jamais marqué d’un astérisque puisque notre premier numéro a été publié trois jours avant les attentats du 13 novembre 2015 à Paris. Ce numéro 362, publié un 28 novembre, invite donc à se souvenir où nous étions ce soir-là. Ce qui calme les ardeurs à l’autocélébration et rappelle la fragilité des ambitions.
À l’heure de ce numéro 362 donc, un grand merci à celles et ceux – qui se reconnaîtront – qui nous soutiennent dans cette aventure et au plaisir de rencontrer celles et ceux qui nous rejoindront encore. En fait, quoi que l’on fasse, le temps à passer avec les amis manque toujours.
Merci à toutes et tous de votre fidélité.
Christophe Leray
rédacteur en chef