Partiellement fermé depuis plusieurs années, le Musée de Picardie à Amiens (Somme), rénové et agrandi par les architectes Catherine Frenak et Béatrice Jullien, lauréates du projet en 2012, a rouvert ses portes le 1er mars 2020. Coût global 26 M€ TTC, dont la moitié en coût travaux. Communiqué d’Amiens Métropole, maître d’ouvrage.
Construit entre 1855 et 1867, à l’initiative de la Société des Antiquaires de Picardie et avec le soutien de Napoléon III, le Musée de Picardie est le premier musée construit hors de Paris. Conçu comme un véritable palais des arts, c’est à la fois un musée moderne et un lieu d’apparat. D’abord baptisé Musée Napoléon, il devient sous la IIIe République Musée de Picardie : le décor intérieur a bel et bien été réalisé à la gloire de la région et de ses hommes illustres.
Classé Monument historique en 2012, le musée d’Amiens réunit des collections éclectiques : des collections archéologiques : depuis la Préhistoire jusqu’à l’époque gallo-romaine, en passant par l’Antiquité grecque et égyptienne ; des oeuvres médiévales : petits objets précieux et sculptures monumentales ; des collections Beaux-Arts : peintures, sculptures et dessins du XVIe au XIXe siècle ; de l’art moderne et contemporain : peintures, sculptures, photographies et installations.
Musée-modèle, le Musée de Picardie a connu de belles heures ces trente dernières années, avec de beaux chantiers de développement et de rénovation dans les années 1980-1990, et des expositions à succès.
Retrouver le lien avec les Amiénois et les Picards, susciter de nouveau la fierté et l’attachement, est le premier objectif à poursuivre dans le cadre de cette rénovation. Le Musée de Picardie doit également jouer pleinement son rôle en matière d’attractivité du territoire, pour les touristes comme pour les amateurs d’art et de patrimoine : référence scientifique, vitrine patrimoniale, il doit retrouver sa place dans les parcours touristiques de la ville et de la région.
Le projet de rénovation : les enjeux, le calendrier, l’équipe
Afin de présenter de nouveau au public les riches collections de peintures, il était nécessaire de rénover et de remettre aux normes le premier étage du musée, fermé depuis plus de dix ans. C’était aussi l’occasion de s’interroger sur les conditions d’accueil du public dans ce monument du XIXe siècle : le projet de rénovation et d’extension vise donc à la fois à rénover le bâtiment ancien et à offrir aux visiteurs un confort d’accueil et de visite nouveau.
Il porte également sur les abords du musée, avec le souci de l’ouvrir davantage sur la ville. Cette nouvelle phase de rénovation constitue un chantier particulièrement ambitieux, mêlant construction, restructuration et rénovation sur une parcelle étroite, en plein centre-ville d’Amiens. Le coeur du projet était la rénovation du premier étage du musée et l’aménagement de salles d’expositions temporaires.
Au-delà de ces besoins premiers, ce fut aussi l’occasion d’interroger le fonctionnement du musée au regard des attentes nouvelles des visiteurs, ce qui aboutit aux propositions suivantes : aménagement d’un accueil mieux adapté à la réception des groupes et des personnes à mobilité réduite, développement de l’offre culturelle (auditorium, atelier pédagogique), et de l’offre commerciale (librairie/boutique), le tout réfléchi dans un souci d’accessibilité complète du bâtiment.
Le Musée de Picardie a été intégralement classé Monument historique en 2012. «Bâti autour de ce classement, le projet de rénovation se caractérise par le grand respect du monument et la subtilité avec laquelle le retour à un état antérieur a été envisagé. Il ne s’agissait pas de livrer un bâtiment qui serait la copie conforme du bâtiment de 1867 mais de conserver ce qui caractérise ce musée-prototype et de retrouver ce qui en a été dissimulé au fil des décennies, au gré des goûts et des modes», soulignent Catherine Frenak et Béatrice Jullien.
Ont donc été réalisés le dégagement et la restauration des décors peints du premier étage le choix des teintes du premier étage, d’après des sondages, la remise en état des parquets, la restauration de la marqueterie du Salon de l’Impératrice, la remise en état des verrières, l’ouverture des baies des salons d’angle, la restauration des salles de la Société des Antiquaires de Picardie, la réalisation d’une porte sous tenture dans le Grand Salon, la restauration de la maison Moitié, la restauration des façades du pavillon Maignan, le dégagement et la restauration des décors peints du pavillon Maignan et la restauration et la remise en eau des griffons de la cour d’honneur.
De nouveaux services
Ouvert sur un large parvis rue Puvis de Chavannes et sur un jardin intimiste côté rue Jules Lardière, le nouvel accueil offre un volume conséquent, propre à accueillir dans de bonnes conditions groupes et visiteurs individuels. C’est au sein de l’extension contemporaine du musée et du pavillon Maignan restructuré que prennent place de nouveaux services, essentiels au bon fonctionnement d’un établissement culturel du XXIe siècle.
Un projet global : les aménagements extérieurs
Le traitement du pourtour et des abords du musée occupe une place importante au sein du projet architectural global et le volet paysager participe pleinement de la métamorphose du lieu avec notamment un nouveau traitement de la cour d’honneur et des bassins remis en eau, un parvis végétalisé devant le nouvel accueil, une chaussée haute rue Puvis de Chavannes et une ouverture de la parcelle sur l’espace public, une chaussée haute rue Jules Lardière et un nouveau point de vue sur le bâtiment, un jardin intimiste et un jardin suspendu sur le toit du pavillon Maignan, horizon de verdure depuis le 1er étage.
Les plantations sont composées d’environ 7 500 arbustes et fougères, 8 300 bulbes et 220 annuelles qui seront plantées au printemps 2020 dans la cour d’honneur, une interprétation contemporaine des principes de composition du XIXe siècle, des strates végétales semi-persistantes parsemées de taches de couleurs vives à la colorimétrie exotique. Le jardin suspendu est un jardin naturaliste réinterprétant un écosystème d’un sous-bois de la région picarde. Le rosier Alfred Manessier est introduit sur les massifs de la chaussée haute rue Puvis de Chavannes, une exposition plein soleil de camaïeu de jaune.