Le Jeu de Paume – Château de Tours propose la plus grande exposition monographique de l’artiste Lucien Hervé (1910-2007), rassemblant ses photographies les plus célèbres comme des clichés moins connus. Plus de 160 photographies, sélectionnées à partir de nouvelles recherches sur les planches-contacts, les tirages modernes et les négatifs originaux.
«Mon problème consiste à visualiser en deux dimensions un ar t de l’espace, en éliminant de son vocabulaire les redondances, les boursouflures pour ne retenir que les multiplicités de l’essentiel à mes yeux», disait Lucien Hervé.
S’il a collaboré avec d’autres grands architectes du XXe siècle, le photographe Lucien Hervé (1910-2007) est surtout célèbre pour son travail avec Le Corbusier. Grand constructeur de l’image, un détail lui suffit pour parler de l’ensemble, et il parvient à exprimer l’espace avec la seule tension entre ombre et lumière.
Lucien Hervé est aussi un observateur engagé du monde et de l’humanité, cherchant partout la «présence du vivant». Ses cadrages en plongée ou en oblique lui permettent de jouer avec la géométrie, allant jusqu’à l’abstraction. Cette exposition au Château de Tours lui rend hommage en juxtaposant comme il le faisait, «l’universel et l’intemporel», l’ancien et le moderne, l’abstrait et l’humain.
Contemporain de grands photographes hongrois – André Kertész, Brassaï ou Robert Capa et Nicolás Muller, ces deux derniers exposés récemment au Château de Tours – une partie de l’œuvre de Lucien Hervé reste méconnue du grand public. Pourtant, son engagement pour l’architecture n’est jamais resté une démarche exclusive : tout en évitant toujours de tomber dans l’anecdote, Lucien Hervé a largement cherché à représenter dans son œuvre l’humanité et les traces de celle-ci sur le monde.
Il est attentif aux conditions de vie et de travail aussi bien en France, qu’en Inde et en Amérique du Sud. Il capte les enfants et les vieillards qui l’émeuvent et la gestuelle humaine qui lui permet de jouer avec la géométrie. Sa recherche du beau, que ce soit à travers l’architecture ou l’humain aboutit souvent à l’abstraction de ses sujets.
L’exposition s’inspire des expositions conçues par Lucien Hervé lui-même. Elle fait dialoguer thèmes, formes et lignes des photographies. Certaines cimaises présentent des citations tirées des accrochages imaginés par le photographe.
L’exposition consacre une attention particulière aux grands thèmes traités par le photographe, comme par exemple Le Corbusier, l’architecture moderne et l’abbaye du Thoronet, ainsi que des sujets qui sont présentés pour la première fois aussi amplement : l’Observatoire de Jaïpur, Delhi et Fatehpur Sikri en Inde, l’Escurial et l’architecture populaire espagnole. Certains ont été à la source de projets de livres, jamais publiés. Un regard approfondi est ainsi porté sur cette œuvre, et tente de transmettre l’essentiel de ce que Lucien Hervé a voulu exprimer.
L’exposition « Géométrie de la lumière » rend hommage à Lucien Hervé dix ans exactement après sa disparition et cinquante ans après avoir exposé dans la Ville de Tours. En 1967, l’exposition itinérante le « Langage de l’architecture » avait en effet voyagé en Val de Loire, notamment à Orléans, Blois, Tours et Angers. A Tours, c’est l’Ecole Régionale des Beaux-Arts qui l’avait accueillie.
Le catalogue de l’exposition propose des documents inédits de Lucien Hervé comprenant la publication d’une sélection de photographies des expositions conçues par l’artiste, les articles écrits par lui-même – dont un inédit en France. Par ailleurs ces documents sont présentés dans les vitrines de l’exposition.
Deux documentaires peu connus rendent vivante l’œuvre de Lucien Hervé à travers une série d’entretiens passionnants. L’un présente le photographe, nonagénaire mais d’esprit alerte, parcourant sa vie devant la caméra du réalisateur Gerrit Messiaen. L’autre invite à rencontrer architecte, historien, écrivain, tireur de photos et galeriste qui l’ont côtoyé et qui partagent « leur » Lucien Hervé, l’homme et le photographe (réalisateur : Illés Sarkantyu).
Exposition coproduite par le Jeu de Paume en collaboration avec la Ville de Tours. Sa commissaire est Imola Gebauer, historienne de l’art et commissaire indépendante tourangelle d’origine hongroise. Elle, a été collaboratrice de Lucien Hervé dans les années 2000, et travaille depuis 2009 dans les archives du photographe.
Lucien Hervé – Géométrie de la lumière
Jusqu’au 27 mai 2018
Le Jeu de Paume — Château de Tours
25 avenue André Malraux
37000 Tours
Tél. : 02 47 21 61 95
Information et réservation
Tel : 02 47 70 88 46 / de@ville-tours.fr
Ouvert du mardi au dimanche
de 14h à 18h
Fermé le lundi, y compris les jours fériés