Pour la Ville de Champigny (Val-de-Marne), dans le quartier Les Courtilles, l’agence Valero Gadan Architectes & Associés a livré en juin 2018 un groupe scolaire et Centre de loisirs de 24 et 8 classes respectivement. Pour ce projet de 6 780 m² SDP, avec un budget travaux de 13,4M€, avec peu de matériaux mais des matériaux pérennes, Valero Gadan propose une enveloppe solide dont la qualité et la simplicité des assemblages sont garants d’un équipement durable. Communiqué.
Le site
Le projet s’appréhende comme une insertion urbaine forte dans un quartier en pleine mutation. Dans le strict respect d’implantation et de retraits imposés par les règles d’urbanisme, l’environnement immédiat a été pris en compte et un bâtiment en transition douce avec les mitoyens a été conçu.
Sur le boulevard de Stalingrad, la façade s’impose par une présence forte et tranchée, à l’image que se doit d’avoir une école de la République. Sur le boulevard Gabriel Péri l’insertion se veut discrète dans cet environnement calme d’habitations, plus domestique.
Sur sa façade ouest, le groupe scolaire joue le rôle de liaison urbaine. Sa façade est tournée vers le nouveau quartier en mutation. L’école est le point de départ, la première pierre de ce renouvellement de la ville.
Le périmètre du groupe scolaire se lit comme un évènement singulier inséré dans un territoire hétérogène, à l’image d’un géoglyphe.
Le plan masse se compose de plusieurs formes liées les unes aux autres, associées et articulées entre elles.
Les deux écoles «en équerre» se succèdent nord/sud et s’élèvent sur le boulevard de Stalingrad pour constituer ce front bâti nécessaire et emblématique.
La façade sud, boulevard de Stalingrad, se retourne à l’ouest vers l’intérieur de la parcelle. Elle révèle la forme du groupe scolaire sur la profondeur du site. Cette forme est transpercée à cet angle par un «parvis intérieur» qui est le foyer du groupe scolaire. Sa triple hauteur lui confère un statut de liaison tant dans sa dimension horizontale que verticale. Depuis cet espace tout est compréhensible ; il oriente, révèle, explique le lien et rend les déplacements aisés.
Dans sa fonction de «centre de vie» cet espace distribue trois entités distinctes : une école élémentaire, une maternelle et un centre de loisirs.
Dans un contexte topographique très contraignant (4,30 m de dénivelé sur la profondeur totale du site), le défi a été de concevoir un bâtiment dont l’orientation est limpide, le cheminement fluide et le fonctionnement simple. Les contraintes de dénivelés ont permis de répartir les deux écoles sur deux niveaux différents :
– l’école élémentaire côté boulevard de Stalingrad pour un bâtiment à R+2 emblématique,
– l’école maternelle au calme au cœur de la parcelle atteinte rapidement par la rampe douce du hall d’entrée principal.
Tout obstacle pouvant pénaliser le cheminement des enfants, des parents et des utilisateurs dans leur pratique quotidienne a été travaillé subtilement afin d’effacer les inconvénients et contraintes du site.
L’entrée est placée à l’angle sud-ouest et joue son rôle d’articulation et de vigie. Cette proue en triple hauteur offre aux enfants un cadre sécurisé et leur permet de s’orienter vers les trois entités. Comme un parvis intérieur fermé, les parents, depuis ce foyer spatial d’où tout le bâtiment est compréhensible, accompagnent les enfants en maternelle et rejoignent le centre de l’équipement. Rapprochant ainsi les enfants de leurs classes et des restaurants, les Atsem (Agent Territorial spécialisé des écoles maternelles) et enseignants ne sont pas sollicités.
Les enfants de l’école primaire accèdent directement à la cour depuis l’entrée et sont en lien direct avec leurs classes sur le boulevard. Le centre de loisirs joue le rôle d’entre-deux et est accessible depuis la rue intérieure.
Cette rue intérieure est un morceau de ville qui pénètre le groupe scolaire avec ses escaliers, ses balcons et ses vues intérieures importantes traitées comme tel. Une sorte de vision baroque de la ville où les espaces intérieurs deviennent semblables à des fragments de façades.
Le soin apporté à la durabilité passe notamment par une enveloppe immuable, une performance énergétique confortable et un entretien minimisé et facile.
Le volet technique et environnemental est une réponse que les architectes ont voulue complète et totale. Le projet intègre les préconisations environnementales. La maîtrise de l’impact des bâtiments sur l’environnement, la volonté de créer un environnement sain et confortable pour les enfants et tous les usagers sont les moteurs de la recherche.
La technique intégrée au bâtiment
La conception du projet intègre une réflexion sur la corrélation spatiale et fonctionnelle des organes techniques du bâtiment.
L’enveloppe répond à la performance thermique et aux contraintes structurelles, en passant par le traitement de la lumière en fonction des expositions (stores motorisés intégrés, brise-soleil sur la peau extérieure). Les enfants évoluent donc dans «un écrin» protégé des désagréments, des changements climatiques et de toutes les nuisances, y compris sonores.
La générosité des surfaces de circulation permet de canaliser, d’organiser et de structurer les circuits de traitement d’air de plomberie et d’électricité de l’établissement. L’espace tampon que sont les vestiaires entre la circulation et les salles de classes est le lieu idéal pour concentrer cette technique et la rendre aisément accessible par un faux plafond avec trappes d’accès dans lequel nous aurons regroupé à des points stratégiques les organes de coupures et d’entretien.
L’acoustique est traitée de façon uniforme dans les salles banalisées et les salles spécialisées. Le choix de la fibre de bois de couleur collée au plafond permet une grande performance et une pérennité sans comparaison avec les dalles suspendues qui s’altèrent au fur et à mesure des manipulations. Dans les halls et les circulations de grandes surfaces sont laissées volontairement en béton brut afin de valoriser l’inertie et la robustesse du bâtiment.
Au-dessous, un vide sanitaire muni d’un cheminement technique serpente partout où il est nécessaire d’intervenir pour l’entretien. Celui- ci est directement accessible par les deux zones ponctuelles de sous-sols construits, sous l’élémentaire et sous la maternelle, qui peuvent être accessibles par ascenseur.
Au-dessus, toutes les toitures sont accessibles. Le public peut pratiquer trois zones de jardins pédagogiques. Le logement de fonction bénéficie de la grande terrasse sud-ouest privative. Le personnel et les agents d’entretien atteignent aisément les zones techniques.
Une enveloppe identitaire
La création d’une enveloppe qui se décline sur le même thème en fonction des orientations et des expositions est le moyen d’assurer une continuité en traitant la spécificité de chaque face. Le bardage métallique aluminium se pose sur du béton pour assurer l’inertie de l’enveloppe. Les lames se transforment en filtres devant les façades vitrées qui en ont besoin. Leur espacement est soigneusement étudié pour faire office de brise-soleil au-dessus des fenêtres plein sud et plein ouest. Le rythme est plus ou moins espacé selon la nécessité de filtrer la lumière et les vues.
La conception met en avant le souci de composer avec peu de matériaux. L’aluminium est mis en exergue par la sobriété du béton brut anthracite sur lequel il repose. Sa couleur bronze est l’élément référent de l’équipement.