A Paris (VIIIe), Philippe Chiambaretta (PCA-STREAM) a livré en octobre 2018 la réhabilitation et extension d’une ancienne caserne militaire en ensemble de bureaux, transformée en nouveau siège du premier cabinet d’avocats international français. Sur 18 879 m², pour un budget de 47,8 M€, le projet établit un dialogue architectural entre deux bâtiments, deux époques et deux usages. Communiqué.
La création du nouveau siège de Gide, premier cabinet d’avocats international français, est l’une des restructurations les plus importantes à Paris ces dernières années. Elle incarne, place Saint-Augustin, en plein quartier historique des affaires, la reconstruction «métabolique» de la capitale sur elle-même, mais aussi l’invention de nouveaux lieux d’intelligence collective pour les entreprises.
Sur rue, l’aile historique a retrouvé son élégance classique et la grandeur passée de l’ancienne caserne du XVIIIe siècle, et est désormais dédiée à l’accueil des clients du cabinet. Sur cour, un bâtiment de bureaux stupéfiant, entièrement reconstruit, avec d’immenses surfaces vitrées portées par des huisseries inspirées des verrières artisanales parisiennes. Entre les deux, tel un trait d’union entre patrimoine et modernité, un pavillon monumental accueille les échanges et les réceptions.
Horizontalité et transparence, catalyseurs d’intelligence collective
Basé sur 15 ans de recherches sur les modes de travail, le projet de PCA-STREAM a consisté notamment à recréer de l’horizontalité, pour rompre physiquement avec l’organisation verticale traditionnelle : vastes plateaux, circulations fluides, bureaux vitrés (gageure pour une profession qui repose sur la confidentialité), lieux de vie commune (café, bibliothèque, terrasses) organisés autour d’une véritable place de village…
Résultat, les 600 avocats et salariés de Gide à Paris se croisent, interagissent plus souvent, l’information circule davantage, les synergies se renforcent.
Reconnexion au ciel et à la nature
Entre le jardin, les terrasses plantées, le rooftop doté d’un potager destiné à l’autoconsommation, et les coursives filantes à chaque étage, le nouveau siège de Gide comporte près de 4500 m² d’espaces extérieurs, dont plus de la moitié est végétalisée.
Avec les outils et la connectivité modernes, ce sont autant d’espaces mixtes, d’inspiration, d’échanges et même de production. Ces espaces apportant en outre confort, biodiversité, isolation thermique et excellence environnementale.
Un passé militaire prestigieux en grande partie disparu
La caserne dite de la Pépinière est édifiée à la fin du XVIIIe siècle pour le régiment des Gardes Françaises, le corps d’élite chargé de la protection du roi Louis XIII. Organisée en U autour d’une grande cour facilitant la revue des troupes, elle s’ouvre sur la place Saint-Augustin. Déjà largement remaniée sous le Second Empire pour accueillir jusqu’à 1500 hommes, elle est en partie démolie et reconstruite en 1925, quand le Cercle National des Armées est construit à la place de son entrée monumentale.
Après-guerre, pour répondre aux besoins croissants de l’armée, les bâtiments en fond de cour sont détruits et remplacés par un bâtiment de bureaux et de casernements. Haut, très étroit dans une cour trop grande, il est résolument fonctionnaliste et présente peu d’intérêt architectural, contrairement au bâtiment sur rue qui reste, lui, d’esprit très parisien, classique voire militaire par sa rigueur et son austérité. En 2015, l’État se sépare de l’édifice. PCA-STREAM en conçoit le nouveau projet.
Approche architecturale
Reconstruire Paris sur lui-même
PCA-STREAM incarne une architecture de la transformation, une vision «métabolique» de la Ville, dont le patrimoine est en constante évolution. Son approche repose sur un diagnostic profond des bâtiments, l’identification de ce qui est historiquement pertinent (ici, l’alignement urbain, l’ordonnancement classique de la façade sur rue…) avant d’entamer une reprogrammation de l’ensemble pour l’adapter à de nouveaux usages, le rendant désirable par une écriture contemporaine.
Démarré en 2015, le projet emprunte à la chirurgie réparatrice sur un grand corps blessé : malgré l’amputation de son plus grand pavillon place Saint-Augustin, l’aile classique sur rue est restaurée avec soin pour faire revivre la grandeur passée de la caserne.
Dialogue intérieur – extérieur
De l’extérieur, le bâtiment conserve donc son élégance parisienne classique… mais passée cette séquence historique, la surprise est totale, comme souvent dans les cours de la capitale. On est frappé par l’ampleur des surfaces vitrées du nouveau bâtiment, qui forment un lumineux miroir contemporain face à l’aile XVIIIe. Les immenses huisseries qui les portent sont inspirées des verrières en fer à T typiques des cours artisanales de Paris. Porté à 12m de profondeur – dimension minimale pour un usage tertiaire contemporain – l’édifice a gagné en épaisseur.
Créer un centre névralgique
Au centre de la cour, le «NoPa», un pavillon entièrement neuf a été ajouté, dont la volumétrie rend hommage à son ancêtre disparu. Il connecte le bâtiment sur rue avec le bâtiment sur cour, via un spectaculaire hall en double hauteur, tout en recréant une harmonie spatiale. Deux cours mieux proportionnées sont ainsi dessinées, l’une minérale pour les services – pompiers, livraisons – l’autre végétale pour la vie des habitants, articulée autour d’un jardin d’exception.
Performance collective, créativité et bien-être
Pour Gide, fondé en 1920 et premier cabinet d’avocats international d’origine française, cette nouvelle adresse exprime l’ambition du cabinet d’offrir un lieu d’accueil de grande qualité à ses clients et des espaces de travail nouvelle génération favorisant la performance collective, la créativité et le bien-être de l’ensemble de ses équipes.
Enfin rassemblés en un seul lieu, réunis à chaque étage par grandes lignes de métiers, les collaborateurs se voient et se rencontrent davantage, générant des synergies essentielles à un grand cabinet d’avocats d’affaires pluridisciplinaire.
Trait d’union entre patrimoine et modernité
Entre l’ancienne caserne rénovée du XVIIIe siècle, destinée à l’accueil des clients, le bâtiment contemporain de verre et de métal représente le trait d’union entre tradition et contemporain, cher à la culture du cabinet.
«Cette double identité de Laborde, entre patrimoine et modernité convient parfaitement à une profession reposant sur les assises structurelles et historiques du droit, qui doit pourtant constamment évoluer avec la société qu’il encadre», conclut Philippe Chiambaretta, architecte fondateur de PCA-STREAM.