Serero Architectes Urbanistes a livré en mars 2019 la médiathèque intercommunale de Bayeux. L’ouvrage de 2 550m² (5,02M€ HT) se veut «bâtiment paysage» et vitrine urbaine. Un travail de broderie. Communiqué.
La nouvelle médiathèque Intercommunale de Bayeux (Calvados) s’inscrit dans le cadre historique riche de la ville, le long de la rocade qui contourne le centre de Bayeux au tissu urbain dense et sinueux. Le projet a pour terrain un espace ouvert qui articule le centre ancien avec les zones futures de l’extension de la ville, offrant des vues sur la cathédrale.
Pour répondre à cette situation singulière, l’architecte a proposé un bâtiment-paysage, un lieu où l’accès aux livres, aux supports multimédia et aux animations se fait au milieu d’un jardin. Le bâtiment offre une transparence sur les limites du site et devient une véritable vitrine urbaine.
Un bâtiment paysage tout en transparence
La conception de la médiathèque a démarré par une réflexion sur les usages. Les espaces dédiés au public sont, pour cette raison, entièrement au rez-de-chaussée pour une facilité d’accès et un fonctionnement optimal. La médiathèque est conçue sur un plateau libre sans limites encloisonnées entre les espaces.
C’est un espace fini, qui assemble un nombre infini d’organisations de sous-espaces. Chaque sous-espace est un carré de 5 mètres par 5 mètres qui organise les étagères de rangement, les tables de travail, fauteuils de lecture et bacs de rangement.
Le centre de la médiathèque est un patio végétalisé, de 10 mètres par 10 mètres, qui illumine les espaces intérieurs. Le projet affirme en effet un rapport libre entre intérieur et extérieur de sorte que le patio et les terrasses de lecture extérieures au sud s’ouvrent aux différents usages et usagers de la médiathèque.
Chaque espace possède sa propre lumière – lumière zénithale, lumière apportée par le patio central, lumière adoucie par une résille au nord – pour une très grande clarté et lisibilité des espaces intérieurs. L’effet produit est celui d’une grande transparence et d’une simplicité dans l’accès aux ouvrages. Le bâtiment offre une transition entre l’espace d’accueil et des zones plus silencieuses propices à la concentration et au travail individuel et conduit aux espaces plus privés, dédiés au personnel.
Positionnée dans l’angle nord-est, l’entrée du bâtiment s’ouvre sur un parvis éloigné du carrefour urbain. A l’intérieur de la médiathèque, seuls trois volumes sont opaques et habillés en pierre de Caen : La salle d’animation, la salle de travail et la banque d’accueil.
Références historiques et design minimaliste
L’histoire de la ville est indissociable de celle de la tapisserie de Bayeux, broderie du XIe siècle, aussi connue sous le nom de tapisserie de la reine Mathilde. Elle a inspiré la conception de la façade nord de la médiathèque.
Point après point, fil après fil, la broderie s’applique sur le tissu et forme les éléments sémiotiques de la tapisserie. La façade de la médiathèque sur le boulevard Ware est entièrement vitrée, et protégée d’une «peau filtrante» composée de tubes colorés dans les teintes naturelles de laine de la tapisserie de Bayeux : beige, marron, vert-bronze, bleu-noir et bleu-profonds, rehauts jaunes.
Cette «broderie architecturale» filtre les vues de la façade nord
Cette peau associée aux débords de toiture sur la façade sud est un dispositif permettant de filtrer les vues entre les espaces de lecture et de contrôler les ambiances visuelles et lumineuses à l’intérieur de la médiathèque :
– Elle participe au mode de réchauffement du bâtiment en hiver tout en le protégeant de la surchauffe en été.
– La peau s’ouvre par des baies vitrées en façades est, sud et ouest et intègre des stores à rouleaux.
– La toiture, comme une cinquième façade, intègre des dispositifs d’éclairage zénithal et une toiture végétalisée de type toundra Sopranature. Ces lanterneaux permettent l’apport de lumière ainsi que la ventilation naturelle du bâtiment à la mi-saison.
Un salon au milieu d’un jardin
Plus généralement, le projet met en scène un travail sur l’épaisseur des façades ainsi que sur les avancées et les porte-à-faux de la toiture de manière à créer une porosité, une série d’espaces de transition riches entre l’intérieur et l’extérieur du bâtiment.
Le parvis d’entrée en pierre, desservi par des paliers enherbés et une plateforme surélevée en milieu de chaussée est un dispositif similaire au cimetière militaire adjacent, il évoque la présence d’un lieu singulier où le minéral se mêle au végétal.