Le Musée de La Poste à Paris (XV) est revenu dans ses murs le 23 novembre 2019, rénové, valorisé, lumineux et accessible à tous dans des conditions optimales de visite. L’organisation nouvelle du musée, telle que l’a créée l’Atelier Jung Architectures, tourne autour du « totem », colonne vitrée qui traverse les espaces d’exposition permanente, organisés sur trois plateaux autour de cet axe. Communiqué.
«Une confrontation passionnante avec l’histoire de l’activité postale en France, peut-être l’histoire de toute une société… Une rencontre avec l’architecture des années 70, brutale (brutaliste) mais digne d’intérêt dans l’exploration des bétons, des opacités, dans la recherche d’une expressivité forte…», indique Frédéric Jung (Atelier Jung Architectures).
Le bâtiment, conçu par l’architecte André Chatelin, Grand Prix de Rome, est inauguré en 1973. Emblématique de l’architecture des années 1970, sa façade a été travaillée par le sculpteur Robert Juvin. À partir du béton moulé de petite dimension fabriqué avec du ciment blanc et des agrégats de sable de Loire et de quartz, les panneaux en relief réalisés par le sculpteur, sont l’évocation de la taille douce d’un timbre à grande échelle – les dentelures se fondant dans les cannelures de la façade. La façade patrimoniale du 34 boulevard de Vaugirard constitue une forme forte, porteuse de l’identité même du Musée de La Poste, et fait figure de première pièce de la collection du musée.
Musée d’entreprise, musée de France et musée de société, le Musée de La Poste est aussi un musée ouvert sur la ville, au coeur d’un quartier lui-même en pleine transformation.
Les caractéristiques du projet architectural et immobilier
Une restructuration majeure pour révéler les collections, qui lie, dès l’origine, l’architecture et la muséographie
À l’issue d’une consultation européenne lancée par Poste Immo, filiale immobilière du Groupe La Poste, l’Atelier Jung Architectures a été choisi pour concevoir le projet architectural et muséographique du Musée de La Poste.
Alors même que ces dernières décennies, les deux disciplines ont été souvent pensées distinctement, la volonté a été ici de lier, dès l’origine, l’architecture – confiée à Frédéric Jung, mandataire principal du groupement – et la muséographie – conçue par Claudine Dreyfus.
C’est une des grandes spécificités de ce projet qui a permis de penser l’objet dans un tout et inversement, mais aussi de le valoriser d’une manière attrayante et inventive. L’architecte a mené une restructuration importante à l’intérieur du bâtiment à partir de la volumétrie d’origine afin de créer un outil muséographique simple, généreux et rationnel.
Des plateaux unitaires ont été réalisés, desservis par des dessertes verticales latéralisées, comme les ascenseurs panoramiques qui révèlent les collections par un long travelling vertical. Au centre de chaque plateau, la plus grande surface possible a été libérée dans l’enveloppe existante, prête à s’adapter aux évolutions muséographiques.
En façade nord, le bâtiment a été ouvert vers l’extérieur, aménageant des distributions surplombant Paris en lumière naturelle tout en assurant la protection solaire indispensable à la protection des oeuvres et à la théâtralisation des collections. Ces ouvertures ont été créées en s’insérant naturellement dans la structure de béton d’origine mise à nue.
La façade sud a été modifiée de manière mineure. Seule la partie basse, très altérée, a été remaniée pour y insérer l’ouverture vitrée sur la galerie et les expositions temporaires et révéler depuis le trottoir toute la profondeur du nouveau socle public.
Le Musée de La Poste version 2019 s’ancre dans l’histoire, en tirant sa force contemporaine du «déjà-là» : de l’expression du béton architectonique, du parcours muséographique réinterprété ou de la révélation dans les salles d’exposition du revers des sculptures de Robert Juvin qui ornent la façade sur le boulevard.
Les grands principes :
– libérer au centre de chaque plateau une surface la plus grande possible dans l’enveloppe existante ;
– ouvrir le bâtiment vers l’extérieur ;
– assumer un bâtiment fermé au sud avec le maintien du masque de la façade d’origine et ouvert au nord sur la Tour Eiffel avec une façade repensée ;
– Décloisonner le bâtiment en interne pour faire circuler les hommes, les œuvres et réaffirmer des flux, des circulations verticales pour des usages différents.
Les autres axes forts du projet
L’exposition permanente des collections se développe sur trois plateaux libérés de cloisonnements et de gaines, conçus comme des plateaux techniques reprenant l’organisation des parcours pensés par l’architecte d’origine. La circulation entre ces trois plateaux s’organise comme une boucle de haut en bas autour d’un espace référent majeur : la vitrine-totem. Les étages sont reliés par un escalier libre longeant la façade extérieure et la paroi du lien que constitue cette verticale vitrée.
Les personnes à mobilité réduite empruntent strictement le même parcours car les ascenseurs vitrés font partie de cette strate de circulation et de projection sur l’extérieur. Elles rejoignent les autres visiteurs à l’entrée des salles grâce à une passerelle longeant l’escalier.
Le totem, colonne de verre et de lumière
Coeur du Musée de la Poste, une colonne de verre haute de 20 mètres et large de 7 mètres, le totem, ouvre le bâtiment à la lumière et à la ville. À l’intérieur de cette vitrine, flottent de curieux objets assemblés en figure totémique : une poussette de facteur, un fourgon hippomobile des Postes et Télégraphes, une nacelle de ballon-poste, un vélo et une pirogue postale de Guyane. Chacune de ces créations artistiques en suspension évoque un moyen de transport de la Poste, sur terre, dans l’air et sur l’eau.
Véritable leitmotiv architectural et muséographique, la vitrine-totem traverse le bâtiment, du rez-de chaussée jusqu’au 4ème étage mettant en relation les différents services du bâtiment depuis la galerie publique d’accueil jusqu’aux expositions permanentes. Les visiteurs et utilisateurs sont en contact visuel avec les collections permanentes en tout point du musée.
Cette vitrine-totem crée un lien physique et symbolique. Pour l’architecte Frédéric Jung, il s’agit ainsi de « réorganiser le bâtiment autour de cette vitrine porteuse d’un message fort, communiquant l’idée de lien, de transmission, de mémoire collective, autour d’objets emblématiques des collections du Musée de La Poste ».
Ouvrir les façades en révélant le patrimoine
La façade sud sur le boulevard de Vaugirard a été totalement repensée en partie basse pour y insérer l’ouverture vitrée de la galerie du musée qui révèle toute la profondeur des nouveaux espaces intérieurs depuis le trottoir. La nouvelle vitrine en applique sur deux niveaux, permet à la fois aux expositions temporaires et à la boutique de s’ouvrir sur l’espace public. Cette baie rejoint la géométrie des sculptures de Robert Juvin. Des enseignes jouent de façon légère et colorée avec la massivité des sculptures de la façade et permettent au Musée de La Poste de communiquer sur les expositions temporaires et les évènements.
L’ossature de béton de la façade nord, côté coeur d’îlot, est révélée pour mettre à jour l’organisation du bâtiment à partir de la structure de béton armé d’origine vidée de ses remplissages maçonnés. Ce dessin structurel confère à la façade une expressivité particulière, contemporaine, vivante et forte, d’une matérialité identique à la façade sud du boulevard de Vaugirard.
Les espaces intérieurs
Sur 5 000 m² environ, le musée de la Poste accueille des espaces pour les expositions temporaires et permanentes, des surfaces dédiées à l’administration, à la recherche et à la conservation des oeuvres. Il comprend aussi un auditorium, des lieux privatisables, des espaces de réunion, la boutique. Le bâtiment se structure de la façon suivante :
– le rez-de-chaussée est dédié à l’accueil des visiteurs, aux expositions temporaires et aux ateliers pédagogiques ;
– la boutique installée au 1er étage dans une mezzanine surplombant le hall d’entrée ;
– les trois plateaux d’exposition ;
– les bureaux administratifs aux 5ème et 6ème étages ;
– l’auditorium et l’espace de réception au 7ème étage.