Depuis plus de dix ans maintenant que l’architecture s’est imposée dans sa carrière, Denis Lacharme, photographe pour l’agence SIPA Press depuis 2005, n’en finit pas d’explorer le Bordelais et le Sud-Ouest en journaliste averti. Ainsi raconte-il l’histoire de chacun des lieux auxquels il s’attache, souvent des ouvrages habituellement peu ou pas remarqués. Chronique-Photos.
On pourrait presque croire à une simple cabane (ici vue arrière du bâtiment) alors qu’il s’agit en réalité d’une confortable maison secondaire d’environ 100 m² en bord de plage et ouverte sur l’horizon. Une vaste terrasse en toiture offre une vue à 360°, idéal pour réunir un groupe de musiciens et son fan-club !
J’ai réalisé cette image en toute fin de journée alors que nous avions terminé le reportage en présence des architectes, Christian Larroque et Jean Vives, et quelques surfeurs du coin et leurs amis convoqués pour l’occasion. Alors que j’étais déjà sur la route du retour, j’ai décidé de rebrousser chemin pour réaliser ce dernier cliché en toute fin de journée. Il résume l’esprit du projet voulu par les architectes et laisse une impression de calme, comme un retour aux sources.
Ce cœur d’îlot d’un ensemble de logements est situé dans le nouveau quartier des bassins à flot à Bordeaux. Sa végétation semble presque à l’état sauvage, comme si on avait construit autour avec la volonté de la préserver. Ce petit bonhomme a trouvé son terrain de jeu et utilise ce cylindre en carton pour creuser, peut-être y a-t-il des trésors à découvrir ? Il est permis de penser que les services archéologiques sont déjà passés par là… Mais rien n’empêche de rêver et ce gamin a bien raison de cultiver ainsi son imaginaire.
Ce hangar situé sur le site d’Aérocampus près de Bordeaux imaginé par l’architecte Hubert Saladin, spécialisé dans les bâtiments « techniques » abrite un Rafale (version Marine), un Mirage 2000 et un jet Mystère 20. Deux avions de combat et un avion d’affaires ici non pas pour combattre ou faire des affaires mais pour aider à la formation de futurs techniciens de l’aéronautique. Des bureaux et plusieurs salles de réunion / formation occupent l’autre partie du bâtiment.
La reconstruction / restructuration de cet établissement historique d’utilité publique, qui s’étend sur un parc de près de deux hectares en plein centre de Bordeaux et dont la création remonte à 1827, a été réalisée dans les règles de l’art par l’agence TLR architecture. En témoigne ce bardage dont la couleur et la texture font écho au nom du quartier qui s’étendait à l’époque sur une ancienne nécropole gallo-romaine, Terra Negra. Le projet architectural et le projet paysager se mêlent en un même dessin. Ce chat qui s’invite dans le cadre, et dont l’agilité est bien supérieure à celle des résidents âgés et dépendants de l’établissement, souligne l’idée que nous ne sommes que de passage sur cette terre.
Les nouvelles installations de Château Beychevelle confiées à BPM architecture (chai, cuvier et accueil oenotouristique) ont été livrées en 2016. Ici, chacun peut mesurer au premier coup d’œil l’investissement réalisé : un outil technique contemporain au service d’une vinification moderne et performante. Le cuvier est composé d’un plan carré qui a permis une architecture épurée, avec notamment de larges surfaces vitrées : une transparence qui traduit la volonté de ne pas dissimuler le travail du vin. Un produit précieux qui semble ici être confiné dans une chambre forte. Une habile scénographie, dont fait notamment partie un lustre réalisé à partir de voiles en papier japonais washi et signé de l’artiste Celine Wright, permet la projection de reflets dorés du meilleur effet sur l’acier des cuves.
Agrandir un bâtiment rural existant en évitant la provocation du cadavre exquis moderniste et l’ennui du mimétisme vernaculaire trop convenu, tel était l’enjeu de ce projet complexe confié à l’agence Touton architectes. L’usage de la série de piliers de pierre massive portant les nouveaux toits permet de résoudre le problème de la juxtaposition de parois d’époques différentes, tout en installant dans le paysage un bâtiment dont la présence douce évoque les anciennes granges. J’ai attendu l’heure bleue et laissé l’éclairage « de scène » allumé pour réaliser cette photo faisant apparaître la partie supérieure du sublime cuvier high-tech.
Cette élégante maison aux dimensions relativement compactes (140 m²) imaginée par Hugues Touton et son équipe d’architectes (dont Charlotte Paranteau) a été construite en privilégiant à la fois la transparence avec de nombreuses ouvertures sur l’extérieur et l’opacité au niveau de l’entrée. L’utilisation de larges baies vitrées permet aux occupants de profiter pleinement du panorama forestier, tout en préservant leur intimité en cœur de parcelle. L’entrée est volontairement opaque et ne laisse apparaître qu’une façade sans fenêtre avec une discrète entrée de garage intégrée dans le bardage. Un accès direct à la forêt domaniale par un petit portail permet un deuxième niveau d’évasion et, en s’installant au niveau du balcon filant situé à l’étage, d’aucuns peuvent tout aussi bien s’imaginer sur le pont d’un élégant bateau de croisière, il est vrai que l’océan est juste à côté !
Une villa contemporaine près de Bordeaux dotée d’un large éventail d’équipements tout dernier cri, pour une surface habitable de 600 m². Une hauteur sous plafond digne d’un centre de congrès pour les pièces de réception, cela suppose que l’ensemble du mobilier soit à l’échelle des espaces hors normes, le sur-mesure s’impose donc ! L’industriel propriétaire de cette magnifique demeure a confié le projet à son ami architecte Patrice Loirat, tout en gardant la main sur la partie verre « technique », largement utilisé et omniprésent sur l’ensemble du bâtiment. Un exemple (parmi bien d’autres) d’équipements automatiques utilisés ici se situe au niveau du couloir de nage qui peut être recouvert (et donc masqué) en quelques secondes par la pelouse synthétique. Cette dernière coulisse et ainsi élargit la surface d’accueil de la terrasse qui n’a pas vraiment besoin de cette « rallonge »… Mais la sécurité n’a pas de prix, notamment pour les enfants qui peuvent jouer au foot après un bon bain… ou l’inverse !
L’ensemble immobilier Pégase livré en 2018 est situé dans un parc dédié aux bâtiments tertiaires et d’activités commerciales, à quelques encablures de l’aéroport de Bordeaux Mérignac, sur la commune du Haillan. Il abrite une partie des services de Bordeaux Métropole. Il s’agit d’un bâtiment technique en R+2, d’une superficie d’environ 6 700 m², où les agents évoluent dans des espaces à haute performance environnementale et adaptés aux nouveaux usages, l’objectif étant de faciliter le bien-être au travail. Pour cette image « d’insertion urbaine », j’ai utilisé une focale standard (50 mm), tout en prenant le recul nécessaire pour placer l’immeuble dans son contexte tertiaire, et positionné mon boîtier sur un mât télescopique de 7 m de haut.
Dans les deux hangars techniques spécialisés dans la peinture d’Airbus A 320 Neo à Toulouse se presse une main-d’œuvre d’experts pour peindre les aéronefs aux couleurs des compagnies clientes. Un travail ultra exigeant réalisé dans des conditions contrôlées par tout un éventail d’équipements high-tech car aucune marge d’erreur n’est tolérée, sécurité aérienne oblige. En fin de journée, après avoir réalisé l’essentiel de mon reportage à l’intérieur de ces ateliers, j’ai pu grâce au directeur technique du site embarquer dans une nacelle qui m’a permis de réaliser quelques vues en hauteur. Un instant émouvant : un avion tout droit sorti des lignes d’assemblage se présente pour un soin maquillage qui lui permettra d’entrer dans la vraie vie, il ressortira doté d’un identifiant et d’un visuel qui lui permettront de prendre enfin son envol.
Denis Lacharme
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