Afin d’avoir des données précises sur le niveau d’activité des agences d’architecture, sur la reprise des chantiers, sur les freins au redémarrage et sur l’évolution de la commande publique et privée, l’Unsfa a interrogé via un questionnaire web fin mai et début juin 2020 tous les architectes sur l’impact de la crise sanitaire. Communiqué.
« Ces deux sondages à trois semaines d’intervalle offrent une vision approfondie de la situation économique dans les agences d’architecture mais c’est surtout une véritable radiographie de la filière du bâtiment dans sa globalité. C’est en effet un éclairage prospectif sur le niveau de la commande dans le BTP sur les six mois qui viennent car de nos études actuelles dépendent les chantiers à venir », indique l’Unsfa.
Les deux sondages ont été envoyés aux 22 000 agences françaises et correspondent à un échantillon de 900 réponses, toutes tailles d’agences confondues. Analyse des résultats par l’Unsfa.
1er enseignement : les chantiers d’avant crise ont repris mais il n’y a presque pas de nouveaux démarrages.
Les chantiers ont repris et on note sur le 5ème histogramme une activité normale avec un niveau d’activité entre – 0% à -30 % sur les travaux, ce qui veut dire que nous sommes dans une phase ascendante et de bon augure sur la reprise et la poursuite des projets en cours, même s’il existe des freins comme le montre le graphique identifiant les freins la reprise des chantiers sur le mois de juin qui indique que, si la reprise est très bien engagée, la disponibilité des produits et l’organisation sanitaire restent des freins importants pour ceux qui n’auraient pas encore pu redémarrer et ralentissent dans tous les cas les chantier en cours.
Par contre, il n’y a pas de nouveau chantier ex nihilo à démarrer et le 3ème histogramme nous montre qu’il y a un recul de 75 à 100% sur les nouvelles opérations à construire.
2ème enseignement : un volume d’activités nouvelles dégradé et des niveaux de facturation en baisse
Les études en cours sont reparties avec un niveau d’activité malgré tout en baisse de l’ordre de 30% en moyenne ; le 4ème histogramme montre que pour plus de 50% des agences nous avons une « période normale » et, pour un tiers un niveau d’activité dégradé de l’ordre de 30%. Cette constatation inquiétante pour la filière à court terme l’est encore plus si l’on considère le 2ème histogramme qui indique que pour 80% des agences ayant répondu le nombre de démarrage de nouveaux projets en étude est en baisse de plus de 25 %, dont 30 % indiquent une baisse de plus de 75 %, ce qui augure d’un nombre d’autant plus faible de chantiers à démarrer à partir de l’automne prochain et jusqu’ à la fin de l’année si cet indicateur ne remonte pas rapidement.
Le volume de facturation est dégradé, comme le montre le 5ème histogramme. La baisse de la facturation est de l’ordre de 50% en moyenne (seules 12% des agences ont un niveau de facturation normal).
3ème enseignement : le télétravail se poursuit en juin et les perspectives de maintien d’activité sont en baisse tout comme les niveaux de rémunération
Le télétravail et l’activité partielle sont toujours la règle pour 30 % en moyenne des collaborateurs (cf. histogrammes 1 et 2 ci-dessous), légèrement en baisse par rapport au mois de mai où il était plutôt de 40%. La part des collaborateurs ayant réintégré les agences est de l’ordre de 85% (cf. histogramme 3) alors que nous étions plutôt sur 65% en mai. Les niveaux de rémunération sont attendus à la baisse sur les opérations ce qui n’augure pas de bons chiffres sur le maintien des emplois.
4ème enseignement : une baisse des effectifs attendus dans les agences
60% des agences vont conserver un effectif stable selon l’histogramme 1 ; 30% des agences vont baisser leurs effectifs sur les mois à venir cf. histogramme 2 ; l’histogramme 3 montre très clairement que seules 10% des agences souhaitent augmenter leurs effectifs en dessin, peu sur les postes chantier et administratif.
Conclusion
De la lecture de ces deux sondages réalisés au 15 mai et au 1 juin 2020, l’Unsfa tire les grandes lignes suivantes :
– les chantiers ont repris pour 75 % d’entre eux. Les freins existants sont plus liés à des difficultés de mise en place du respect des consignes sanitaires et des difficultés d’approvisionnement des entreprises ;
– le télétravail se poursuit dans les agences à hauteur de 30% ;
– le niveau d’activité est en baisse de l’ordre de 30% car les nouveaux projets, publics ou privés ne se présentent pas ;
– la masse salariale est plutôt en décroissance de l’ordre de 15 à 20% en moyenne.
Pour un plan de relance efficace
« Ce qui est important dans cette analyse pour la filière c’est que la relance doit se faire par la mise en œuvre de nouveaux projets publics et privés pour maintenir le niveau des études au sein des agences de maîtrise d’œuvre et, au-delà, maintenir le niveau d’activité des entreprises de travaux à une échéance de 6 mois pour le gros œuvre et 12 mois pour le second œuvre. A la lecture des analyses précédentes, une relance sur la base de 30 % du chiffre d’affaires des agences est nécessaire. Le montant des travaux gérés par les architectes est d’environ 62Md€, chiffres obtenus à partir de ceux communiqués par le MAF, mutuelle d’assurance couvrant environ 90 % des agences d’architectes. Pour que la relance soit effective et que la filière soit stabilisée, le montant des investissements à programmer immédiatement par la commande publique et privée représente donc près de 20 Md€ », conclut l’Unsfa.