Quai de Paludate à Bordeaux (Gironde), l’agence parisienne COSA (Benjamin Colboc et Arnaud Sachet) construit un programme mixte associant un immeuble tertiaire et commerces et un second bâtiment où sont superposés un équipement municipal (centre de propreté), un parking silo de 420 places et 56 logements. Superficies : 12 000 m². Livraison 2022. Communiqué.
Les métapoles contemporaines s’entendent comme des territoires autour desquels s’organisent la vie urbaine, domestique et économique. Elles résultent d’espaces urbains distendus, discontinus, hétérogènes, polynucléaires, intégrant la ville dense et le néorural. Elles réclament de nouvelles polarités, ces lieux hybrides, croisant les usages et les temporalités.
Échappant à la monofonctionnalité, ces lieux sont nécessaires à la logistique urbaine et doivent proposer d’autres aménités, d’autres usages.
Pour accompagner le redéploiement urbain du Marché d’Intérêt National (MIN) – zone exclusivement dédiée aux activités marchandes et logistiques – une petite parcelle, cellule primordiale du quartier, doit accueillir des bureaux, un centre de propreté urbaine, un parking silo et des logements – en accession et sociaux.
Il s’agit alors de profiter de cette congestion programmatique, la faire fructifier, pour créer un noyau urbain propice au développement du quartier.
Palimpseste programmatique cherchant à s’intégrer dans le quartier, le projet propose un cadavre exquis d’écritures architecturales.
L’immeuble tertiaire joue le rôle de bouclier urbain. Il est positionné au carrefour des voies, à l’articulation entre le quartier Belcier et le MIN. Installé perpendiculairement au fleuve, il laisse ouvertes les vues du quartier sur celui-ci. Le double registre des façades assure la transition d’échelle entre l’existant et les constructions à venir.
Un square de poche, à l’usage des bureaux, scande la rue de végétal. Au-delà, un centre de propreté municipal transcrit en béton, non sans malice, les façades du XVIIIe siècle du port de la Lune dessinées par l’architecte du Roi, Jacques Gabriel. Déplacées de façon saugrenue dans ce quartier périphérique, elles y subissent une découpe à la G. Matta-Clark qui abrite les accès et ouvertures nécessaires sur rue et trahit la supercherie.
S’y superposent un parking silo et des logements sur rue, unifiés par de frustres poteaux, oscillants entre ouvrage d’art et colonnade. Un jardin suspendu pousse sur le toit de cet ensemble logistique indispensable et accueille des logements collectifs. De larges balcons, scandés de celliers extérieurs en guise de séparatifs, permettent d’habiter l’horizon, entre la vieille ville et ses faubourgs contemporains, la Garonne et ses coteaux.
C’est dans ce joyeux et néanmoins sérieux collage urbain que se fonde le futur du quartier : entre usages et symboles, ordinaire et extraordinaire.