L’édition 2016 du Grand Prix de l’AFEX (Architectes français à l’export) récompensait des bâtiments livrés à l’étranger par des architectes français entre le 1er janvier 2014 et le 31 décembre 2015. A l’issue du 2ème tour du jury, qui s’est tenu jeudi 24 mars 2016, le Musée National Estonien à Tartu, Estonie, de l’agence DGT a été déclaré à l’unanimité lauréat de l’édition 2016. Découverte de ce projet et de ceux de (presque) tous les autres nominés.
Grand Prix AFEX 2016 : Musée national estonien, de l’agence DGT (Dorell. Ghotmeh.Tane / Architects)
Au cours du XIXe siècle, l’Estonie a connu une «période de renaissance» avec l’affirmation d’une conscience nationale et la mise en place d’une littérature de langue Estonienne, mais aussi du théâtre et de la musique à un niveau professionnel : en somme l’apparition d’une identité nationale.
Ayant regagné son indépendance le 20 Aout 1991 et rejoint l’Union Européenne en 2004, l’Estonie a alors mis en place rapidement un programme de réforme économique et sociale et lancé le projet de créer le nouveau Musée National de l’Estonie, dans la ville de Tartu, témoin de cette quête pour l’affirmation de la fierté du pays pour son identité nationale et son histoire culturelle unique. Le concours international pour la conception et la réalisation d’un bâtiment de 34 000 m², abritant une collection de 140 000 objets, est lancée en 2005.
La proposition de DGT pour ce musée défie les instructions du concours. Au lieu d’installer le bâtiment sur le site proposé, DGT a choisi de réattribuer au musée national les terrains attenants d’une ancienne base militaire soviétique, trace encore présente d’une histoire douloureuse. DGT est alors convaincu que le nouveau Musée a un rôle essentiel à jouer dans la renouveau de la région, et qu’il doit pour ce faire commencer par impliquer ce site à la configuration spatiale unique et si lourdement chargé par l’Histoire.
Avec son insertion sensible sur le site, le Musée National viens prolonger la piste d’aviation (sa toiture se décolle progressivement du sol pour prolonger la piste vers un «espace infini») invitant le visiteur à pénétrer dans le paysage et au cœur du musée. Le design du musée crée une maison ouverte pour les activités publiques – exposition, performance, enseignement – un espace de réunion et d’interaction, un espace de rassemblement qui célèbre la richesse de l’histoire nationale, fut-elle parfois douloureuse.
AREP, Gare de Casa-port, Casablanca, Maroc
La création de la nouvelle gare de Casa-Port (en remplacement de la gare existante), s’inscrit dans une réflexion globale de recomposition urbaine et entend accompagner la croissance du trafic voyageur tout en ouvrant des perspectives vers de futurs développements urbains.
Le pôle d’échanges regroupe le bâtiment voyageurs, le parc de stationnement souterrain sur deux niveaux et le bâtiment abritant les locaux d’exploitation ONCF. Ces derniers sont situés dans un bâtiment parallèle aux quais peuvent ainsi constituer l’amorce d’une future opération immobilière.
Le bâtiment voyageurs, abrité par une couverture percée de puits de lumière, est constitué d’une halle de 2 500 m² parallèle au quai transversal qui facilite la gestion des flux et abrite tous les services. La luminosité de ses façades transparentes est atténuée à l’ouest par des moucharabiehs.
Le travail sur la matière et la lumière s’oriente vers l’utilisation de matériaux contemporains tels les bétons clairs haute performance et menuiseries en acier.
DGT (Dorell. Ghotmeh.Tane / Architects) – Une maison pour Oiso, Oiso, Japon
«Une maison pour Oiso» est une maison unifamiliale bâtie au Japon. Le projet était de créer une maison « pour Oiso » au lieu d’une maison « à Oiso ». En comprenant et intégrant le contexte, la maison devient partie intégrante de son environnement à l’inverse des maisons modernes.
Jacques Ferrier Architecture – Campus de bureaux Yidian, Shanghai, Chine
En février 2011, l’agence Jacques Ferrier Architecture a remporté la compétition proposée par Guang Dian, un promoteur d’immobilier public, pour la création d’un complexe de bureaux et magasins le long du canal Shang Ao Dang, situé dans le quartier de Xuhui, au sud-ouest de Shanghai.
L’identité des bâtiments est définie par un jeu de plis et de coupes, lequel donne une variété de perspectives, vues, lumières et hauteurs. Cette variété fournit une flexibilité tout en créant une image puissante. Les bâtiments sont surtout exposés nord-sud, ce qui accroît la lumière et signifie que la plupart des bureaux offrent une vue sur le canal. La plupart de ces bureaux possèdent également une loggia avec vue sur le canal ou la cour.
Plus d’un tiers de la surface du site est dédié aux espaces verts, sans inclure les fondations des bâtiments accueillant les bureaux, qui sont considérés comme des jardins. Ce dessein paysager encourage la perméabilité et offre une réponse aux préoccupations environnementales.
Jean-Paul Viguier & Associés – Ecole de brousse, Besely, Madagascar
La particularité de ce chantier est qu’il a utilisé en priorité les ressources locales et durables, en premier lieu des briques de terre crue, car la terre argileuse était disponible sur place. La mise à disposition d’une presse à briques par Ecoles du Monde a permis aux habitants d’en fabriquer pour construire les bâtiments.
Environ 25 000 briques ont été nécessaires pour la construction de l’école. Les fondations sont en moellons de pierres hourdés à la chaux. L’objectif a été de concevoir le projet sans utiliser de matériaux en voie de raréfaction dans la région par la disparition des forêts (poutres en bois, feuilles de palmier) ou coûteux (tôle, etc.). Le risque de feu en saison sèche prohibe par ailleurs l’usage de matériaux de construction inflammables.
Par l’utilisation exclusive de briques de terre crue, les frais de construction ont été minimalisés. Si cette technique induit un investissement en main d’œuvre plus élevé, ce système a permis toutefois aux habitants de la région de devenir autosuffisants en matière de construction.
Christian de Portzamparc – Tour One 57, New York, USA
Sur un site au plan en angle, le programme comprend un hôtel Park Hyatt et, aux étages supérieurs, de magnifiques logements avec vues sur Central Park. L’intérieur fut alors confié à Thomas Juul-Hansen afin de mener toutes les études de front.
Les parcelles dessinaient une forme de “L“. Christian de Portzamparc tira parti de cette complexité pour donner à cet élancement des lignes de forces. Le résultat compose avec les impératifs structuraux pour une tour très élancée et avec la réglementation des alignements et droits aériens propres à ce site.
La tour se tourne vers Central Park comme lui rendant hommage. Et sur la façade sud, une trame verticale de bandes contrastées, composées de deux teintes de verre différentes ayant la même apparence de l’intérieur exprime l’énergie d’une cascade dans la verticalité de New York relie tous les corps de volumes par des surfaces de transition incurvées abritant des terrasses habitées.
Le dessin des faces est et ouest reprend le thème aléatoire des projets du Monde et de Nantes, dans leur pixellisation évoquant Gustav Klimt, un motif qui scintille au gré des expositions à la lumière.
Triptyque – RB12, Rio de Janeiro, Brésil
Situé au numéro 12 de l’avenue Rio Branco, principale artère économique du centre de Rio de Janeiro, le bâtiment éponyme a fait l’objet d’un processus de rénovation écologique appelé communément Retrofit Green, consistant à adapter et améliorer des bâtiments anciens afin que ceux-ci répondent aux exigences de construction durable contemporaines.
Dans la continuité du développement du projet Porto Maravilha initié par la ville et en cours d’implémentation, RB12 participe à la revitalisation urbaine du centre de Rio. Les solutions architecturales innovantes et la technologie intelligente mise en œuvre permettent non seulement de réduire la consommation d’énergie mais aussi de faire réaliser des économies notables aux futurs acquéreurs des 21 plateaux vendus.
Wilmotte & Associés – Ecole Internationale, Genève, Suisse
L’Ecole Internationale de Genève (l’Ecolint) est un acteur important de la Genève «internationale», faisant de cette ville un endroit attrayant en proposant un environnement éducatif de qualité. Le Centre des Arts, projet ambitieux, offre un espace d’étude et de rencontre au-delà des disciplines scolaires et intègre l’école à la vie culturelle et artistique de la ville et du canton de Genève. L’école fait partie intégrante du tissu socio-culturel de la Genève internationale. A ce titre, le Centre des Arts est un repère architectural majeur.
L’architecte a voulu que cette dernière opportunité de construire sur le site historique de La Grande Boissière soit le point d’orgue de pratiquement un siècle d’existence de l’Ecole Internationale de Genève. Implanté à la croisée du sport et de la culture, entre le « théâtre grec » des années 1950 et le gymnase, au coeur de la forêt, le Centre des Arts unifie l’ensemble du campus. Le Centre des Arts représente l’avenir de l’école et en exprime la plus belle des vitrines. Transparence, légèreté, convivialité et nature ont guidé la conception de cette architecture, métaphore de la créativité et de l’esprit d’innovation des futurs élèves.