La particularité de ce matériau photographique réside dans le fait qu’il présente des bâtiments en verre non pas comme des objets autonomes mais plutôt comme un moyen de visualiser leur environnement affecté par les conditions climatiques ou lumineuses. Chronique-photos d’Erieta Attali.
Dans cette série de photographies, je ne souhaite pas documenter objectivement les œuvres architecturales mais plutôt transmettre des qualités non prévues par la conception architecturale et dévoilées par l’aura des éléments qui composent le bâtiment.
Contrairement à la photographie d’architecture conventionnelle, qui vise à documenter de manière objective les objets architecturaux, notamment dans leurs qualités architecturales inhérentes, ces photographies naissent d’une fascination pour le paysage.
Grâce à l’augmentation de l’usage du verre, l’architecture pour moi signifie élargir mes vues sur le paysage. C’est-à-dire que l’architecture en soi, en tant que « lentille optique », offre des expériences surprenantes de son environnement immédiat. Ce sont précisément ces qualités inattendues, qu’offrent les bâtiments de verre une fois soumis aux effets des conditions atmosphériques, qui m’intéressent en tant que photographe.
Même si la transparence est prônée depuis le début de l’ère moderniste, les développements contemporains de la technologie du verre ont transformé non seulement les capacités structurelles et d’isolation du matériau mais aussi la façon dont il crée de la visibilité au sens propre.
Le verre architectural fonctionne comme un « miroir » à travers lequel l’environnement peut être perçu de diverses manières inattendues. Les bâtiments sélectionnés pour cette chronique démontrent que, avec l’utilisation intensive du verre, l’architecture devient un dispositif visuel, une machine optique qui apparaît alternativement comme un écran bidimensionnel ou un volume lumineux, avec toutes les nuances de la transparence et de l’opacité, et capable d’exprimer l’objectivité de l’ouvrage tout en fondant ensemble l’intégralité de ses éléments familiers en un mélange ambigu.
Les surfaces des bâtiments de verre acquièrent une étrange dimension de profondeur révélant non seulement les microcosmes de vie intérieurs qu’elles renferment mais aussi l’expansion macrocosmique des éléments locaux et universels qui les entourent. Ainsi le béton se confond avec le ciel, l’asphalte avec le sable, les tuiles avec les nuages, l’acier avec les arbres.
À d’autres moments, les bâtiments de verre ont la particularité de disparaître, d’être absorbés par l’obscurité de la nuit et de devenir des éléments du paysage environnant ; les montagnes de Nagano, le ciel de Paris ou la vie intérieure du Parlement finlandais conçu par Pekka Helin. Ainsi, malgré la grandeur de l’architecture, le paysage demeure l’élément le plus significatif dépassant de loin le geste architectural.
Erieta Attali
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