En 2023, à Montigny-Le-Bretonneux (Yvelines), pour Toit et Joie Groupe Poste Habitat, maître d’ouvrage, l’agence ARTEO Architectures (Didier Leneveu, Anne Forgia et Foucauld Combeléran) a livré la requalification urbaine, architecturale et énergétique de deux ensembles d’immeubles d’habitation. Surface : 6 400 m² Shab. Coût : 4,5 M€ HT. Communiqué.
Les architectes d’ARTEO, ont été lauréats en 2019, du concours des îlots 9 et 10, lancé par le bailleur social Toit et Joie propriétaire, concernant la réhabilitation thermique de leurs immeubles.
Les constructions, qui comptent 98 logements, s’inscrivent dans un ensemble urbain conçu par les architectes DLM en 1984, (Michel Ducharme, Jean- Pierre Minost et Christian Larras) présentant une unité architecturale forte, mais cachant un partage complexe des espaces. Différents statuts de propriété se superposent – centre commercial, parkings, bureaux, logements – qu’ils soient privés ou sociaux.
La commune et la communauté d’agglomération SQY, avec le bailleur, proposent que cette première opération devienne un levier pour entraîner les autres copropriétaires et bailleurs à réhabiliter leur patrimoine, pour faire face à la crise climatique et énergétique. La ville souhaite ainsi donner à ce quartier commerçant une image plus contemporaine.
Le quartier de la gare à Montigny-le-Bretonneux, situé dans la ville nouvelle de Saint-Quentin-en-Yvelines, est représentatif des recherches des années 1980 sur la forme urbaine appliquées aux villes nouvelles, illustrées par les travaux de Philippe Panerai.
On retrouve l’importance accordée au tissu urbain, à l’échelle intermédiaire entre architecture des bâtiments et grands tracés d’urbanisme, ainsi qu’une attention à créer des relations complexes entre sol et bâti, entre voiries et constructions, entre formes et pratiques.
L’organisation spatiale en îlot, avec une rue commerçante publique en contrebas et des jardins intérieurs semi-privés sur une dalle haute regroupant les accès aux logements, est garante de l’urbanité de quartier. L’écriture architecturale « post-moderne » mélange références historiques, éléments vernaculaires et ornements.
La réhabilitation de ces ensembles est symbolique d’une démarche durable et sociale, de réutilisation du patrimoine du XXe siècle. La théorie d’hier appartient à l’histoire d’aujourd’hui, ce qui pose la question de la modification de l’image, de la façon dont ces bâtiments furent construits et dont ils sont à « reconstruire » aujourd’hui pour répondre aux enjeux de sobriété énergétique et de réduction des impacts environnementaux.
L’architecture d’aujourd’hui est aussi le patrimoine de demain, amené à être modifié, réparé au fil du temps en composant avec les strates précédentes pour une deuxième ou une troisième vie. La rénovation du patrimoine social est souvent considérée comme relevant de la technique et d’une simple mise aux normes ou en conformité : l’enjeu est ici de démontrer qu’il s’agit d’un acte d’architecture à part entière.
Pour les architectes, la nécessaire résorption des désordres et l’amélioration énergétique des constructions ne doivent pas trahir les intentions de la conception architecturale et urbaine initiale, mais bien permettre d’améliorer le confort et la qualité d’usage pour les habitants et de requalifier ces séquences urbaines. De fait cette réhabilitation thermique a vocation à s’inscrire dans l’action plus globale de requalification du centre urbain de Saint Quentin-Chêne-Saule-Parc portée par la Communauté d’agglomération.
Côté rue
La proposition unifie et simplifie l’expression architecturale issue du vocabulaire post-moderne des années ‘80 : tout en conservant l’esprit de la rue, elle donne aux bâtiments une image contemporaine plus épurée et moins anecdotique. La continuité entre les différents lots est conservée et affirmée, par l’utilisation de la brique en revêtement de façade. Elle est mise en œuvre sous forme d’isolation thermique par l’extérieur (ITE) composée de briquettes collées sur une isolation rigide fixée mécaniquement sur l’existant. Les volumétries sont conservées.
Une trame de façade, s’appuyant sur le rythme des poteaux de rez-de-chaussée et des planchers et matérialisée par un léger relief permet d’inscrire dans une unité les éléments de fenêtres aujourd’hui disparates ainsi que les protections solaires proposées. Les rez-de-chaussée appartiennent au centre commercial et font l’objet d’une rénovation indépendante. L’expression architecturale est sobre, dépouillée d’ornements à l’instar d’opérations de reconstruction comme le Havre d’Auguste Perret.
Côté Jardin
Le caractère d’unité de l’ensemble est renforcé. Le projet s’inspire d’une forme urbaine de référence : le béguinage, ensemble unitaire organisé autour d’un jardin. Les relations entre espace privé et espace résidentiel créent la qualité d’usage et évoquent d’autres typologies comme celle de la cité jardin.
Le parti d’aménagement simplifie l’expression des façades et requalifie les espaces extérieurs : jardin, sol, clôture, escalier, terrasse d’accès, renforcement de la végétalisation. Les paliers extérieurs sont agrandis, des balcons sont créés, afin d’offrir des surfaces extérieures conviviales appropriables par les locataires pour chaque appartement.
Le jardin, îlot de fraîcheur, participe au confort d’été, à l’amélioration thermique, à la récupération des eaux, à la prise en compte des enjeux environnementaux.