Mémoire d’escalier, par Daniel H. Tajan ; Paul Chemetov – Comment devient‑on architecte ? SAMBA DIA, l’école du Centre de la Terre, par Marc Held. La sélection d’octobre pour mémoire.
Mémoire d’escalier, par Daniel H. Tajan
« Mémoire d’escalier », ce sont vingt dessins-perspectives montés à l’échelle à partir des plans, vingt climats d’architecture (de Horta à Scharoun en passant par Frank Lloyd Wright) exécutés aux crayons de couleur, dont le point cardinal est l’escalier, la marche, les jeux de niveaux…
20 dessins, 15 architectes, 125 marches
Cet ouvrage est avant tout un traité d’emmarchement. « Séparer deux surfaces par trois marches dans un même volume, c’est nier le cloisonnement en gardant distinctes les fonctions, donc multiplier les relations et les possibles ». Un manifeste pour la « rencontre, impure et donc féconde, du plan avec l’élévation » Un bréviaire d’architecture.
La découverte du vestibule de la bibliothèque Laurentienne de Michel-Ange fut la « source inconsciente des Seagram Murals », peut-être parce que, nous dit Tajan, « chez Rothko comme dans le vestibule, les choses se déplient-elles pour se résoudre, se ferment et s’ouvrent en même temps dans un mouvement seulement spirituel ».
Une promenade subjective invite nos yeux à apprécier la convivialité de chacun de ces espaces mais aussi à éveiller un appétit de connaissance objective. Une technique rudimentaire, quelques crayons de couleur, révèle des points de vue sensibles autant que calculés, pas nécessairement accessibles à la photo ou au dessin informatique. Une courte légende bien tournée, anecdote amusante ou commentaire érudit, prolonge la mise en perspective de chacun des dessins. L’auteur nous embarque dans son mémoire d’architecte.
Le livre est agrémenté d’interventions de Paul Chemetov, Mathias Enard (romancier, Prix Goncourt 2015), et Caroline Mazel (professeure d’architecture à l’école de Bordeaux).
À propos de l’auteur : Architecte depuis 1972, Daniel H. Tajan a longuement travaillé aux côtés d’Yves Lion, mais aussi de Rémy Butler et d’autres agences dont l’AUA. Titulaire d’un DEA d’architecture urbaine sous la direction de Jean-Louis Cohen, il s’intéresse à la banlieue parisienne de l’entre-deux-guerres et de l’après-guerre. Il a enseigné le projet d’architecture à l’École de Bordeaux de 1995 à 2012 et de Paris-Malaquais.
Dessins : Daniel H. Tajan
Textes : Paul Chemetov, Mathias Énard, Caroline Mazel, Barbara Tajan, Daniel H. Tajan
Design graphique : Sarah Martinon
Diffusion/distribution en librairie par les presses du réel
Livre aussi disponible en commande sur le site des Editions Naima
Éditeur : Editions Naima ; Mémoire d’escalier par Daniel H. Tajan ; 80 pages ; Format : 21 x 28 cm ; Prix : 20 €
Paul Chemetov – Comment devient‑on architecte ?
Homme de conviction, Paul Chemetov a compté parmi les architectes et urbanistes qui, dès les années cinquante et soixante, ont donné un coup de pied dans la fourmilière, faisant valser les certitudes de l’académisme des Beaux‑Arts. Membre actif de la coopérative de l’AUA de 1960 à 1985, dont la radicalité a ouvert une brèche dans l’architecture conventionnelle de l’après‑guerre, il a toujours plaidé pour une pratique collective, politique, sociale et réflexive.
Concepteur prolifique de logements sociaux et de bâtiments publics, enseignant dans plusieurs écoles d’architecture, il a ainsi souvent écrit et fait entendre sa voix sur les questions les plus contemporaines. Servi par une écriture au style personnel et non privée d’humour, son regard analytique se porte ici sur sa propre vie. Sur la formation qu’il a suivie, ses prises de position, ses rencontres fondatrices et les grandes étapes de sa carrière.
Le récit de ce long itinéraire architectural, jonché de bonheurs et d’obstacles, est l’autoportrait d’une personnalité engagée, dans lequel se reflète un demi‑siècle d’une intense vie sociale et politique. Celui au cours duquel il est devenu cet architecte-là.
Né à Paris en 1928, Paul Chemetov termine ses études d’architecture à l’École nationale supérieure des beaux-arts en 1959 (ateliers Lurçat, Vivien, Lagneau, Gillet) où il obtient son diplôme puis rejoint en 1961 l’AUA, l’Atelier d’urbanisme et d’architecture créé l’année précédente par Jacques Allégret (1961-1985). Il reçoit en 1980 le Grand Prix national d’architecture.
Membre du comité directeur du Plan Construction puis vice-président (1982-1987), il a co-présidé le comité scientifique du Grand Paris (2009). Il a été responsable du secteur développement de la Stratégie nationale pour l’Architecture (SNA). Il est membre de la Commission du Vieux Paris et a présidé Betocib de 2014 à 2017. Durant les « années Mitterrand », il est le seul architecte, en association avec Borja Huidobro, à avoir remporté et réalisé deux des Grands Travaux lancés par le Président : le ministère de l’Économie et des Finances à Bercy et la rénovation de la Grande Galerie du Muséum national d’histoire naturelle.
Parmi ses autres réalisations, on peut citer les équipements publics souterrains du quartier des Halles et l’Ambassade de France à New Delhi. Lauréat du concours international de la prolongation de l’axe historique de Paris-La Défense, il a conduit le projet de la Méridienne verte en l’an 2000. Il crée en 2007 l’AUA PAUL CHEMETOV, agence d’architecture et d’urbanisme installée à Paris qui réalise entre autres la médiathèque de Labège, le Vendespace et de nombreux logements. D’octobre 2015 à février 2016, la Cité de l’architecture et du patrimoine a consacré une exposition à son atelier : AUA, Une architecture de l’engagement 1960-1985.
Paul Chemetov est décédé le 16 juin 2024.
Éditeur : Editions Parenthèses, Collection Architecture ; Paul Chemetov – Comment devient‑on architecte ? Avant-propos de Frédéric Lenne. Préface de Jean-Louis Cohen ; 128 pages ; Dessins ; Format : 165 x 245 mm ; Prix : 22 €
SAMBA DIA, l’école du Centre de la Terre, par Marc Held
L’école maternelle dans le village de Samba Dia sur les rives du delta du Sine Saloum au Sénégal est, comme dans un conte, le résultat de la conjonction de bonnes étoiles. Rêvée par l’architecte Marc Held qui entretient des liens étroits avec cette région du Sénégal, elle est devenue bien réelle et accueille pour la première fois des petits élèves âgés de 2 à 6 ans, à la rentrée d’octobre. Les enfants sont répartis dans trois classes, une par bâtiment disposant chacune d’un préau, les professeurs ont un bâtiment à eux et un espace d’accueil relie le tout.
Le projet, entièrement financé par des mécènes, a dès l’origine été adopté par les édiles locaux – responsables de la communauté, chefs de village, institutrices, instituteurs – et par la population. L’école, est telle que voulue par Marc Held, soutenu par son confrère et ami libanais Fadlo Dagher, entouré d’une équipe internationale de jeunes architectes enthousiastes, rassemblés sous le nom Les amis du centre de la Terre. Elle est construite avec des matériaux bio-sourcés, ventilée naturellement et réalisée exclusivement grâce aux ressources humaines locales et aux matériaux du cru. Clin d’oeil à Hassan Fathy que Marc Held a bien connu.
D’une grande beauté, le résultat de ce travail collectif a suscité joie, ferveur, liens renouvelés entre les membres de la communauté et les ethnies. Les 500 m² de surfaces construites – quatre bâtiments à partir d’un plan carré – ont un coût de 200 000 euros, soit 400 euros/m².
Les étapes du chantier, commencé en 2023 et qui s’est achevé à l’été 2024 ont tout au long été documentées par les photos de Marc Held, témoignage de l’aventure humaine et architecturale hors norme de cette école maternelle.
Texte et photographies de Marc Held
Préface de Michèle Champenois
Éditeur : Éditions Norma ; SAMBA DIA, l’école du Centre de la Terre, par Marc Held ; 80 pages ; Format : 20.5 x 25 cm ; Prix : 19 €