Pour la 57ème exposition internationale d’art de la Biennale de Venise, le projet de l’artiste Xavier Veilhan pour le pavillon français, intitulé Studio Venezia, est un environnement immersif et un dispositif musical ouvert aux musiciens professionnels du monde entier. A vérifier du 13 mai au 26 novembre 2017. Communiqué.
Dans la lignée d’oeuvres antérieures telles La Forêt (1998) et La Grotte (1999), l’artiste propose un espace d’expérimentation pour les visiteurs dont les principaux paramètres activables dépassent le seul domaine du visuel.
«J’imagine un environnement total : une installation immersive renvoyant à l’univers du studio d’enregistrement et inspirée par l’oeuvre pionnière de Kurt Schwitters, le Merzbau (1923-1937). Des musiciens de tous horizons sont conviés à activer cette sculpturestudio d’enregistrement qui devient alors le support de leurs créations pendant les sept mois de la Biennale. Le pavillon opère une fusion entre arts visuels et musique, ravivant des références allant du Bauhaus aux expériences du Black Mountain College en passant par Station to Station de Doug Aitken», indique Xavier Veilhan.
Dans cette installation immersive qui efface la lisibilité architecturale du Pavillon français (dessiné en 1912 par l’ingénieur vénitien Faust Finzi), sols, murs et plafonds s’entrechoquent et forment un paysage de bois et de tissus abritant un studio d’enregistrement opérationnel. Inspiré par des processus de construction additifs et intuitifs, l’environnement évoque aussi bien le Merzbau (1923-1937) de Kurt Schwitters que les éléments phoniques utilisés lors d’enregistrements.
De multiples instruments, intégrés au sein de la construction, permettront à des musiciens d’horizons et registres divers (du classique à l’électronique, en passant par la nouvelle musique de composition et le folklore) de travailler sur place, individuellement ou en collaboration. La présence d’ingénieurs du son et un riche programme d’invitations leur assureront la possibilité d’expérimenter la matière sonore, tout en les incitant à des croisements inattendus.
Les visiteurs ne seront pas conviés à assister à des concerts, mais à écouter, regarder et devenir les témoins d’un matériel sonore en formation. L’hapax remplace le spectacle et la découverte, par le biais de la déambulation de chacun(e), se substitue à la consommation, quelque contemplative qu’elle soit.
Ce dispositif, parient les responsables du pavillon, est le seul à même aujourd’hui de permettre un mode d’interaction qui échappe à une industrie culturelle qui s’est appropriée le «off» autant que le «unplugged». Les hiérarchies habituelles entre musiciens reconnus, expérimentaux et amateurs seront pareillement rebattues par une programmation réactive et non communiquée. Enfin, les moyens digitaux seront mis en oeuvre pour prolonger et complexifier l’expérience des visiteurs. Une application diffusera en direct le flux sonore du pavillon.
A la faveur d’invitations de plusieurs partenaires en lien avec l’Institut français, Studio Venezia en 2017 deviendra Studio Buenos Aires puis Studio Lisboa. En effet, le projet sera présenté en juin 2018 au CCK de Buenos Aires puis à l’automne au MAAT, le tout nouveau musée d’art, d’architecture et de technologie de Lisbonne.
Ce n’est pas un hasard si le mot «studio» en anglais et en italien désigne à la fois le studio d’enregistrement, et le studio de l’artiste. Le travail d’équipe est central à l’atelier de Xavier Veilhan, qui a toujours revendiqué cet aspect collaboratif. Studio Venezia s’inscrit dans cette continuité avec des échanges quotidiens entre musiciens, ingénieurs du son, programmateurs et producteurs, entre autres.
Parmi ses œuvres précédentes, La Grotte rappelle les origines de l’artiste à l’Ecole des Arts Décoratifs de Paris, son expérience dans la conception de décors, et son intérêt pour l’architecture. Construite et détruite à chaque présentation, l’oeuvre a été conçue dans l’idée de s’affranchir de l’espace d’exposition.
La Forêt, quant à elle, dissimule sur une surface de 200 m² la configuration initiale des lieux par de larges pans de feutre recouvrant sol et murs et simulant des troncs d’arbres. Il n’y a aucune ouverture sur l’extérieur et les bruits sont amortis. Le visiteur devient acteur des lieux offrant de possibilités d’appréhension et de perceptions visuelles, olfactives, auditives et tactiles de l’espace.