À Corbeil-Essonnes (Essonne), pour la Direction Départementale des Finances Publiques maître d’ouvrage, l’agence Lemoal Lemoal (Christophe et Jesse Lemoal) a livré en 2024 la rénovation et réaménagement d’un centre des finances publiques. Surface : 3 481 m² SDP. Coût : 6 M€ HT. Communiqué.
Un projet aux objectifs ambitieux
Construit en 1971, ce bâtiment accueil un centre des finances publiques constitués de différents services, d’archives et d’un accueil au public. De type « Pailleron », par ses similitudes de procédé de construction modulaire, la structure est composée de poteaux / poutres métalliques habillés de panneaux de façades vitrées et d’un assemblage extérieur en acier recevant des brise-soleil fixes horizontaux.
Localisé au cœur d’un tissu urbain peu dense de la ville de Corbeil-Essonnes, le bâtiment est implanté centralement dans la parcelle. La géométrie simple en forme de parallélépipède rectangle est déterminée par le procédé constructif. Les façades régulières sont marquées par une trame horizontale signifiant les trois niveaux du bâtiment et une trame verticale dessinée par les modules de blocs fenêtres, tous identiques.
Le bâtiment est constitué d’un sous-sol comprenant les locaux techniques et un parking, d’un rez-de-chaussée comprenant l’accueil pour le public dans la zone du hall, les locaux annexes (réfectoire, logement du gardien), des bureaux et archives, et enfin d’un étage comprenant également des bureaux et archives.
Les enjeux du projet prévoient l’intégration des objectifs liés au décret tertiaire, c’est-à-dire une réduction de 60 % des consommations d’énergie et des émissions de CO², par une amélioration des conditions de confort sanitaire, thermique et acoustique. À ces enjeux environnementaux, s’ajoute celui du social dans le but d’un impact positif. Une concertation notable a été engagée entre les acteurs du projet et les usagers. Un accompagnement primordial avec les agents de la fonction publique et une pédagogie poussée sont mis en place pour leur partager toute la réflexion nécessaire aux nouveaux modes d’occupation du bâtiment.
Comment imaginer les bureaux de demain dans un patrimoine architectural défini ? Cette réflexion offre la possibilité de requestionner la valeur et la qualité du patrimoine de l’État, dans une recherche de réhabilitation et d’abonnissement des bâtiments souvent rendus imperceptibles par le temps. Un travail de recherches poussé sur le bâti existant est donc primordial pour permettre de poser les bases d’un projet vertueux. L’accent sera mis sur la qualité des usages et les modalités d’appropriation.
Les enjeux portés par le projet impliquent des interventions de natures diverses et à différentes échelles. La vétusté du bâtiment, construit selon des principes plus conformes de nos jours, se concentre principalement sur la présence d’amiante dans certains ouvrages secondaires mais également des ouvrages techniques ou encore des éléments composants la façade. Le fait que le projet se déroule en site occupé, a obligé à phaser en deux temps : la première phase se concentre sur le désamiantage de l’ensemble du bâti et la reconstruction du plateau R+1, puis la seconde phase sur la reconstruction des niveaux sous-sol et rez-de-chaussée.
Principe des interventions
La structure primaire a été totalement mise à nu, laissant apparaître un système de poteaux / poutres, leurs assemblages et les dalles de plancher collaborant. Les façades, non porteuses donc, ont été entièrement désamiantées et déposées. Cette mise à nue a permis de conforter le travail de recherche sur la structure existante et de valider les principes de mise en valeur désirés. Tous les équipements et matériaux soigneusement déposés, ont pu être stockés et triés au sous-sol. À titre d’exemple, les dalles de faux plafond sont réutilisées et installées dans les îlots de dalles acoustiques afin d’en renforcer leurs performances. Les brise-soleil sont réemployés avec une dépose, un sablage et une repose. La réparation de l’existant a ensuite été pensée de façon fonctionnelle et sobre. Les équipements techniques sont laissés apparents, permettant une facilité de maintenance et une économie de matériaux en refusant l’utilisation systématique de dalles de faux plafond démontables. La question de faire avec le déjà là trouve ainsi toute sa légitimité en révélant plutôt qu’en dissimulant.
La trame des nouvelles façades définit les aménagements intérieurs. La volumétrie généreuse des plateaux ainsi que leurs plans libres, a permis d’installer en leurs centres l’ensemble des espaces techniques, de services et d’archives. La circulation, faisant office de tampon entre espaces centraux et bureaux est éclairée en second jour grâce à un jeu de transparence offert par les cloisons vitrées et une implantation du bâtiment en cœur de parcelle.
À l’extérieur les abords et accès sont retravaillés pour permettre un accueil plus chaleureux. L’entrée piétonne a été reconfigurée pour permettre à toute personne d’entrer dans le bâtiment avec la même aisance et facilité d’accès. Cette volonté s’est prolongée par la modification de la séquence d’entrée. La casquette existante a été déposée entièrement afin de composer un auvent généreux, abritant dans sa totalité, le seuil et les escaliers valorisés par la création d’une zone plantée. Ainsi agents, usagers et gardien retrouvent un bâtiment rénové qui conserve ses marqueurs. L’expression architecturale qui détermine l’identité du bâtiment a pu être respectée et valorisée. L’économie de moyens est mise au service d’une rénovation durable et pérenne, indispensable pour repenser ce patrimoine architectural.
Les abords du projet ont également participé à la mise en valeur du bâtiment. Au niveau de l’entrée principale, la création d’un bac planté se dessine en miroir de la rampe d’accès. Le potager du jardin à l’arrière de la parcelle, devenu obsolète, a laissé place à une prairie ne nécessitant aucune tonte régulière, mais uniquement un fauchage bisannuel, permettant ainsi la préservation de la biodiversité et une continuité verte sur le pourtour du bâtiment. La plantation de divers sujets et la taille des arbres viennent terminer le travail paysager.