À Leiria (Portugal) Bureau des Mésarchitectures (Didier Fiúza Faustino) a livré en juillet 2024 un ensemble de sept appartements prenant place dans un bâtiment rénové et une extension semi-circulaire. Surface totale de construction : 1 369 m². Budget : n.c. Communiqué.
« Ce projet déconstruit les rituels domestiques afin de remettre en question les habitudes quotidiennes », indique l’artiste et architecte Didier Fiúza Faustino.
Dans un des quartiers principaux de la petite ville de Leiria, Rua dos Mártires, le nouvel immeuble d’habitation se trouve au croisement d’une avenue composée d’immeubles modernes et d’une ruelle qui mène au centre historique de la ville. Le projet réunit une petite maison rénovée et une nouvelle extension et comprend sept appartements ainsi qu’une zone de parking privé commune.
L’immeuble de quatre étages fait office de lien entre ces deux conditions urbaines : un quartier en cours de gentrification et une rue étroite avec quelques squats.
Le Bureau des Mésarchitectures répond à cette friction urbaine à l’aide d’une façade composée de panneaux, d’une précision géométrique, matérielle et rythmique. L’emprise curviligne et les pans de béton superposés du bâtiment répondent aux deux réalités urbaines conflictuelles qui l’entourent.
La structure préexistante, une maison du début du XXe siècle typique avec son toit de tuiles et sa façade jaune, a été transformée en deux appartements : un trois pièces au rez-de-chaussée et un deux-pièces à l’étage. La nouvelle extension, elle, comprend cinq appartements : deux cinq pièces, deux trois pièces et un quatre pièces. Les parties ancienne et nouvelle du projet sont reliées par une cage d’escalier commune.
La façade de l’extension est faite à partir d’une grille très précise, qui combine des éléments légers et amovibles – des fenêtres dorées et des volets en aluminium – et des éléments plus lourds et fixe : des panneaux préfabriqués en béton désactivé à la teinte naturelle. Parfois ouvert, parfois fermé, le bâtiment s’apparente à une structure vivante en flux constant qui se remarque particulièrement lorsque les rayons du soleil dansent le long de la façade, et lui donnent des reflets et des teintes en constante évolution.
À l’intérieur de l’édifice, chaque appartement a sa propre identité, laquelle est renforcée par des caractéristiques comme les vues avoisinantes ou les détails architecturaux de la maison originelle. Certains appartements sont intimistes et confortables avec de petites fenêtres donnant sur le jardin intérieur de la cour de l’immeuble. D’autres sont largement ouverts sur l’extérieur avec de grandes fenêtres et des toits-terrasses.
L’intérieur des appartements est défini par des couleurs douces : des murs bruts gris, des sols et murs en peinture époxy gris clair. On y trouve des parties apparentes de la structure en béton, des portes en bois de bouleau et des meubles intégrant du marbre Alpinina, qui créent une ambiance chaleureuse, apaisante et confortable.
Le bâtiment met en évidence et réinterprète certains enjeux majeurs du logement urbain, tel que le dialogue entre la séclusion ou l’introspection et l’espace. La structure fait indéniablement partie de la ville ; sa façade expressive apparaît comme une affirmation publique et pourrait être confondue avec un autre type de bâtiment : une école, une galerie, etc.
Cependant, ce projet permet également de mettre les habitants à l’abri du monde extérieur en leur offrant une intimité, un élément essentiel de l’architecture domestique. En ce sens, le projet cherche à redéfinir la façon dont les corps occupent la ville, à travers nos structures personnelles. D’une certaine façon, ses larges fenêtres et sa façade audacieuse mettent en scène la vie quotidienne : un spectacle en parallèle de l’intensité urbaine.
« L’architecture nous permet de créer de la friction, de répondre à des questions contemporaines et d’inventer des scénographies pour les corps : l’individu, le social et le collectif », conclut Didier Fiúza Faustino.