L’agence strasbourgeoise Paul Le Quernec Architectes a livré en 2023 à Montlhéry (Essonne) la restructuration et extension de l’EHPAD File-Étoupe (MOA). Surface : 1 500 m² (SDP). Coût : 3,6 M€ HT. Architecture de la longévité ? Communiqué.
Le projet de restructuration et d’extension de l’EHPAD File-Étoupe à Montlhéry s’ancre dans une réflexion sur la qualité des conditions de vie des personnes qui y résident, tout en répondant aux exigences du PLU (Plan Local d’Urbanisme). Situé dans le périmètre protégé de la Tour de Montlhéry, le projet s’harmonise avec l’ensemble patrimonial, caractérisé par la proximité de l’église de la Sainte Trinité, classée aux Monuments historiques.
Le projet
Le projet traite de la création d’une unité Alzheimer en extension et la réhabilitation partielle de l’EHPAD. L’ensemble a été réparti sur deux niveaux superposés, avec la création d’une salle polyvalente et d’espaces de stationnements en rez-de-chaussée ainsi qu’une unité Alzheimer à l’étage supérieur.
« Intégrer l’architecture dans l’ancien ou intégrer les anciens dans l’architecture, est une élémentaire question de respect ». Paul Le Quernec
Intégration
Des traitements particuliers ont été réservés à la façade donnant sur le square : les volumes saillants entre les chambres sont traités en parement pierre pour renforcer l’épaisseur de la façade, et trouvent ainsi un écho noble avec l’église que le bâtiment jouxte. Le projet respecte le contexte historique par l’utilisation de tuiles plates de couleur naturelle en couverture, d’un enduit beige en façade courante et de menuiseries en bois.
Pour éviter l’uniformité de la toiture, et parce que les espaces collectifs méritent de plus grands volumes que les espaces individuels, la charpente des espaces communs prend de la hauteur et fait de la salle à manger sur terrasse le point de repère du bâtiment, comme une église est le point de repère d’un village.
Ouvrir
La salle polyvalente de la résidence File-Étoupe a été réhabilitée dans une intention d’ouverture maximale sur l’extérieur avec un plan en demi-cercle ouvert à 180° sur une terrasse qui relie l’entrée des piétons venant du square File-Étoupe à l’actuelle entrée de la résidence. Elle est couverte en grande partie par la dalle de l’étage de la nouvelle unité ce qui préserve efficacement les résidents des fortes chaleurs estivales.
Un puits de lumière monumental de trois mètres de diamètre, traversant les deux niveaux, a été réalisé. Cet élément, en plus d’augmenter considérablement la lumière naturelle sur les deux niveaux, multiplie les vues, les transparences et les parcours possibles de déambulation.
« Le bois, la pierre, la lumière : une architecture de la longévité ». Paul Le Quernec
Fluidité, déambulation, douceur
Au deuxième niveau, les espaces de vie ont été conçus avec pour fil conducteur la fluidité, la déambulation, la douceur. Ils ont été pensés sur la base de courbes entrelacées. Chaque zone a donc été définie par une forme souple, plus ou moins délimitée selon la fonction qu’elle abrite. Concernant la nouvelle unité au R+1, une implantation en retrait de la limite du square a été réalisée afin de préserver l’intimité des résidents.
Cette intervention avait également un objectif esthétique, celui de conserver la clôture existante en pierre et en fer forgé dont l’aspect s’agençait particulièrement bien à l’environnement. Une terrasse à l’étage supérieur longe toute la façade de l’extension et permet une déambulation en boucle et annule tout effet de cul-de-sac.
L’ensemble des chambres constitue la partie la plus privée de la résidence File-Étoupe. Si les chambres doivent avant tout être fonctionnelles, elles nécessitent tout autant d’être agréables à habiter. L’une des préoccupations principales de cette opération réside dans la conception des chambres, distinctes de celles des hôpitaux. Pour casser la monotonie et la froideur d’une chambre médicalisée, un effet de décalage a été mis au point entre les salles de bain et les portes d’entrée de façon à créer de petits renfoncements traités tout en arrondi.
« Le PLU imposant des toitures à pente, nous avons exploité le volume des combles pour augmenter le volume des chambres mais aussi pour faire circuler confortablement les réseaux techniques. Ce dispositif a également pour effet de conférer aux chambres une allure de « maisonnettes », selon l’image véhiculée par l’inconscient collectif. Plus les chambres auront une allure domestique, plus elles s’éloigneront de l’aspect d’hôpital, et plus elles seront propices à offrir à leur résident un cadre familier et rassurant, à partir duquel il sera possible de trouver un nouveau chez-soi », conclut Paul Le Quernec.