L’agence parisienne Avenier Cornejo (Christelle Avenier, Miguel Cornejo), pour la Régie Immobilière de la Ville de Paris (RIVP) maître d’ouvrage, a livré en juin 2024 à Paris (XIVe) un équipement culturel dédié à la musique pour l’association La Sirène et 51 logements étudiants et jeunes travailleurs. Surfaces : 2 512 m² SDP total (La Sirène : 952m² : logements : 1 560 m²). Coût : 8,3 M€ HT. Communiqué.
Baptisée « Madeleine Pelletier » par les architectes, la résidence de 51 logements au 18-20 rue Dareau rend hommage à la première femme médecin diplômée en psychiatrie, mais aussi grande féministe, anarchiste, franc-maçonne, écrivaine et essayiste, morte internée contre son gré à l’asile de Perray-Vaucluse en 1939.
Avenier Cornejo a réalisé un auditorium pour l’orchestre de La Sirène de Paris surmonté de 51 logements pour la RIVP. Hybridant le modernisme de ses grands voisins avec les modénatures de la brique et des fers forgés du quartier, cette nouvelle figure de proue fait des habitats des partitions de vie, de la mixité un concert d’usages, et du quotidien à Paris, une fête en habit de sirène.
Propriétaire d’un terrain au 20 rue Dareau, où elle a établi sa salle de répétition, l’association « La Sirène de Paris « , créée en 1875, est l’un des plus anciens orchestres d’harmonie amateur indépendant de la capitale. Après l’échec d’un premier projet de mise aux normes de l’espace et de densification du site avec un bâtiment R+11, jugé trop dense par les riverains, la Sirène a lancé une consultation en 2018 aux côtés de la RIVP pour un projet d’équipement culturel à vocation musicale surmonté d’une résidence pour étudiant·es et jeunes travailleur·euses.
Réalisée par Avenier Cornejo architectes et livrée en juin 2024, la résidence « Madeleine Pelletier » est gérée par Hénéo, bailleur social appartenant à la RIVP, tandis que La Sirène est locataire à bail emphytéotique (99 ans) du « Pavillon de la Sirène » en rez-de-chaussée et sous-sol.
Avec son véritable auditorium de quartier, « La Sirène » dispose désormais d’un pavillon à la hauteur de son rayonnement : entrée couverte dont le cadre est subtilement tamponné en référence aux modénatures Art-Déco, rideau au motif en écaille, hall traversant desservant un escalier monumental menant aux salles de répétition en sous-sol, « foyer » en proue entièrement vitré sur trois côtés, mais aussi des miroirs, luminaires sourcés et détails de matérialités qui valorisent cet orchestre vieux de plus de 150 ans.
Située dans le quartier du Parc-de-Montsouris, la rue Dareau réunit des constructions, d’aspects comme de hauteurs hétéroclites. Le bâtiment neuf qui puise dans les références Art-Déco du quartier tout en réinterprétant l’architecture des années 1970 de son voisin, le fameux « Méridien » édifié par Arthur Héaume et Alexandre Persitz en 1968.
Sur une parcelle d’angle pourvue de trois orientations (nord-est, est, sud-est), un bâtiment existant d’un seul niveau a été remplacé par un bâtiment de six étages et de trois niveaux de sous-sol. Finement inscrit dans la composition urbaine, le bâtiment s’aligne à son voisin le Méridien, de cinq étages plus haut. Le rez-de-chaussée épouse le gabarit existant en se resserrant au R+1 pour libérer deux terrasses plantées et une grande terrasse accessible semi-abritée. Les étages supérieurs du R+2 au R+6 se développent dans la continuité et l’alignement parfait du Méridien, les vues existantes des immeubles mitoyens étant ainsi préservées.
La trame rigoureuse de cette construction en structure béton est perceptible depuis l’extérieur, en façade, comme à l’intérieur. Cette structure permet les reprises de charges au niveau de la salle de concert en sous-sol, un espace libéré de tout poteau d’une hauteur de 6 m. Le matériau offre des textures variées mais reconnaissables à ses granulats blancs noirs et rouges. Le béton bouchardé en extérieur devient matricé dans le hall puis lisse dans les étages, offrant de nouvelles sensations visuelles et sensorielles pour chaque espace.
Les 51 studios de la résidence Madeleine Pelletier témoignent d’une recherche continue au travers des nombreux dispositifs mis en place pour garantir l’appropriabilité de chacun·e de ses habitant·es. Destinées à des étudiant·es, des infirmier·es des hôpitaux de Paris ou encore des agent·es de police, les logements meublés d’une superficie d’une vingtaine de mètres carrés bénéficient tous de grandes baies vitrées et souvent d’une orientation d’angle. Pour libérer le plus possible l’espace de vie, les rangements sont concentrés dans l’entrée qui dessert aussi une salle de bain éclairée naturellement en second jour. La cuisine, dont les placards toute hauteur dissimulent un égouttoir à l’italienne, garantissent la plus grande surface de plan de travail. Brises-soleil orientables, rideaux, toilettes suspendues, matériaux faciles à nettoyer, l’espace est imaginé pour garantir le confort et un entretien facile pour le plus grand nombre.
Dessiné par l’agence, le mobilier se distingue par sa modularité. Lit, table pour 4 et bancs sont conçus en bois et en structure métallique légère permettant de les déplacer et de les réagencer à sa guise. Leur usage étant flexible, un banc à quatre pieds peut ainsi devenir une table de nuit, un bout de lit, une table basse, et s’installer au dessus de radiateur. Tous s’encastrent les uns dans les autres afin de libérer l’espace et l’adapter à des configurations multiples.
Accessibles par tous·tes depuis les escaliers éclairés naturellement et installés à R+1, des espaces communs complètent les appartements privés. La salle à manger partagée se prolonge en salle de sport et en terrasse semi-couverte. Avec la laverie collective, ces lieux permettent à chacun·e de conjuguer l’habitabilité au pluriel.