L’agence Marc Mimram Architecture et Ingénierie, avec Patriarche – Lacoudre Architectures, a livré en 2022 sur le Plateau de Saclay à Palaiseau (Essonne) le nouveau campus AgroParisTech, bâtiment dédié à l’enseignement et la recherche de 65 000 m² (coût : 165 M€). Communiqué.
Un écosystème au service du vivant
Le projet de regroupement de l’école AgroParisTech associé à des laboratoires de l’INRAE sur le plateau de Saclay donne l’occasion de repenser la place des métiers axés sur le vivant dans leur relation à la transformation du monde, tant d’un point de vue pédagogique que dans l’engagement sociétale et scientifique qu’ils supposent.
Le programme de la nouvelle entité AgroParisTech-INRA sur le plateau de Saclay marque une ambition forte. Celle d’un repositionnement stratégique de tout un pan du savoir essentiel à la connaissance du monde vivant. Celle d’un rapprochement entre une école d’ingénieurs prestigieuse et un institut de recherche de renommée mondiale. Et enfin, celle d’une ouverture sur des savoirs connexes. Ceux portés par les autres grandes institutions du plateau.
En effet, les différentes entités d’AgroParisTech existantes vont trouver là une forme d’unité nouvelle, regroupées autour de la thématique du vivant et dans un même bâtiment. C’est en cela l’opportunité pour AgroParisTech de passer d’une forme de constellation à un écosystème réactivé. La représentation des bâtiments dans le nouveau campus de Saclay n’est de ce point de vue pas neutre puisqu’elle met en place l’institution entre urbanité et ruralité.
Ainsi, la relation que le projet architectural établit avec le paysage environnant est un des enjeux fort de cette nouvelle implantation. Fabriquer une figure ouverte, adressée à son paysage environnant et au quartier qui l’accueille est la première des ambitions de ce projet.
Une figure urbaine ouverte et généreuse
S’inscrire dans le projet du plateau de Saclay, c’est également prendre la mesure des dispositifs structurants à l’échelle du territoire. Le parc urbain intérieur que nous proposons d’étendre largement et d’ouvrir au sud jusqu’à la diagonale, vient constituer une pièce remarquable de la « chaîne des lieux majeurs » qui inscrit durablement cet espace extérieur appartenant au Campus AgroParisTech à un ensemble de lieux remarquables et structurants de l’ensemble du plateau.
Ainsi, le cœur du Campus se donne en partage sur les espaces publics majeurs proposés à l’échelle du quartier. Les huit bâtiments qui composent le campus sont organisés autour de ce vaste jardin de deux hectares en pleine terre. A l’est, le forum permet d’ouvrir le dispositif sur les autres écoles. A l’ouest, le bâtiment forme la limite de l’urbanisation actuelle qui pourrait se prolonger demain à partir de l’axe qui la traverse.
Au nord, les bâtiments s’installent dans un alignement discontinu qui permet de lire le jardin central depuis le boulevard. La proposition valorise l’ouverture de l’école sur le monde et son ouverture sur le campus.
Ainsi, le jardin central n’est pas clos mais ouvert au sud, il est filtré entre les bâtiments qui forment une figure semi-ouverte au nord. Il n’est pas circonscrit au sol mais se retrouve sur les terrasses, il n’est pas limité à l’espace ouvert mais se prolonge dans le Forum en verre qui accueille le Learning Center du Campus.
Cette figure d’une unité construite autour du vide, du jardin, est essentielle pour donner une identité à AgroParisTech et à l’INRA et fédérer ainsi les usagers. Ici, ils partagent les mêmes savoirs et un même horizon.
Hiérarchie des programmes
Le programme d’AgroParisTech et de l’INRA assemble différentes entités fonctionnelles dont l’accès est plus ou moins contrôlé, dont le besoin de confinement est plus ou moins grand. L’agence a tiré de ces nuances une hiérarchie des différents locaux selon leur degré d’ouverture et leurs besoins d’isolement et installé une forme de graduation dans l’organisation des programmes qui peut se transposer dans l’espace par une progression autour du jardin et la mise en place de filtres successifs.
Cette organisation spatiale se traduit par le passage d’une figure très ouverte à plus refermée, d’une organisation spatiale très libre à une autre plus contrainte, plus compacte et introvertie. Du Forum occupé par des volumes libres entre lesquels le jardin s’infiltre, au bâtiment à patios fermés pour les laboratoires en passant par les bâtiments ouverts sur le jardin pour la partie destinée à l’enseignement.
Depuis le programme le plus partagé, le plus ouvert, jusqu’au laboratoire, le plus contrôlé et le plus confiné, ce projet propose une graduation spatiale articulée tout autour du jardin central et adaptée aux différentes échelles d’espaces extérieurs.
La Galerie des Savoirs, un lien entre les programmes partagés
Pour que cette unité construite autour du parc soit opérante elle doit être sous tendue par un lien fonctionnel fort d’un bout à l’autre du site. C’est le rôle de la « galerie » développée entre le parc et des différentes entités programmatiques. Cette rue assure le lien entre chacun des bâtiments et cela depuis le Forum jusque dans le bâtiment de recherche sud destiné à l’Agroécologie.
Le jardin est l’espace ouvert de référence commun à tous les usagers. La galerie qui se déploie autour de celui-ci est le lieu de déambulation, de respiration. Son utilisation, à l’intercours et dans les parcours quotidiens, scande les journées des différents usagers autant qu’elle permet à chacun de s’y installer, de se rencontrer, de partager et d’inventer une pédagogie adaptée et toujours adressée à la terre, aux arbres, à la nature.
Le Forum
Le Forum, pièce majeure du dispositif positionné à l’entrée du site, est occupé par les principaux programmes partagés : le hall, le foyer, le centre de documentation et certains amphithéâtres. Il s’agit d’un lieu vivant, en lien avec la nature. C’est le prolongement naturel du Campus Agro, lieu d’appropriation et support d’évènements : réunions des anciens élèves, vie associative, rencontre avec le milieu professionnel… c’est une vitrine sur le monde extérieur.