À Saint-Cloud (Hauts-de-Seine), l’architecte Rudy Ricciotti, avec Christophe Batard (ACMH), pour le Conseil général maître d’ouvrage, va transformer l’ancienne caserne Sully en un musée dédié au Grand Siècle. Budget : 100 M€. Livraison : 2026. Communiqué du maître d’ouvrage.
Le projet imaginé par Rudy Ricciotti propose une orchestration du site avec mesure et justesse, dans une recherche d’équilibre et de sobriété. Toute la complexité de cet équilibre est l’un des enjeux de l’opération : transformer sans abimer, sans dénaturer. Il est mené en conformité avec les exigences des monuments historiques, alors même que le site n’est pas protégé.
L’ancienne caserne Sully, est composée de deux bâtiments patrimoniaux : l’hôtel des gardes du corps du Roi, un grand édifice du règne de Charles X, de 6 300 m² (1825-1827), dont les lignes pures et la composition symétrique sont en accord avec l’esprit du Grand Siècle, et le pavillon des Officiers de 1 100 m², plus tardif (1855), mais dessiné dans le même style.
Si le bâtiment Charles X reçoit uniquement les fonctions muséographiques, un certain nombre de fonctions muséales complémentaires sont requises : expositions temporaires, espaces immersifs, salles de médiation, auditorium, restaurant gastronomique, café. Cet ensemble justifie à lui seul la création d’une extension, qui prend ici la forme d’un pavillon, que nous nommerons le Pavillon du Belvédère, en situation de « loge » sur la Seine.
Connecté au bâtiment Charles X par le sous-sol, de manière discrète et efficace, le Belvédère s’inscrit dans la tradition du pavillon, ou de la folie architecturale, au sens historique du terme : sa composition en plan, rigoureuse et réglée, structurée sur une trame carrée, s’inscrit d’une certaine manière dans l’héritage du Grand Trianon : colonnade en péristyle, toiture plate, transparence, luminosité généreuse, légèreté…
Sa morphologie est issue des « folies » architecturales, extravagantes et naturalistes : formes organiques et arborescentes, pergola évoquant un exotisme ardemment rêvé durant le Grand Siècle.
L’une des singularités de cet ouvrage est de proposer une architecture précieuse et savante, issue du principe de structure. L’architecture est ici la structure, peut-être une sculpture ? Minérale et féminine, très ouvragée, géométriquement savante, le matériau employé est un béton de fibres à ultra hautes performances. Matériau nécessitant une certaine initiation en mathématiques appliqués, en stéréotomie, en recherche appliquée à la physique des solides.
L’architecture savante du Grand Siècle trouve ici un héritage à la hauteur des enjeux attendus sur cette opération : l’apparition légère du Pavillon du Belvédère vient prendre place logiquement, dans le dispositif de la Caserne Sully.
Ce nouvel équipement mettra à l’honneur la donation de Pierre Rosenberg au Département des Hauts-de-Seine. Composée de 694 tableaux et près de 3 500 dessins d’artistes du XVIe siècle au milieu du XXe siècle, ainsi que 50 000 ouvrages, elle sera présentée dans trois entités fortement liées entre elles : le musée du Grand Siècle, le cabinet des collectionneurs, et le centre de recherche Nicolas Poussin. Le Département investit plus de 100 M€ pour l’ensemble de l’opération.
Le musée du Grand Siècle et le cabinet des collectionneurs seront installés dans l’ancienne caserne royale (1825), et le centre de recherche Nicolas Poussin dans l’ancien pavillon des Officiers (1855), soigneusement restaurés et mis en valeur. Le sous-sol permet d’accueillir un parking, d’importants espaces logistiques, l’auditorium de 120 places, les espaces immersifs et la salle des expositions temporaires. Un bâtiment neuf, « le Belvédère » abritant dans ses trois niveaux les expositions temporaires, un restaurant et une cafétéria, émerge dans l’angle sud-ouest, offrant de belles vues sur la Seine et le parc national de Saint-Cloud. Il dessert, via une galerie, les espaces en sous-sol.
Les fouilles archéologiques ont été achevées en octobre 2023. La place Clémenceau fait également l’objet d’un projet de réhabilitation et deviendra un espace apaisé, en partie piéton.