
À Villeurbanne (Rhône), pour l’Université Claude Bernard Lyon 1 maître d’ouvrage, l’agence Chaveneau Ohashi Architecte (Harold Chaveneau et Yuko Ohashi) a livré en 2025 La Maison des Étudiants (MDE) sur le campus Lyon Tech-La Doua. Surface : 380 m² SDP. Coût des travaux : 1,14 M€ H.T. Communiqué.
Se glisser sous le bâtiment existant
Sur le campus universitaire de la Doua à Villeurbanne, près de Lyon, un bâtiment‑pont des années ‘90 laisse place, dans son rez-de-chaussée, à une nouvelle architecture qui vient se glisser discrètement et sereinement entre ses pilotis de béton brut. Elle accueille des locaux de travail et de repos pour les étudiants, dans une ambiance apaisée, baignée de lumière naturelle et caractérisée par son jeu de noir et blanc.


Le campus
Le campus universitaire de la Doua est une véritable ville dans la ville. Cent hectares sur la commune de Villeurbanne, en limite de Lyon, accueillent l’Université Claude Bernard Lyon 1, trois écoles d’ingénieurs : l’INSA Lyon, Polytech Lyon et CPE Lyon, l’École nationale supérieure des sciences de l’information et des bibliothèques et différents IUT. Dessiné par l’architecte Grand Prix de Rome Jacques Perrin-Fayolle, à la fin des années ‘50, sur un ancien terrain militaire, il est aujourd’hui le plus grand site universitaire de l’agglomération lyonnaise. Les chiffres parlent d’eux-mêmes avec 30 000 personnes dont 25 000 étudiants, 2 000 chercheurs et 1 500 doctorants.
Quai 43
À l’entrée du campus, un grand bâtiment-pont en béton brut marque un passage, une limite entre l’intérieur et l’extérieur du site. Construit par l’agence Eyraud-Traynard, devenue par la suite Métropolis Architectes Associés, au début des années ‘90, il affirme un bâtiment massif, construit sur pilotis, dont le rez-de-chaussée propose un « sol libre » pour le traverser et libérer les vues.
Dans le cadre du 1 % artistique, une œuvre de Vincent Dufaud nommée « Le Pont » installe des plots de béton colorés verts et rouges, en forme de grandes briques de LEGO®. Ce totem virtuel vient accompagner et accentuer les lignes du bâtiment.
Se glisser dans un interstice
C’est ici que vient se glisser, entre les pilotis, le projet des architectes Chaveneau Ohashi. Face au nombre d’étudiants toujours croissants et d’infrastructures devenues vétustes, l’Université exprime le désir de construire un nouvel espace convivial de qualité pour créer un lieu de rencontres, de travail et de repos. À l’entrée du campus, sous le Quai 43, il garde une belle visibilité, une accessibilité facile, une valorisation certaine et évite de construire une petite architecture de plus sur ce grand territoire. Presque 400 m² abritent un hall d’accueil, un espace d’orientation, un espace de pause, des salles de travail en groupe, des salles hors-sac et un bureau pour la permanence des associations.
Une architecture fluide, ouverte et dynamique
D’abord, les architectes ont voulu respecter l’architecture du Quai 43 en conservant le sol libre qui existait sous les pilotis. Pour cela, ils maintiennent les vues traversantes et les transparences d’un côté à l’autre du projet. Ils échappent au schéma du couloir de distribution traditionnel, sombre et fermé, et privilégient une circulation organique et fluide autour de laquelle s’organisent les différents volumes.
Des parois courbes invitent à entrer dans le bâtiment. À l’intérieur, le visiteur n’est pas orienté mais pas perdu non plus. Il découvre le projet par la déambulation en suivant la courbe. Il perçoit immédiatement l’ensemble de l’édifice et l’intimité des petits espaces.
Certains feront l’analogie avec les traboules lyonnaises*, dans le sens où la sortie n’est pas immédiatement lisible. Elles font référence à un lieu chargé d’histoire qui est caché, mystérieux avec ses multiples entrées.
*Les traboules sont des passages piétons à travers les cours d’immeubles qui permettent de se rendre d’une rue à l’autre.



La courbe, garantie de convivialité
Les cloisons séparatives sont courbes et les portes cintrées apportent une ambiance douce, ouverte et conviviale. La forme circulaire reprend la géométrie du Quai 43, avec ses grandes casquettes arrondies, piliers et cages d’escalier.
L’espace de distribution centrale devient un espace capable, pouvant être aménagé suivant les envies, les besoins et les temporalités de la vie étudiante. L’emploi de peu de couleurs confère à l’ensemble une forme de spiritualité, un lieu calme qui invite au respect. Les architectes ont souhaité conserver une expression pure avec la radicalité du noir et blanc, complétée par un sol en béton gris et un mobilier en bois dessiné sur mesure. Les différents lieux de travail sont entièrement blancs ; la distribution centrale conserve un plafond noir pour jouer de contraste et pour dissimuler les éléments techniques restés apparents.
Choix constructifs
Techniquement, le projet neuf est désolidarisé de l’existant et la gestion de l’interface avec le Quai 43 a été un sujet majeur. L’espace et la hauteur limités, l’accès complexe pour les engins ont invité les concepteurs à réfléchir au mode constructif très tôt. La recherche de matériaux simples, préfabriqués et facilement transportables a conduit au choix d’une structure métallique poteaux-poutres, utilisée dans le monde industriel. L’enveloppe en bardage de polycarbonate contraste avec le béton brut de l’édifice existant. Il crée des effets de reflets irisés changeants suivant la lumière. Le rythme des ouvertures reprend celui du bardage (60 cm x 3 m) et crée une verticalité en façade qui vient contraster avec l’horizontalité du Quai 43.
Les plots verts et rouges ont été sciés en deux, avec l’accord de l’artiste, pour libérer l’espace nécessaire à la construction du projet. À l’intérieur, un système de rails cintrés supporte les cloisons courbes. Les portes et le mobilier sont fabriqués sur mesure.
D’un point de vue thermique, pour le confort d’hiver le bâtiment est bien isolé. La chaleur est produite par un chauffage au sol. Pour le confort d’été, il est protégé des rayons du soleil par le Quai 43 qui lui offre de l’ombre, rafraîchi par une ventilation naturelle possible grâce à son architecture et complété par un système de free‑cooling installé sur la CTA.