L’archéologie exige un engagement avec le paysage, or le paysage, c’est la culture. De la discussion « micro » de l’architecture à la discussion « macro » de la culture, chronique-photos d’Erieta Attali.
Le degré auquel un bâtiment réagit avec la culture ou le paysage d’un lieu est principalement contrôlé par l’intention de la conception, c’est-à-dire le concept architectural et le succès de sa mise en œuvre.
La photographie révèle ces relations mais elle ne les construit pas. Même dans le cas extrême où une structure est délibérément conçue pour se différencier et s’abstraire de toute sorte d’environnement, culturel ou naturel, elle est toujours inévitablement située dans un contexte et perçue comme en faisant partie. Cela dit, à travers ma photographie, je ne peux pas et n’aspire pas à démêler le physique du contexte culturel.
Les années que j’ai passées à photographier des sites de fouilles archéologiques ont été formatives à la fois dans la façon dont je perçois et dans la façon dont je photographie des artefacts dans un paysage. Lors d’une fouille, vous rencontrez l’enchevêtrement de la culture et du lieu, dans un sens très littéral : en effet, les deux deviennent un au fil des couches successives d’anciens paysages sédimentés les uns sur les autres qui engloutissent les murs, les piliers, les cours.
Le processus de récupération et de reconstruction de la culture en recherches d’archéologie exige un engagement avec le paysage, un décollement conscient et étudié de ces couches géologiques. La photographie doit révéler cette relation à travers ses deux composantes principales : le physique ou l’espace d’une part, le temporel ou le procédural de l’autre.
Cependant, même sans considérer l’archéologie, je pense qu’il n’est pas possible de séparer la culture – qui est un phénomène profondément localisé – du paysage. L’inverse est également vrai, ou comme le précise l’historien Simon Schama : « Les paysages sont la culture avant d’être la nature ; des constructions de l’imaginaire projetées sur le bois, l’eau et la roche ».
Par conséquent, le récit s’élargit à une « macro-discussion », situant l’architecture dans un contexte culturel impossible à évacuer. La discussion « micro » du site et la discussion « macro » de la culture sont pour moi une seule et même chose.
Erieta Attali
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