En 2020, l’agence genevoise Charles Pictet architectes associés (mandataire) et Atelier Martel à Paris (architectes associés) ont livré le lot F de Chapelle International à Paris (XVIIIe). Pour la RIVP, sur 13 096 m² et pour 24.6 M€, 91 logements familiaux et 167 logements foyers, un SOHO, ces commerces et parking. Communiqué.
Une conception urbaine
Le projet s’inscrit dans le plan directeur de Chapelle International établi par l’agence parisienne AUC. L’architecte urbaniste Djamel Klouche a tracé les lignes et donné le “la” de la conception urbaine de ce nouveau quartier.
Ce projet s’inscrit au plus près de sa stratégie de façon à participer au mieux à en concrétiser les intentions. Djamel Klouche a énoncé l’idée de deux mondes : un monde bas qui est celui des deux premiers niveaux, celui que le passant perçoit en déambulant. Le monde des enseignes et des commerces qui définissent les rues et les venelles ; un monde haut : le monde des façades qui s’élèvent et qui constituent le skyline de la ville.
Le photographe Gabriele Basilico avait aussi parlé de ces deux mondes dans ses écrits sur la ville. L’approche de l’AUC résonnait ainsi de façon familière et très motivante.
Toujours dans ce plan d’ensemble, l’AUC a prévu la rotation de certains bâtiments hauts sur leur socle de façon à réduire les vis-à-vis et d’ouvrir des diagonales. C’est le cas du plus haut des deux bâtiments.
En retranchant des parties du deuxième bâtiment dont l’emprise au sol prévue par l’AUC est polygonale, il est accordé au premier en le faisant terminer au sommet par un plan carré dont la diagonale est alignée sur le premier.
Pour faire des deux bâtiments de ce lot un ensemble le plus homogène possible à même d’incarner une centralité dans le quartier en devenir, le parti pris a été de traiter l’ensemble du lot d’une seule main au lieu de diviser les lots entre les deux agences et deux écritures architecturales comme l’ont fait d’autres acteurs.
L’idée a été depuis le début que le lot F, situé au centre du quartier, donne un sentiment de quasi préexistence. Un étalon du plan de l’AUC : sans âge, sans affirmations. Une architecture de la raison. Un ensemble dont la présence devait exprimer l’idée d’un nouveau morceau de ville. Une forme de cellule souche du plan de l’AUC. Un « éternel présent » pour citer Giorgio de Chirico.
Une loggia
Introduite hors programme au premier tiers de la tour F1, elle forme un point de focale. C’est le centre idéal ou hétérotopique du quartier de chapelle international : le point de départ et d’arrivée d’un vol imaginaire entre les nouveaux immeubles et dans les venelles qui les séparent.
Un langage
Les deux bâtiments ont des façades en préfabriqués béton dont la teinte est reprise de la pierre de Paris.
Un travail de composition des éléments, l’introduction de cordons, le dessin des joints soulignés pour hiérarchiser la façade : les moyens d’expression mis en œuvre sont simples et traditionnels. L’ordre monumental du socle se retrouve dans une grande loggia au cinquième niveau de la tour ainsi qu’aux deux derniers étages. Les huisseries en aluminium poli brillant scintillent en fond d’embrasures. Les plafonds des loggias sont peints couleur argent. Des volets en accordéon marron-noir reprennent la tradition parisienne et animent la régularité de la trame des façades. Des contrecoeurs en acier poli miroir au dernier étage élancent le dernier niveau de la tour dans le ciel de Paris.
Tous les éléments d’expression du lot F sont destinés à être pérennes et à ne pas souffrir de l’usure du temps.
Une structure
La structure régulière du lot F1 a permis de croiser deux grilles de porteurs en diagonale. La diagonale des 5 m du socle (Soho) a permis de travailler sur une trame de 8 m dans la tour. Ces deux trames optimales pour les fonctions qu’elles abritent permettent de mettre en œuvre aisément la stratégie de forme de l’AUC.
Du quotidien
Les plans de niveaux F1 et F2 qui semblent simples en raison de leur régularité sont en réalité complexes dans la séparation et le réglage des circulations.
Les appartements ont tous été développés en cherchant une habitabilité optimisée. Emplacement et sens des portes, vues intérieures diagonales, seconds jours et liaisons entre pièces ont été soigneusement évalués. De même que dans les espaces communs, les soubassements peints à 1 m de hauteur, les portes palières avec une bande de protection pour les clés et la préhension. Des décisions pratiques qui sont aussi des moyens de donner une échelle et une âme aux choses du quotidien par l’adéquation de leur expression à leur usage courant.