En 2019, dix ans après le concours, les agences DE-SO (Magalie Lenoir et François Defrain) et Terreneuve (Nelly Breton / Olivier Fraisse) ont livré la réhabilitation et l’extension du lycée Robert Doisneau de Corbeil-Essonnes. Un nouveau théâtre, une nouvelle cantine, de nouvelles façades, de nouvelles circulations. Un projet compliqué à 24 164 m² HON réhabilitation (+ 14 250 m² extérieurs) pour 32 M€. Communiqué.
Contexte
La Région Île-de-France a lancé en 2009 un concours d’architecture pour la rénovation et l’extension du lycée Robert Doisneau à Corbeil-Essonnes devenu obsolète tant au plan fonctionnel que sécuritaire, remporté par le groupement d’architectes DE-SO & Terreneuve.
Symbole de mixité sociale grâce à la diversité de ses filières, générales, professionnelles, techniques, et de ses spécialités artistiques, le lycée Robert Doisneau est l’un des plus importants de la Région Île-de-France. En bordure de la RN7, face au quarter des Tarterêts à Corbeil-Essonnes, il accueille près de 2 800 élèves. Inscrit dans les années 2000 en Zone Urbaine Sensible, et en Zone d’Éducation Prioritaire, il est symbole de mixité sociale et affiche des objectifs pédagogiques d’excellence. De plus, il est reconnu comme un établissement de référence, où les élèves sont accueillis même en dehors des heures de cours pour y travailler dans le calme.
Ouvert à la rentrée 1958 avec un premier bâtiment de quatre étages construit en six mois, le lycée comprenait en 1959 plus de 35 000 m² répartis dans cinq bâtiments sur un terrain de presque huit hectares. Hormis des travaux ponctuels réalisés dans les années 1990, les deux principales barres d’enseignement – 150 et 165 mètres de long sur cinq niveaux – étaient restées dans leur état d’origine.
L’opération de réhabilitation et d’extension du lycée a été livrée en 2019.
État des lieux / Programme
Les deux « barres » de 150 et 165 mètres de long avaient fait l’objet, d’une part d’un ravalement partiel dans les années 90, par l’ajout de murs rideaux réfléchissants avec corniches décoratives au droit des escaliers, d’autre part de l’extension de leurs rez-de-chaussée, pour le restaurant scolaire dans le bâtiment A et pour le Centre de Documentation d’Information dans le bâtiment B.
Le programme initial de l’opération de restructuration partielle et d’extension du lycée Robert Doisneau intègre les multiples besoins du lycée
RESTRUCTURATION : réhabilitation des façades des deux bâtiments d’enseignement (barres A et B) ; mise aux normes de sécurité incendie ; réorganisation des bureaux de l’administration de l’établissement ; création de laboratoires de langues ; rénovation des logements de fonction.
EXTENSION : création d’un théâtre de 250 places ; création d’un pôle restauration avec trois self-services.
Pour l’existant, le programme posait le principe d’une réorganisation fonctionnelle intérieure a minima, soit le réaménagement des cloisonnements et de la distribution électrique, assorti de toutes les mises aux normes réglementaires concernant l’accessibilité et la sécurité.
Pour les parties nouvelles – extension du restaurant pour 1 000 repas de plus par jour soit 2 500 repas servis et création d’une salle de théâtre à gradins d’une capacité de 250 places – le programme du concours envisageait de nouvelles extensions de ces rez-de-chaussée, impliquant l’occupation d’une parte de la cour centrale.
Mode de collaboration DE-SO / Terreneuve
Les grandes lignes du projet ont été conçues collectivement en phase concours, tandis que le rendu final de chaque bâtiment neuf a été partagé : le dessin du théâtre par DE-SO et le dessin du restaurant par Terreneuve.
Puis lors du développement des études et du suivi du chanter, chaque agence a pris en charge la réhabilitation d’une barre – bâtiment A pour DE-SO, bâtiment B pour Terreneuve – ainsi que « son » bâtiment neuf.
Cette association a un double impact. Elle a donné aux architectes plus de moyens pour affronter et résoudre la complexité, la durée et les aléas de cette opération et maîtriser le résultat final. Elle a permis au maître d’ouvrage de bénéficier de l’investissement personnel total des architectes associés de chaque agence, du fait de la taille mesurée de leurs structures (entre 10 et 20 personnes), attitude très éloignée de celle des sociétés d’architecture de plus de 50 personnes, à qui sont généralement confiés ces « grands chantiers » de plus de 30 M€.
Une réponse durable
Le projet lauréat du groupement d’architectes DE-SO & Terreneuve s’inscrit dans la logique du campus paysager et résulte d’une réfection menée sur la globalité du site. Notamment en raison des aménagements extérieurs paysagers de qualité, requalifiés dans les années 2000, et de leur rôle d’espace fédérateur entre les différentes entités du lycée, qui incitaient à les préserver.
Par ailleurs, l’existence d’une friche, située y l’arrière d’une des barres d’enseignement, offrait une opportunité foncière, en dépit d’une accessibilité relativement confidentielle. Contrairement à l’hypothèse du programme, les extensions s’installent dès lors dans des pavillons neufs indépendants, préservant ainsi la cour centrale et les grandes qualités paysagères de ce campus de huit hectares.
Contrastant avec la linéarité massive des bâtiments d’enseignement, la forme fluide tout en courbes des deux constructions neuves du théâtre et du restaurant génère des espaces en creux, protégés mais ouverts, des entre-deux de transitions. S’affirmant par leur géométrie souple, presque organique, et leurs façades en bois d’échelle mesurée face aux imposantes barres des années 60, ils s’installent sur les limites afin de préserver l’intégralité des surfaces des cours et des aménagements paysagers.
De même, plutôt que de rénover la douzaine de logements de fonction répartis à chaque extrémité des deux barres, leur regroupement au sud du bâtiment B, a permis de les rendre autonomes, avec des circulations dédiées, pour éviter les mélanges des flux d’élèves et des habitants, tout en répondant aux exigences d’isolement de sécurité incendie.
Enfin, suivant la même logique, la transformation des halls d’entrée existants en espaces traversants s’est imposée pour fluidifier les parcours à l’échelle du site. Ainsi, à la multiplicité des demandes programmatiques disparates, d’ordre technique, fonctionnel et réglementaire, une réponse architecturale globale a permis de transformer radicalement le site, tout en limitant l’ampleur des travaux et le budget de l’opération, pour un projet durable.
Un chantier complexe
Après le concours d’architecture organisé en 2009 par la Région Île-de-France, dix ans auront été nécessaires pour mener à bien le projet de rénovation-extension – trois années d’études et deux appels d’offres avec réévaluation du programme et du budget initial, cinq années de chanter en site occupé, installations et démontages de plus de vingt bâtiments d’enseignements provisoires, huit réceptions partielles du chanter – pour une livraison initiale en 2019.
Le phasage – libération des bâtiments au fur et à mesure installation des élèves dans les salles de classe des bâtiments provisoires – a été particulièrement délicat, s’agissant du très grand nombre d’élèves, de la diversité des matières enseignées, y compris techniques et artistiques, le tout sans interrompre le cours des études et dans un budget très serré, car sous-estimé dans un premier temps.
Réhabilitation des façades
La réhabilitation complète des façades des deux barres des bâtiments d’enseignement, totalisant plus de 12 000m² pour environ 24 000 m² de plancher, représente l’intervention la plus lourde, en ampleur et en investissement.
L’état de vétusté de ces façades avec fenêtres à simple vitrage et allèges non isolées, a nécessité un désamiantage et une dépose complète, par tranche de demi-bâtiment, en site occupé. Une enveloppe thermique performante, avec isolation extérieure, et l’ajout de brise-soleil verticaux, pour bloquer les rayons du matin et du soir, sur les longues façades orientées à l’est et à l’ouest, rythment les façades. Ces brise-soleil créent une nouvelle cinétique, réveillée par les nuances de couleurs métalliques dorées et dialoguent avec les lames de bois à l’aspect mat et grisé des constructions neuves.
En rez-de-chaussée, les baies vitrées sont pisées au nu intérieur, doublées par des panneaux en tôle perforée à 50% nervurées, montées sur cadre métallique qui constituent à la fois une protection solaire efficace et un dispositif anti-intrusion.
La ventilation des classes reste naturelle avec les ouvrants de façades, conformément aux demandes de la Région Ile-de-France.
En parties courantes, les nouvelles façades se composent d’une allège maçonnée, isolée par l’extérieur et protégée par un bardage en tôle d’acier ondulée thermolaquée. L’optimisation des coûts a conduit à remplacer les fenêtres en acier basculantes d’origine par des fenêtres ouvrantes à la française en pvc blanc. L’ajout de stores intérieurs complète les dispositifs de protection solaire.