L’agence norvégienne Snøhetta a remporté en mai 2024 le concours pour la reconstruction du refuge de Barroude, dans le Parc national des Pyrénées (Hautes-Pyrénées). Surface : 540 m². Budget : n.c. Communiqué.
Niché dans un site classé au patrimoine mondial de l’UNESCO, au cœur du Parc National des Pyrénées, le projet de reconstruction du refuge de la Barroude fait suite à l’incendie accidentel qui a détruit l’ancien refuge il y a dix ans. Le bâtiment offrira une nouvelle étape pour les randonneurs de la Haute Route des Pyrénées, ainsi qu’un nouveau centre d’accueil et d’accompagnement pour le personnel du Parc National.
Conçu de manière sobre et moderne pour préserver la faune et la flore du Parc, le nouveau refuge accueillera les randonneurs tout en limitant l’empreinte environnementale du bâtiment sur le site naturel du Cirque de Barroude.
L’agencement général s’articule autour de deux grands domaines fonctionnels. D’une part, un ensemble d’espaces ouverts au public, comprenant les espaces d’accueil, la salle à manger, les toilettes et les dortoirs, et de l’autre, un ensemble d’espaces privés réservés au gardien du refuge et au personnel du Parc national des Pyrénées.
Un équilibre entre intégration et visibilité
Le concept du nouveau refuge Barroude repose sur la volonté d’offrir un havre de sécurité aux randonneurs tout en préservant l’intégrité et la majesté de son environnement naturel. Dans ce décor grandiose, où la présence humaine doit rester humble, le concept du projet établit un équilibre délicat entre intégration et visibilité.
Cette approche conceptuelle s’appuie sur deux mots clés, le Terrier et le Cairn. Le premier évoque l’intégration, la chaleur et la sécurité. La seconde une destination, un repère construit à partir des éléments naturels de la montagne.
Ces deux mots se rejoignent et se complètent dans une architecture qui semble se lover dans les épaisseurs de la topographie et du paysage mais dont la matérialité de la pierre, du bois et de l’aluminium offre un contraste qui signale un havre protecteur au cœur des sommets pyrénéens.
Adapté à son environnement
Situé sur le site de l’ancien refuge, le bâtiment est implanté en dehors des zones de protection de la faune et de la flore endémiques. La position a été soigneusement choisie pour tirer parti de la topographie existante, permettant de créer deux niveaux de refuge sans nécessiter de terrassements excessifs.
De conception architecturale bioclimatique, le refuge est une structure compacte qui minimise la quantité de façade exposée aux intempéries et s’intègre parfaitement dans le paysage du cirque de Barroude. La double orientation du bâtiment favorise également la ventilation naturelle.
Le refuge se caractérise par sa grande toiture végétalisée, qui épouse les lignes du paysage, et son enveloppe protectrice en aluminium recyclé, qui protège les espaces extérieurs des vents dominants.
Espaces partagés
L’aménagement du refuge s’organise en deux espaces principaux : les espaces de vie, ouverts sur les environs du cirque et le lac Barroude, et les chambres, positionnées au nord, face à la crête. Cet agencement permet de gérer le degré d’intimité du site, avec une progression des plus ouverts, les espaces communs comme la salle à manger et la cuisine, aux plus protégés, les dortoirs des randonneurs et des gardiens.
Les dortoirs du refuge Barroude proposent plusieurs types d’hébergement. Le dortoir d’hiver, au rez-inférieur avec accès direct par l’extérieur, est réservé exclusivement aux randonneurs et au personnel du Parc passant la nuit au refuge.
Pour les randonneurs, il existe des dortoirs de 8 et 6 personnes, ainsi que des dortoirs de 8 personnes adaptés à l’hiver, chacun proposant un hébergement compact mais douillet. En plus des dortoirs des randonneurs, le refuge dispose de chambres pour le gardien, ses adjoints et le personnel d’entretien du Parc.
La conception des espaces intérieurs encourage le « vivre ensemble » en offrant un environnement convivial et lumineux avec une vue sur le paysage au sens large.
Une empreinte réduite
La coque et la structure de l’abri sont respectivement faites de bois recyclé et d’aluminium. L’objectif est non seulement de favoriser l’utilisation de matériaux bas carbone mais également de maximiser la préfabrication de la structure, réduisant ainsi le poids, l’installation sur site et les rotations d’hélicoptères nécessaires au transport des matériaux.
Les travaux de terrassement sur site et les fondations en béton sont également réduits au minimum car la structure « effleure » le sol existant. Cela signifie non seulement que la structure peut être entièrement inversée et intégrée de manière optimale dans l’environnement mais également que la période de construction peut être réduite à deux saisons.
La pierre locale est prévue pour le soubassement, assurant une parfaite intégration au contexte montagnard et préservant l’authenticité du paysage. Ce choix renforce également le lien avec le territoire et contribue à réduire l’empreinte carbone liée au transport des matériaux.
La forme du refuge s’inspire des contours naturels et de la topographie des environs. La toiture végétalisée offre une extension de la flore et de la faune, tout en créant une transition fluide entre l’architecture et le paysage de montagne, où les lignes du refuge se confondent avec le relief naturel, renforçant le sentiment d’unité avec la nature.
La compacité du bâtiment est également un facteur clé pour réduire son empreinte carbone. En limitant l’empreinte physique du bâtiment, le refuge minimise la consommation d’énergie pour le chauffage et le refroidissement, tout en préservant l’environnement naturel environnant.
Une gestion efficace de l’énergie est également intégrée à la conception. Des systèmes de chauffage et d’eau chaude solaires et à biomasse sont installés pour réduire la dépendance aux combustibles fossiles et minimiser les émissions de gaz à effet de serre. De plus, l’utilisation de panneaux photovoltaïques pour produire de l’électricité renouvelable contribue à réduire l’empreinte carbone du refuge.
L’eau potable est fournie par un réservoir stockant l’eau d’une source voisine et les eaux usées sont traitées par infiltration, sans impact sur l’environnement.