Quand un architecte, Davide Macullo, fait appel à un artiste, Daniel Buren, pour concevoir sa maison dans le petit village de Hansel et Gretel, cela fait grincer des dents les voisins. Pourtant cette maison est inspirée de dessins d’enfants et est censée faire sortir le bourg de sa torpeur. Découverte.
Je suis tombé par hasard sur cette villa rose et verte à l’allure de deux containers empilés l’un dans l’autre qui se tient au sommet d’une colline surplombant un petit village suisse plein de petites maisons à colombages. C’est une espèce de bloc bicolore et futuriste dont les rayures verticales rappellent effectivement les containers que l’on trouve dans les ports marchands. Pourquoi pas ? L’environnement lui-même est rose et vert. Rose pour les fleurs, vert pour les prairies verdoyantes des alpes.
Plutôt qu’une tâche dans la nature, comme s’en plaignent les voisins, je trouve que cette maison s’inscrit au contraire parfaitement dans son environnement. On ne va pas non plus refuser toute nouveauté sous prétexte qu’il y a déjà de jolies maisons à la Hansel et Gretel. Avec son intérieur minimaliste en bois massif, la villa ressemble à un chalet 2.0 qui trône sur le village. La vue est imprenable.
C’est alors que j’apprends par la journaliste Marcela Vrana du quotidien tchèque iDnes (que j’adore consulter) que la maison a été dessinée par Daniel Buren en personne et que ce dernier s’est inspiré ni plus ni moins de dessins d’enfants. C’est drôle de voir comme les enfants ont une imagination à la fois débordante et proche du réel. Les adultes devraient vraiment les écouter plus souvent. Et cesser de vouloir tout garder en état, refusant toute originalité, création et renouveau.
K. K.
Dans le village suisse de Rossa, petite bourgade du canton des Grisons en Suisse italophone peuplé de quelque 150 habitants, une nouvelle villa flambant neuve se distingue par sa façade moderne qui contraste totalement avec le style architectural environnant. La nouvelle maison de la famille de l’architecte Davide Macullo a été conçue par l’artiste français Daniel Buren.
Cette bâtisse bien inhabituelle s’est construite en seulement quelques semaines. Elle sent encore le neuf. Sur les pages des magazines et sur les réseaux sociaux, elle est accueillie par des critiques et des applaudissements et les opinions divergent. Il faut dire qu’à Rossa, les maisons ne sont pas vraiment tendance. Aussi, la maison verte et rose est loin d’avoir été accueillie chaleureusement par les habitants. L’architecte Davide Macullo leur fait face avec tact et explique patiemment à ses voisins pourquoi la moitié de la maison est rose et l’autre verte.
Pour les voisins, c’est un manque de respect inadmissible envers l’architecture locale ancestrale. Ils rejettent unanimement les couleurs roses et verdâtres des rayures, qui ont pris le dessus sur les bâtiments existants et éclairé le style kitsch des alpages environnements. La villa de trois cents mètres carrés, située près de l’église, domine désormais la bourgade de Rossa.
Davide Macullo lui, ne se laissant pas abattre, a voulu défendre son projet devant tous ses voisins malheureux, surpris par la vitesse à laquelle la maison est apparue sur un pré verdoyant en moins de deux mois. Pour cela, il les a tous invités autour d’un café et en quelques heures, les tensions ont commencé à s’estomper. D’ici Noël, le problème devrait être réglé.
Davide Macullo espère que le bâtiment deviendra une source d’inspiration pour tous les résidents, les visiteurs qui passent par le village et surtout la prochaine génération.
Honnêtement, les plaintes des voisins ne sont vraiment pas justifiées. La maison à l’allure géométrique et futuriste prend place à côté de vieilles bâtisses à colombages, typiques pour la région. Et là, le choix des couleurs n’est pas dû au hasard. Le vert émeraude rappelle les collines environnantes et les pentes de la montagne, contrastant avec le violet des fleurs de cyclamen qui poussent là, à 1 100 mètres d’altitude. Quoi de plus logique ?
Le visage caractéristique et conceptuel de la maison a été imaginé par le français Daniel Buren qui aime collaborer avec les architectes et jouer avec les formes. En 2016 par exemple, il a peint douze bâtiments pour la fondation Louis Vuitton.
En collaborant avec Daniel Buren, l’architecte Davide Macullo a réalisé son rêve. Non seulement, il peut désormais vivre dans cette maison hors du commun qui oscille entre Art et architecture, mais surtout, cette maison a été imaginée par son idole de longue date.
La disposition du bâtiment et son concept sont assez simples. Davide Macullo l’a porté dans sa tête durant près de trois ans. L’inspiration lui est venue après avoir regardé des dessins d’enfants qui souvent, ont une vision du monde bien plus claire et imaginative que les adultes.
«Les deux lignes horizontales, les deux fenêtres et le toit en diagonale font que la lumière peut circuler librement», explique-t-il simplement. Il y a des mezzanines et des coins arrondis. L’ensemble de l’intérieur est en bois massif et lui donne une apparence noble. Autre détail essentiel, la sculpture en bronze de l’artiste italien Flavio Paolucci, conçue spécialement pour la maison.
Marcela Vrana
(Adaptation : Kyrill Kotikov)