Pour la Ville de Colmar (Haut-Rhin) maître d’ouvrage, Ameller Dubois – avec Stephan Manciulescu ACMH, architecte associé – a livré en 2022 la restructuration et l’extension de la fameuse bibliothèque des Dominicains de Colmar aux fabuleuses collections. Surface : 3 420 m². Budget : 19 M€ HT. Communiqué.
Les Dominicains de Colmar
Établis à Colmar vers 1260, les Dominicains firent poser la première pierre de leur église en 1283 par Rodolphe de Habsbourg. Complété par les bâtiments conventuels vers 1300, le bâtiment est successivement transformé en caserne de gendarmerie, en école puis en bibliothèque municipale en 1955. Cet édifice aux multiples facettes recèle la mémoire écrite de la région Alsace depuis le Moyen-Âge.
La collection, d’une grande variété, est estimée à quelque 400 000 documents comprenant 1 200 manuscrits dont 400 médiévaux provenant des grandes abbayes bénédictines, cisterciennes, dominicaines de Haute-Alsace et 2 300 incunables (2ème plus grande collection de France après celle de la BNF) ou encore 10 000 livres du XVIe siècle. Outre ces collections, la bibliothèque possède de remarquables objets et machines liés au monde de l’imprimé.
Le projet
La restructuration et l’extension de la bibliothèque des Dominicains datant du XIIIème siècle offre désormais à la ville un lieu d’exception pour abriter et exposer l’une des plus importantes et prestigieuses collections de livres anciens d’Europe.
Le projet a ainsi permis, non seulement de restaurer soigneusement le couvent et le cloître des Dominicains, joyaux du patrimoine colmarien, mais également de repenser la préservation et la valorisation de documents graphiques et écrits conservés, d’une valeur inestimable.
Ce nouvel ensemble met à l’honneur l’édifice historique, développe de grandes qualités d’usage et offre une image d’exception, faisant écho au musée Unterlinden (couvent des Dominicaines) situé à proximité.
Au couvent, soigneusement restauré et libéré des multiples mutilations léguées au fil du temps pour en retrouver l’essence originelle, est adjointe une extension contemporaine en bois brûlé, véritable « silo » à livre destiné au stockage de documents moins prestigieux ; une passerelle entièrement transparente relie les deux constructions.
Création d’un parcours muséographique, atelier de reliure et de restauration, zone de conservation ultra sécurisées pour les fonds les plus anciens, espaces d’étude et de recherche, le chantier des Dominicains a aussi permis de révéler des éléments remarquables disparus, notamment de spectaculaires charpentes en bois autrefois cachées et la sacristie, redécouverte pendant le chantier et entièrement reconstituée en bois.
Les Dominicains accueillent désormais un large public désireux de découvrir par une scénographie séduisante la valeur de son double patrimoine, écrit et bâti.
Etude et recherche
Au premier étage, salles de lecture et documents écrits ou graphiques se répartissent autour du cloître. Les anciennes salles de lecture et de consultation du 1er étage sont réaménagées et restructurées.
Le parti architectural unifie les espaces et les met en valeur notamment par la suppression du plancher des combles révélant la richesse de la charpente et la qualité spatiale des volumes de l’ancien couvent. Lecteurs et chercheurs bénéficient d’un lieu d’étude et de travail au décor exceptionnels.
Parcours muséal
Le rez-de-chaussée du couvent accueille sur 500 m² une exposition permanente des livres et incunables les plus précieux, du Moyen-Âge au XVIIIe siècle présentés dans un parcours scénographique révélant l’histoire du livre et son évolution.
Sacristie
Outre la restauration des spectaculaires charpentes en bois autrefois cachées, le chantier a permis de révéler des éléments remarquables disparus. Point d’orgue du parcours muséal, la sacristie a ainsi été redécouverte pendant le chantier et entièrement reconstituée en bois par Stefan Manciulecu (ACMH).
Le visiteur peut ensuite prolonger sa visite par le cloître et son jardin, les fresques de l’ancienne chapelle et observer l’activité de l’atelier de reliure. Le Jardin des Simples, verger reconstitué, vient clôturer ce parcours bouclé qui revient à l’accueil.
Conservation
La conservation des fonds a constitué l’enjeu majeur de l’opération. Il a fallu concevoir un ensemble cohérent, hiérarchisé, sécurisé et performant.
Le bâtiment annexe, sur l’emplacement des anciennes écuries du XIXe siècle constitue un véritable « silo à livres ». Cette extension contemporaine habillée d’une vêture en bois brûlé abrite sur cinq niveaux (deux de sous-sol et trois en superstucture) l’essentiel des collections courantes dans des magasins qui comptent 9 km linéaires d’ouvrages. Ces locaux de conservation sont équipés d’un système de régulation thermique et hygrométrique.
Une passerelle aérienne relie le premier étage au couvent, permettant la liaison des deux parties du site et fais office de signal sur le parvis qui mène à l’entrée.
La réserve du fonds ancien est installée à l’étage du couvent et mise en scène par de larges cimaises vitrées qui dévoilent cette collection d’une extrême rareté et participent visuellement et symboliquement du parcours des chercheurs et visiteurs.
Les autres magasins sont répartis dans les combles qui abritent également une zone de conservation ultra sécurisée pour la mise à l’abri des plus précieuses collections.