Pour ceux qui sont parvenus cet été à se déconnecter quelques semaines ou quelques jours, et pour les distraits, voici en bref les infos immanquables concernant l’architecture publiées en cet été 2019 par la presse locale et nationale durant la vacance de Chroniques. Pour tout savoir de ce qui s’est passé en notre absence.
25 juillet – Du haut des pyramides d’Euseigne, 80 000 ans contemplent le touriste
Le Nouvelliste nous apprend qu’à Hérémence, c’est le projet du bureau Fournier et Maccagnan (Pascal Fournier, Sandra Maccagnan), basé à Bex, qui a remporté le concours d’architecture pour la valorisation des pyramides d’Euseigne. Pyramides ? A Hérémence ? Où ça ?
Euseigne est un village de la commune d’Hérémence dans le canton du Valais en Suisse. Le village est célèbre pour ses «pyramides», de petits reliefs naturels en forme de cônes d’une hauteur de 10 à 15 mètres, surmontés d’une pierre et formés par la dégradation de moraines. Un petit tunnel routier passe même sous l’une d’elle. Ces formations, nommées ici «demoiselles coiffées» ne sont pas sans rappeler en Bretagne les cheminées de la Roche aux Fées. Une poésie qui traduit la curiosité villageoise. Sauf qu’aujourd’hui, tout est bon pour attirer le touriste de masse fatigué de Barcelone, de Bilbao ou de la Toscane.
Alors, pour les pyramides d’Euseigne, le projet, qui propose de ‘renaturaliser’ le site, comptera une structure d’accueil abritant une boutique, un bar terrasse, un espace d’exposition ainsi qu’une salle de projection, le tout sis dans la future zone touristique à l’entrée du village.
La route sera-t-elle assez large pour accommoder tout ce monde-là ?
26 juillet – De l’architecture chromatinienne tridimensionnelle des îlots humains
La variation génétique dans les «hubs» a un impact sur l’héritabilité de la sécrétion d’insuline et les annotations dans les hubs peuvent être utilisées pour les scores polygéniques prédictifs du risque de DT2 induit par les variants régulateurs des îlots. L’architecture de la chromatine en 3D d’îlots humains fournit donc un cadre pour l’interprétation des signaux fournis par les études d’associations pangénomiques du diabète de type 2. Du moins selon Egora, site d’informations médicales et professionnelles.
Heureusement que l’architecture n’est pas laissée à la science car personne n’y comprendrait plus rien. L’architecture chromatinienne cependant pour nous rappeler de ne pas faire d’excès pendant les vacances…
27 juillet – The Boss à l’UNESCO
Huit œuvres architecturales du XXe siècle de l’architecte Frank Lloyd Wright ont été intégrées à la liste des sites culturels du patrimoine mondial de l’UNESCO, a annoncé l’institution le 7 juillet 2019. Comme il ne se passait rien de rien le 27 juillet, un samedi, c’était donc l’occasion de (re)découvrir les huit ouvrages sélectionnés : le Musée Solomon R. Guggenheim, New York ; Falling Water, Mill Run, Pennsylvania ; Unity Temple, Oak Park, Illinois ; Taliesin, Wisconsin ; Frederick C. Robie House. Chicago, Illinois ; Hollyhock House, Los Angeles, Californie ; Herbert and Katherine Jacobs House, Madison, Wisconsin ; Taliesin West, Scottsdale, Arizona.
Pour les amateurs, une petite galerie et les détails sur le site de l’UNESCO
28 juillet – Nouvel couché par Shéhérazade
Le magazine Numéro, c’est son nom, sous la plume de Thibaut Wychowanok publie un article intitulé Immersion dans le musée de Doha avec Jean Nouvel. Il s’agit ici du récit de l’inauguration vue par la presse people.
En voici les deux premiers paragraphes :
«C’est l’histoire d’un émir, d’une ancienne Spice Girls, d’un président français, d’un top model, d’un acteur hollywoodien et d’un activiste chinois réunis à Doha pour l’éclosion d’une rose des sables.
Ce pourrait être le début d’un conte arabe contemporain, ou plus prosaïquement d’une blague belge. Belges, Arabes, Américains ou Français, le 27 mars, tous les happy few de la planète se sont retrouvés à l’inauguration du Musée national du Qatar, splendide réalisation architecturale de Jean Nouvel. Les 539 disques de béton renforcé d’acier, de 14 à 87 mètres de diamètre, et le kilomètre et demi de parcours muséal donnent une idée de l’ampleur du lieu dont l’inauguration a réuni l’émir du Qatar, Tamim ben Hamad Al-Thani, Victoria Beckham, Nicolas Sarkozy, Naomi Campbell, Johnny Depp et Ai Weiwei, mais aussi Miuccia Prada, Jeff Koons et Damien Hirst».
Une blague belge ? En vrai, un conte de fée à l’eau de rose.
29 juillet – Pendant les vacances, les travaux continuent
L’Essor, hebdomadaire d’informations locales et régionales dans trois départements (Loire, Rhône et Isère), dévoile les quatre groupements retenus par Poste Immo, filiale immobilière du Groupe La Poste, en collaboration avec la Ville de Grenoble et la Métropole, pour le devenir de l’ancien Hôtel des Postes de Grenoble.
Pour les heureux élus, il s’agit de GCC Immobilier (avec Edelis, Cuynat construction, les cabinets Franklin Azzi Architectes, Roda Architectes et le paysagiste BASE), GR Projets immobiliers (avec les cabinets ECDM architectes, WIMM et MEMO architecture), Keys Reim (avec Pitch promotion et les cabinets Dream et Hubert & Roy architectes), et Quartus Ensemblier Urbain (avec François Chatillon Architecte et Link Architectes).
Le lauréat sera désigné début 2020. Bonne chance à tous !
30 juillet – Odile Decq, plus intuitive que doctrinaire
Il fallait se lever de bonne heure pour être au rendez-vous des Matinales de France Inter, Pierre Weill recevant Odile Decq dès potron-minet. Exercice difficile que de parler d’architecture au grand public, en 20 mn à l’heure du café, au travers d’une vaste variété de sujets, le premier étant la canicule, évidemment. Dans ce cadre, Odile Decq s’est montrée pédagogue – stop à l’artificialisation des terres, la densité signifie la hauteur, il faut penser la ville en 3D, l’intérêt d’une terrasse plantée est l’agrément des usagers de l’immeuble, faire la différence entre ce qui relève du rôle de l’architecte et sauver la planète, qui relève de l’effet d’annonce, etc. Les hommes et femmes de l’art n’apprendront rien ici mais répondre au débotté aux questions lambda des auditeurs ne peut pas être un numéro savant.
Deux choses. Quand lui est posée la question de pourquoi 60% d’étudiantes ne sont plus que 40% d’architectes et seulement 10% de cheffes d’agence, Odile Decq explique que filles et garçons ne sont pas soumis aux mêmes injonctions. «Aux filles, nous leur disons qu’il faut faire attention, aux garçons qu’il faut y aller», dit-elle. Que les parents de fille et garçon la démentent. Enfin, c’est l’occasion d’apprendre que son école est transférée dès début septembre 2019 de Lyon à Paris et d’écouter sa description de l’étudiant d’aujourd’hui, et les raisons pour lesquelles c’est à l’enseignement de s’adapter à lui et non l’inverse.
31 juillet – Pour la virée à Vire, ce sera pour une autre fois
Ce titre alléchant de Ouest-France : Vire. Judith Wach, l’architecte qui dépoussière le centre-ville.
Et ce chapô : Viroises de l’ombre. Tout l’été, retrouvez chaque semaine un portrait de femme qui travaille en coulisses à Vire pour partager avec le plus grand nombre sa passion. Aujourd’hui, portez un nouveau regard sur le centre-ville reconstruit avec l’architecte du patrimoine Judith Wach. Super !
Hélas nous n’en saurons pas plus car cet article, publié dans l’édition de Vire, Normandie, petite ville de 17 000 habitants, est réservé aux abonnés du journal. Et comme il est impossible de s’abonner à toute la presse régionale…
Pour le coup, n’en sachant pas plus sur cet intrigant ‘dépoussiérage’, nous ne ferons pas le détour par Vire sur la route des vacances.
1 août – Balance ton trump
L’info a fait le tour des rédactions, de l’Union à France-Soir, de Ouest-France à France 24. Une série de photos et vidéos publiées lundi 29 juillet sur Instagram par Ronald Rael, professeur d’architecture à l’Université de Californie à Berkeley, montre des balançoires roses à bascule installées entre les parois du mur séparant le Mexique des USA, et des enfants et adultes jouant ensemble de part et d’autre de la frontière. Rose les balançoires !
Se souvenir toujours que les puissants ne craignent rien ni personne sinon le ridicule.
2 août – Gigot-bitume à Vézelay
C’est le dernier jour du chantier annuel de restauration des remparts de Vézelay, dans l’Yonne, nous apprend France Bleu. Depuis 2013, l’association Vie et Patrimoine à Vézelay accueille et encadre jusqu’à onze bénévoles chaque été pour restaurer les nombreux segments des murailles qui appellent une intervention urgente et en profondeur.
Le travail est physique. «C’est un peu difficile mais le chef de chantier est là pour nous aider à contrôler nos efforts, à ne pas aller au-delà de nos limites», indique Myriam, étudiante en architecture marocaine de 18 ans venue de Marrakech, citée par la radio. «Cela nous aide à apprécier les gens qui travaillent sur les chantiers. En tant que futurs architectes, on nous demande juste de théoriser. Mais là on voit comment cela se passe dans la réalité», dit-elle.
Au moins pour Myriam la question ne se pose pas : être architecte, c’est construire.
3 août – Trouver du beau dans l’architecture industrielle
A partir de ce jour et jusqu’au 22 septembre, 25 guides bénévoles d’ArchitecTours font découvrir huit parcours industriels de Montréal. L’objectif est de montrer comment des quartiers entiers se sont transformés au cours des années.
Le Technopôle Angus, le Silo no 5, les grands immeubles industriels le long du canal de Lachine… Montréal regorge de bâtiments qui témoignent de son ascension industrielle. ArchitecTours met ces lieux à l’honneur à travers ses circuits ‘Montréal au boulot’, précise Radio Canada.
Le silo 5 notamment, construit depuis 1903 sur une période de plus de 50 ans dans l’ouest du Vieux-Port, témoigne de l’exceptionnelle technologie utilisée dans la construction des silos à grains des XIXe et XXe siècles, notamment lorsque furent construits les derniers silos en acier au Canada.
Bref, pour les amateurs.
4 août – Brèves viZites architecturale de Port-Leucate
‘De sympathiques ViZites (dé)guidées pour une découverte originale et décalée de l’architecture à Leucate’. Telle est la promesse de la brève publiée aujourd’hui dans L’indépendant, quotidien catalan.
«Jeudi, se sont déroulées les toutes premières ViZites (dé) guidées de Port-Leucate, deux visites décalées, spectaculaires et uniques en leur genre, proposées de la Cie iZi, une le matin, l’autre l’après-midi. L’objectif était de faire découvrir au public l’incroyable architecture de Port-Leucate, qui est l’une des seules stations languedociennes à s’enorgueillir d’un patrimoine bâti, et son histoire locale, le tout de manière ludique, enchanteresse et poétique, lors d’un spectacle détonant et plein d’humour. Pour le plus grand plaisir des participants âgés de 7 à 77 ans, savoir, humour, légèreté, bonne humeur et sensations circassiennes interactives avec le public ont été au rendez-vous !»
Voilà tout l’article ! Comme quoi, parler d’architecture au grand public n’est pas si compliqué. Si les institutions de l’architecture ne savent pas comment faire, contacter la Cie iZi au 06 78 34 64 26. A Toulouse et partout en France.
5 août – Un message de WALL-E
Un communiqué de presse au titre aguicheur : ‘Services d’architecture Industrie Croissance du marché mondial, taille, part, demande, tendances et prévisions jusqu’en 2025’. Ca c’est de l’info coco.
«Le rapport de recherche sur le marché mondial de 2019 de services d’architecture présente une analyse approfondie de la taille du marché, de la croissance, de la part, des segments, des fabricants et des technologies, des tendances clés, des facteurs de marché, des défis, de la standardisation, des modèles de déploiement, des opportunités, des futures Prévisions 2025», indique le site www.thetfordactu.com. Super !
«Le rapport mondial d’études de marché sur le marché 2019 du secteur est réparti sur plusieurs pages et fournit des statistiques vitales exclusives, des données, des informations, des tendances et des informations détaillées sur le paysage concurrentiel de ce secteur de niche», poursuit l’article, ou plutôt ce qui y ressemble.
En effet, pour acheter le rapport, il en coûte 39 dollars. Qui plus est, ce rapport ‘statistiques’ est issu d’une recherche mondiale 2019 sur le marché des mots clés, lequel est censé fournir «un aperçu de base du secteur, y compris des définitions, des classifications, des applications et la structure de la chaîne industrielle». Tout étant fait automatiquement par des robots, pour $39, c’est cadeau.
L’occasion de s’apercevoir que l’article lui-même est écrit par un robot, qui a d’ailleurs l’élégance de signer BoXpgkLRdr.
Demain sera un autre jour.
6 août – Home Sweet Home 2030
Communiqué de presse – Franck Riester, ministre de la Culture, a félicité la veille l’équipe Habiter 2030 constituée de l’ENSAP de Lille et des Compagnons du Devoir de Villeneuve d’Ascq, lauréate le 28 juillet à Budapest du Solar Decathlon Europe 2019.
Sur les dix épreuves de cette compétition académique internationale où des équipes pluridisciplinaires d’étudiants imaginent des prototypes d’habitat pour un avenir décarboné, H2030 s’est distinguée notamment sur trois critères : circularité et soutenabilité, intégration urbaine et impact, et le bilan énergétique.
«L’équipe Habiter2030 s’est attaquée à la question des maisons de ville mitoyennes, généralement en brique, caractéristiques de l’époque industrielle, souvent mal isolées qui nécessitent aujourd’hui une réhabilitation massive pour lutter activement contre le réchauffement climatique», indique le communiqué.
Pendant deux ans, deux cents étudiants, architectes, ingénieurs, designers, politistes et jeunes Compagnons ont construit une réplique des maisons de ville en optimisant sa construction d’un point de vue énergétique. Ils ont projeté une isolation privilégiant le sol et le toit avec des isolants écologiques à base de coton recyclé, dressé des enduits à base de chanvre, des rideaux pour moduler les espaces selon les usages et les saisons. Une serre permet d’agrandir la maison sur le jardin.
Bravo à tous ! Mais bon, pas un mot sur la biodiversité, vous pensiez à quoi les jeunes ?
7 août – Les Chinois hors-concours à Notre-Dame
Ce titre : Deux architectes chinois remportent le concours de design pour Notre-Dame. Quoi ? Comment ? Des Chinois ?
Fake News ? Pas du tout. Les architectes chinois Cai Zeyu et Li Sibei ont remporté le Concours ‘populaire’ de design Notre-Dame du peuple (People’s Notre Dame Design Competition) avec un projet spectaculaire de reconstruction du toit et de la flèche de la cathédrale Notre-Dame de Paris, intitulée «Paris Heartbeat», nous apprend le site French.China.org.
L’article précise que le projet «Paris Heartbeat» présente trois travaux de restauration de haut en bas : une nouvelle flèche avec une capsule de temps de Paris, une tour de kaléidoscope de la ville et un toit en miroir. A l’aide de la technologie de sustentation magnétique, la capsule, conçue pour être ouverte tous les demi-siècles, pourrait flotter au sommet de la flèche.
«Nous croyons que l’incendie de 2019 a marqué une nouvelle ère pour Notre-Dame», ont déclaré les architectes chinois, cités par Spoutnik, un média russe, lors de leur présentation.
Notre-Dame du peuple ! Il fallait y penser tant une capsule flottante serait apte à redonner la foi autant à ceux qui croient aux étoiles qu’à ceux qui croient au ciel.
8 août – A Paris comme au Caire, et vice-versa
Ca roule, ou plutôt ça pousse, pour le fameux architecte italien Stefano Boeri. En effet, dévoile Afrik21, le cabinet d’architecture Stefano Boeri Architetti va installer une «forêt verticale» au cœur de la nouvelle capitale administrative de l’Égypte en cours de construction près du Caire.
«Nous concevons la première forêt verticale égyptienne d’une manière unique et sans précédent. Il s’agira principalement de trois bâtiments de 30 m de haut, alliant parfaitement nature et architecture. Entourées de centaines de plantes vertes et d’arbres sur les balcons et les fenêtres, les forêts verticales limitent la pollution dans les zones urbaines», explique Stefano Boeri.
La ville nouvelle est prévue pour accueillir 6,5 millions d’habitants, dont la plupart seront heureux de regarder du sol ou au loin cette ‘forêt’ en lévitation dans le ciel et réservée aux habitants et clients des hôtels et appartements de luxe.
9 août – Même pas tranquille pour cultiver son adorable jardin
L’article de Kanpai, une sorte de guide de voyage au Japon, commence gentiment, décrivant les charmes de Taketomi-jima, une petite île d’à peine plus de 6 km² de l’archipel Yaeyama, située juste au large d’Ishigaki-jima, au sud-ouest de la préfecture d’Okinawa au Japon. Bref, elle est loin de tout. L’île est cependant réputée pour son village à l’architecture traditionnelle Okinawaïenne préservée et ses plages aux eaux turquoise. Une destination parfaite, nous explique l’article, pour une pause détente, «au rythme de la douceur de vivre locale». Une photo engageante et l’article peut dérouler la machine à rêver.
Pourtant, après une longue description de ce «petit havre de paix traditionnel d’Okinawa», le coup de bambou. Depuis 2014, un projet de construction d’un vaste complexe hôtelier de style ‘resort’ est envisagé non loin de la plage Kondoi, la seule où la baignade est possible au sud du village. Depuis cette date, les 400 habitants de l’île, qui ne veulent pas succomber au tourisme de masse, sont vent debout contre le projet.
Même au milieu de nulle part, surtout au milieu de nulle part, ils ont sans doute raison de s’inquiéter. Bonne chance quand même…
10 août – Grands frissons au Vietnam
Justement, dès le lendemain, exemple au Vietnam, avec Deavita, l’un de ces magazines arts et mode de vie qui entretiennent la machine à rêver.
Ainsi commence l’article de Claire Xavier : «Rien de tel qu’une île minuscule à la beauté remarquable située dans l’archipel de Cat Ba. Ce petit coin de paradis abrite quelques constructions fascinantes dont l’architecture écologique ne peut pas passer inaperçue». Architecture locale, patrimoniale ?
Non, l’auteure parle de l’architecture du Castaway Island Resort qui peut aujourd’hui accueillir jusqu’à 160 personnes. Vue splendide évidemment. Cette architecture écologique est signée de l’agence vietnamienne VTN Architects, fondée par l’architecte Vo Trong Nghia à Ho Chi Ming Ville.
Rien à redire sans doute sur l’aspect écolo de l’ouvrage et sa structure en bambou mais remarquer cependant que le ‘resort’ n’est accessible qu’en bateau. Il n’est même plus besoin pour les clients de rencontrer des habitants, sauf ceux qui font la cuisine et nettoient les chambres. Un bâtiment exactement et parfaitement autiste apte à rassurer les voyageurs tout en leur donnant l’impression d’un voyage en terre inconnue. Misère !
11 août – Chef-d’œuvre en péril à Mûr-de-Bretagne
La chapelle Sainte-Suzanne de Mûr-de-Bretagne (Côtes-d’Armor), surnommée «la chapelle sixtine bretonne» en raison de sa magnifique voûte peinte, classée au titre des monuments historiques en 1952, est le plus bel élément patrimonial de toute la région de Loudéac. Comme son état laissait à désirer, une association locale a entrepris d’envisager sa restauration et avait mandaté en octobre 2018 le cabinet Archaeb (Architecture du patrimoine, agence de Frédéric Le Bec) pour un diagnostic sur l’état des lieux. Actu.fr/Bretagne dévoile le résultat des travaux de l’homme de l’art.
Pour le coup, rien ne va plus. Des infiltrations d’eau par le toit et par les sous-sols, un sol meuble pour lequel le clocher est trop lourd (dit autrement, la chapelle a été construite au mauvais endroit), une charpente à refaire entièrement nécessitant une dépose complète de la couverture et des pannes de la charpente. La pose d’un échafaudage parapluie est même suggérée par l’architecte durant la restauration.
Quant à la voûte lambrissée, poursuit l’article, «étant donné l’état très fragile des bois en résineux de cette voûte lambrissée, il est préconisé une restauration sur place par le dessus pour la consolidation des bois, sauf pour les lames de la croisée du transept qui sont plus récentes et qui pourraient donc être déposées pour être restaurées». Y a plus qu’à !
L’article ne donne pas d’estimation du coût du projet. Les subventions du ministère ? L’Etat n’a plus un rond. Les collectivités locales ? Elles seules n’y suffiront pas ? Un mécène ? Une fondation ? A Mûr-de-Bretagne ? La charité chrétienne alors ? Allo le pape ? «Ding ding dong, ce numéro n’est pas attribué…»
Allo Stéphane Bern peut-être ? Ah bah non, ça, c’est déjà fait. En 2018, la chapelle était sélectionnée par le loto du patrimoine sur seconde liste. En 2019, la caravane est apparemment déjà passée et pour les Mûrois, à part pour les vœux pieux, le plus dur est maintenant devant eux.
12 août – Humour et architecture sont comme épingle et botte de foin
Ce titre dans le Télégramme : Maison du Gouverneur. L’exposition de Michaël Hébert allie humour et architecture
Humour et architecture ? Allons bon !
Voici l’article en intégralité : Rue du Petit-Fort, la Maison du Gouverneur offre aux visiteurs la fantaisie et l’humour de Michaël Hébert, un architecte de Pleugueneuc, diplômé d’État, qui signe des toiles colorées représentant des immeubles habités par une multitude de petits personnages très drôles, rappelant l’univers de la bande dessinée. D’autres tableaux détournent des affiches avec le même talent. En parallèle à l’exposition, Michaël Hébert vend aussi ses carnets de voyage richement illustrés sur Dinan, Saint-Briac, Dol-de-Bretagne, le Val-André et même Venise.
L’article ne compte qu’une petite photo qui ne montre pas grand-chose sinon la bonne bouille de Michaël Hébert. Son site est en construction donc, pour en savoir plus, passer par Pleugueneuc, Ille-et-Vilaine, et demander l‘architecte.
13 août – Pas de grand soir pour les architectes
Un communiqué de presse de l’Association des Architectes en pratique privée du Québec (AAPPQ) alerte l’opinion : Contrats publics d’architecture et d’ingénierie – Experts et organisations s’inquiètent : La règle du plus bas soumissionnaire menace toujours
«Un an après le retrait du projet de règlement qui aurait autorisé les deux plus importants donneurs d’ouvrage publics au Québec à octroyer des contrats de services professionnels sur la base du plus bas soumissionnaire, l’AAPPQ et l’Association des firmes de génie-conseil – Québec (AFG) demandent au gouvernement de prendre position en faveur de la qualité et de la durabilité», explique l’AAPPQ.
Architectes de tous les pays, même combat ! Bonne chance quand même…
14 août – Une pyramide orthodoxe pour Ekaterinbourg
Les architectes russes, s’ils manquent singulièrement de réussite hors de leurs frontières ne manquent ni de culot ni d’imagination. En témoigne ce projet d’église orthodoxe imaginé par le cabinet Rock, fondé par deux femmes architectes d’Ekaterinbourg, et dévoilé par Russia Beyond.
«On nous a proposé de fantasmer sur une église orthodoxe futuriste, nous avons décidé de ne pas y aller de main morte… Après avoir étudié la vie de sainte Catherine, nous avons décidé de placer des vitraux sur la façade ouest sous la forme d’une iconostase qui raconte son martyre. Il est nécessaire de noter que le temple est conçu en observant les canons de base», explique les architectes.
Reste à choisir parmi les trois lieux susceptibles d’accueillir l’édifice, celui d’une ancienne usine ayant les faveurs de l’agence.
Et Notre-Dame du Peuple, elles y ont pensé les architectes de Rock ?
15 Août 15 – Genia Averbuch, ça vous dit quelque chose ?
Pour les amateurs du Bauhaus, qui n’ont pas encore tout avalé du centenaire, lire la série de l’excellent Stéphane Baillargeon, critique au Devoir, quotidien de référence de Montréal. Nulle obligation de commencer par le premier article. En ce jour d’Assomption de Marie qui laisse le pays endormi, tomber sur ce titre : Tel-Aviv et ses 4 000 immeubles d’inspiration Bauhaus. 4 000 ?
Cette visite guidée de Tel-Aviv, qui abrite la plus grande concentration mondiale d’immeubles de style dit Bauhaus ou international, commence avec l’architecte Genia Averbuch, née dans l’Empire russe en 1909, en même temps que la ville de Tel-Aviv. Pour la suite de ses aventures, et les autres articles de la série, c’est ici.
16 août – La ville n’est pas un parc à thème
France Culture, dans sa rubrique Architecture, propose dans le cadre d’une série consacrée au célèbre fondateur du studio qui porte son nom, un article de Tatiana Chadenat intitulé Walt Disney, le dessein urbain.
L’auteur rappelle qu’après les parcs à thème, dans sa volonté de «construire le futur», à la fin de sa vie, Walt Disney entreprit de bâtir la ville du futur. Son nom : E.P.C.O.T, une communauté utopiste, «planifiée et contrôlée». EPCOT ne verra jamais le jour. Henry Ford avant lui avait essayé de créer une ville en Amazonie, Fordlandia. Il avait déjà également échoué, comme nombre d’autres entrepreneurs avant eux. Pas grave, chacun des Big bosses des GAFA nous en invente une autre….
17 août – la poste, monument en péril ?
A Dinard, annonce le Télégramme, c’est aujourd’hui le dernier rendez-vous de la série estivale Carnet d’Architecte. La visite guidée est cette fois consacrée à La Poste et à l’architecture d’après-guerre. «À partir de documents d’archives et de l’histoire du bâtiment, livrés par la guide, les participants le dessineront à main levée. Une manière idéale d’en comprendre la construction et de traquer les détails», indique l’article.
Les participants ont bien raison d’en profiter car qui sait à quoi ressemblera bientôt leur poste. En effet Poste Immo, l’opérateur global immobilier du Groupe La Poste, a lancé nombre de consultations (voir plus haut) pour redéfinir, à l’heure de l’email, l’usage de ses bâtiments souvent obsolètes, disproportionnés et, comme à Dinard, à la modernité mal vieillissante. Les concepts contemporains feront-ils mieux l’affaire ? A voir dans 50 et 100 ans, le cachet de la poste faisant foi.
18 août – De la brique ocre au rouge brique, pataquès au Caire
Ce dimanche, le gouvernement égyptien a dévoilé les travaux de restauration en cours du Palais du Baron Empain à Heliopolis. Ce palais, aussi appelé «Villa hindoue», est situé dans le quartier huppé d’Héliopolis dans l’est de la capitale. Construit en 1907 par le baron belge Édouard Empain, inspiré du temple Angkor Vat, au Cambodge, il marie les architectures hindoues et européennes.
Le Figaro nous apprend que le projet fait l’objet de critiques virulentes sur les réseaux sociaux, notamment à cause de la nouvelle couleur de l’ouvrage, le rouge brique étant jugé non conforme à l’esprit originel du bâtiment, dans les tons beige. Le ministre des Antiquités, Khaled el-Enany, s’est défendu en qualifiant les critiques en ligne de «fausses informations». Avant restauration, ce chef-d’œuvre architectural se trouvait dans un état de sérieux délabrement, rappelle l’article.
Comme quoi, même en dictature, jamais tranquille avec l’architecture !
19 août – Entente cordiale dans les Alpes-de-Haute-Provence
TPBM (Travaux Publics & Bâtiments du Midi) propose un portrait de l’architecte Benoît Séjourné qui, fondateur de l’Association d’architecture des Alpes-de-Haute-Provence (AAA), entend fluidifier les relations entre les architectes. «L’essentiel est d’échanger car inutile de vous dire qu’il peut y avoir des tensions entre les individus à l’issue des concours», explique-t-il.
Tout l’intérêt de l’association est «de passer de bons moments ensemble, d’échanger sur nos pratiques et, surtout, d’apprendre à mieux se connaître», indique cet «architecte rural et généraliste» motivé à semer la concorde.
Bonne chance à lui !
20 août – Retour au bureau, plus rien ne nous échappera plus jusqu’à l’année prochaine.
Christophe Leray