« Photographier, c’est raconter un récit sans mot, interpréter une situation et transmettre un regard », explique Pierre L’Excellent. C’est l’histoire d’un instant. Pour cette Carte blanche, le photographe applique à lui-même une méthode similaire mais avec, en plus des photos, quelques mots choisis …
Je ne l’avais pas remarqué.
Ce fil qui relie mes clichés.
J’entreprends l’exercice, écrire un article. Le thème est libre.
Ma matière, la photo. Je commence par elle, sélectionne mes images, affine mon choix jusqu’au corpus réduit. En tête, retenir ces clichés qui m’interpellent. Et trouver ce qui les lie.
Deux années ont passé depuis mon dernier article et, parmi tous les déclenchements de l’appareil, quelques milliers d’images ont été livrées. J’en présélectionne 60.
Trop de temps devant l’écran, les idées embrouillées et les yeux fatigués, j’imprime la planche contact et commence à entourer quelques cases.
Sans explication. À l’intuition, comme souvent.
J’en retiens huit. Partons de là.
Pourquoi celles-ci ? Que partagent-elles ?
Je griffonne quelques idées. Un brainstorming un peu aléatoire.
Puis une idée émerge.
J’aperçois un pattern.
Entre toutes ces miniatures que l’impression a rendu imprécises, une forme se répète.
Une opposition.
Dans ces images qui ont retenu mon attention, il y a un contraste majeur entre deux éléments principaux. La maison, orange et le ciel, bleu. La porte, grise, et l’escalier, jaune.
Parfois, le profil du projet dessine l’horizon et unit le sol et le ciel. Parfois arrière-plan, le ciel s’efface tandis qu’espace bâti et espace naturel entament un dialogue. Comme pour enrichir le propos, entre les deux se dresse une silhouette. Présence humaine dans cette histoire, qui donne l’échelle et parle des usages.
Ici et là, ce sont cette fois les parties qui composent l’architecture elle-même qui se répondent. Volumes conçus ensemble dans une même construction, ou extension de l’existant. Dissemblances que la photographie, par son cadrage, sa focale, souligne et s’amuse à complexifier, tantôt par la couleur (ciel bleu/passant rouge), tantôt par l’ombre et la lumière.
Cet assemblage d’un nombre restreint de teintes, volumes et formes, est peut-être une clé de lecture et d’appréciation que je porte sur mon propre travail. Une manière de composer l’image, intuitive, qui veut présenter le cliché comme une évidence. Il retrouverait en quelque sorte la simplicité qui était la sienne lorsque l’image restait en noir et blanc.
Il y a là, supposément, une piste possible.
Dans cette déferlante d’images furtives, certaines, parfois, restent suspendues.
Celles dont la composition, précise, rend le propos aussitôt intelligible.
Une invitation à s’arrêter, avec le photographe, un moment.
Et profiter de l’instant.
Pierre L’Excellent
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