A Samer (Pas-de-Calais), l’agence Joly-Loiret (Serge Joly et Paul-Emmanuel Loiret) a livré en 2019, pour C.C. Desvres Samer maître d’ouvrage, la réhabilitation et extension d’une ancienne ferme en haras d’élevage de chevaux de trait. Nichée au sein de 7,5 hectares de paysage, une réalisation de 2 500 m² (budget : 4 M€ HT) qui sent l’écurie. Communiqué.
Situation
La ferme de la Suze est un ancien relais de poste reliant Boulogne-sur-Mer à Paris sur la route du poisson. Elle est aujourd’hui transformée en haras d’élevage et de soin dans le but de préserver la race des chevaux de traits boulonnais. L’architecture y est simple, rustique, reprenant les volumes, matériaux et systèmes constructifs vernaculaires dans un vocabulaire contemporain.
Cette proposition s’inscrit dans une démarche qui vise à respecter, préserver et à mettre en valeur le remarquable contexte de l’opération. Remarquable car il incarne la spécificité d’une activité et d’une relation entre l’Homme et le cheval dans un environnement particulier qui est celui du Parc Naturel Régional des Caps et Marais d’Opale.
L’objectif visait à contribuer à faire revivre ce riche héritage et à le mettre ainsi en valeur dans un contexte où l’architecture rurale et le cheval Boulonnais sont menacés. L’architecture tire parti d’un paysage rural singulier et exceptionnel et sur l’identité du site tant du point de vue de ses spécificités architecturales, paysagères, que du point de vue des usages propre à la filière équine à développer.
Les trois axes de réflexions sont donc organisés comme suit :
– le point de vue architectural : projet développé autour de la spécificité typologique de la Ferme de la Suze (cour de ferme quadrangulaire avec angles ouverts offrant des perspectives sur le paysage) ;
– le point de vue du paysage : développement et renforcement de la maille bocagère ;
– le point de vue des usages : utiliser la spécificité et les implications fonctionnelles liées au développement du cheval de trait Boulonnais (relation Homme / cheval).
Accès, circulation et articulation des volumes
En termes d’implantation et de fonctionnement, l’organisation de l’habitation-exploitation sur un plan quadrilatère est préservée et renforcée. Les constructions neuves, construites en bois, pierres et briques, matériaux locaux, sont localisées autour de la carrière en herbe pour reformer potentiellement un deuxième quadrilatère. L’ensemble vise à constituer une architecture homogène et cohérente.
Tous les usages sont tournés sur ces « intérieurs-extérieurs », notamment la cour existante. Il s’agit ici de placer donc la vie de l’équipement en son cœur, comme il put l’être jadis en faisant se juxtaposer, sans se croiser, les différents usages publics et professionnels de manière à provoquer des situations de rencontres permettant d’habiter le lieu.
Les différentes entrées sont accessibles depuis les espaces extérieurs de parkings sans pour autant se télescoper. Cet espace extérieur de grande dimension est traité comme un paysage de boccages avec des haies vives et des arbres d’essences endogènes. La volonté était d’inscrire les stationnements dans un traitement paysagé cohérent avec le reste du site mais également de tirer parti du dispositif de gestion des eaux propre au bocage. Depuis celui-ci et la route départementale, la façade principale du bâtiment B assure une accroche publique et la vitrine commerciale de l’équipement.
Matérialité et systèmes constructifs
De par la volonté du maître d’ouvrage de développer, à terme, le potentiel touristique local, il était important pour l’agence de concevoir le projet de haras « comme une ferme » à la fois en termes de réflexion architecturale et de solutions techniques locales.
« C’est-à-dire se caler au plus près du bon sens paysan d’une certaine manière. Un bon sens lié au fonctionnement, à la simplicité des systèmes constructifs et des matériaux et à l’économie des moyens et du territoire. C’est à ce titre que nous pensons pouvoir participer à la préservation et au renforcement du patrimoine culturel régional », conclut Joly-Loiret.