En avril 2024, l’agence Faridazib (Farid Azib) a livré sur l’Île-Saint-Denis (Seine-Saint-Denis) Olympe, immeuble à doubles séquences : accueillir les sportifs durant les J.O avant de devenir une Cité des Arts Urbains. Surface : 1 470 m². Coût : 5,20 M€. Communiqué.
Le projet de Centre des Arts Urbains se situe dans la partie sud de l’écoquartier fluvial de L’Île-Saint-Denis. La place principale, la place de la Batellerie, est au centre de cinq bâtiments aux fonctions différentes : des bureaux, des résidences étudiantes, un hôtel, une base nautique et le Centre des Arts Urbains.
Prévu bien avant que Paris 2024 ne décide d’y installer une partie de son village olympique pour une durée de deux mois, ce site, initialement destiné à une ZAC et initié par Plaine Commune, a connu une nouvelle évolution dans ce contexte. Ainsi, le secteur privé a été invité à s’emparer de l’équipement culturel initialement prévu sans programmation précise, et il a fallu lui articuler une réponse architecturale en créant des plateaux libres propices à une modularité et une polyvalence maximales.
La vocation du bâtiment est donc double et en deux séquences : d’abord, accueillir les athlètes le temps des épreuves (JO et Paralympiques), puis ouvrir, après quelques transformations mineures, une Cité des Arts Urbains durable, qui fera office de point focal pour le quartier, en mélangeant tous types de publics… Ainsi ce bâtiment en béton de cinq étages et d’une hauteur de 24 mètres s’appuie symboliquement sur les qualités des athlètes et leurs capacités athlétiques de souplesse, de puissance et de résistance.
Compression/Tension/Extension
Les Jeux Olympiques ont fortement inspiré la conception architecturale, toujours nourrie d’allégories fortes. Le bâtiment doit avant tout se prêter à une capacité d’accueil et de mutabilité, à des transformations possibles et à une polyvalence. Un espace « capable » de s’adapter aux usages futurs à travers une forme de pureté et de simplicité. La conception s’appuie sur la métaphore corporelle des postures sportives et constitue un plan directeur qui peut se résumer en ces trois mots : compression, tension et extension.
Compression, car tel un sportif au départ d’une course, un bâtiment doit être bien posé, ancré de tout son poids dans une concentration d’énergie assurant sa stabilité et son équilibre. Cela implique de travailler sur la gravité et de gérer la répartition des poids. Le Centre des Arts Urbains, posé sur un socle accueillant et très perméable, s’ouvre sur la place de la Batellerie et se prolonge par un espace de circulation propice à l’accueil d’événements. L’enveloppe qui ceinture le rez-de-chaussée autour de l’espace d’évolution est constituée d’une résille en acier inoxydable rétractable sur la place et entièrement dépliable. Des poteaux porteurs sculptés soutiennent les planchers autoporteurs, tendus jusqu’à leurs limites, qui semblent flotter. Le béton a une teinte naturelle, grise et brute.
De même, la notion de tension concerne autant le sportif que la construction : tirer les métaux des charpentes pour les contracter vers le haut permet de stabiliser les poids… L’extension est à prendre ici dans un sens plus symbolique : elle représente l’imaginaire et l’étendue des possibles de toutes les activités culturelles qui se développeront dans le futur.
Cinq étages libres, réversibles et modulables
La construction du village olympique comporte deux étapes distinctes : les Jeux olympiques et le Centre des Arts Urbains. Son organisation fonctionnelle, ses façades, sa distribution et ses espaces extérieurs restent inchangés. Pendant les Jeux olympiques et paralympiques, tous les espaces pourront être utilisés comme logements, en fonction des besoins de Paris 2024. Au rez-de-chaussée + 2 (R+2), le plus grand espace sera utilisé comme espace de bureaux. La toiture, inaccessible, ne servira qu’à la production d’énergie solaire renouvelable. Pendant la phase Centre des Arts Urbains, le programme du bâtiment sera définitivement mis en place.
Calqués sur le rez-de-chaussée – librement accessible et pouvant accueillir toutes formes d’activités libres (forum par exemple), avec possibilité d’une scène – les étages jouent sur les hauteurs et, grâce à leurs larges ouvertures, agissent comme des extensions de l’espace public en contrebas. Les étages supérieurs sont soumis à des contrôles d’accès et sont fermés au public. Ils disposent d’une entrée séparée, indépendante de l’aire de jeux.
Au premier étage, se trouve un espace sportif polyvalent principalement dédié à la danse urbaine (breakdance), avec des circulations verticales de chaque côté. Le deuxième étage abrite huit studios et ateliers allant de 22 à 40 m², accessibles par un espace exposé au nord sur la place. Ce sont des lieux de travail pour les artistes, sportifs ou porteurs de projets – créatifs, culturels, événementiels – en résidence et pour les personnes hébergées au Centre des Arts Urbains. Ce sont des espaces réversibles et modulables. La salle polyvalente du niveau 3 est dédiée à l’accueil des groupes et à la promotion d’événements et d’activités diverses. Le quatrième niveau est un espace festif dédié à la restauration. Il peut être privatisé par les différents acteurs du Centre des Arts Urbains.
À tous les étages, de grands rideaux aux couleurs différentes, or, argent et bronze, en référence aux médailles olympiques, seront installés. Ce système fait office d’occultation et de séparation, ainsi que d’isolant thermique et sonore. Il permet de moduler les espaces et de jouer sur les lumières et sur leurs reflets. Au sein d’une structure en béton brut, cette stylisation colorée, à la fois décorative et fonctionnelle, définit l’identité et l’esthétique générale du bâtiment.