La galerie Betts Project présente à Londres une exposition sur le travail de l’architecte français Jacques Hondelatte (1942-2002), l’un des architectes français qui a le plus marqué sa génération.
Peu connu du grand public, essentiellement publié dans les revues spécialisées, il demeure pourtant une référence pour ses pairs, élèves et amis, dont Jean Nouvel, Anne Lacaton, Jean-Philippe Vassal, Epinard Bleu, Duncan Lewis ou Rudy Ricciotti.
Il laisse derrière lui une œuvre radicale que Jean Nouvel, compagnon de longue route avec qui il conçut notamment, en 1984, un projet de lycée à Pessac, près de Bordeaux, définit comme «une architecture qui passe par l’abstraction et la parole et non plus par des croquis».
«Ce qu’il y avait d’incroyable avec Jacques, se rappelle Mathieu Perez, son élève autour des années 1990 à l’école de Bordeaux, c’est qu’il était capable de déceler dans le travail de ses étudiants, qui parfois nous semblait assez médiocre, toujours matière à s’émerveiller. Il avait cette faculté à trouver dans nos projets ce qui pouvait les ré-enchanter sans sacrifier à la rigueur nécessaire. Encore aujourd’hui, cette énergie et cette poésie me portent».
Pionnier de l’architecture numérique en France dès le milieu des années 1980, Jacques Hondelatte voit peu à peu son travail reconnu par la profession. Il reçoit en 1998 le Grand Prix National de l’architecture et, la même année, l’Institut Français d’Architecture lui consacre une exposition personnelle sous le commissariat du critique Patrice Goulet, qui a beaucoup œuvré à la transmission de son travail.
L’exposition voyage en Europe et, en 2002, Patrice Goulet signe l’excellent ‘Jacques Hondelatte. Des gratte-ciel dans la tête’, monographie exhaustive et critique qui reste aujourd’hui le seul ouvrage de référence sur l’œuvre de l’architecte bordelais. En 2004, le Centre George Pompidou acquiert une série de plans et images des projets de l’architecte, parmi lesquels le tribunal de Grande Instance de Bordeaux (1988-1990), la mise en insularité du Mont Saint-Michel (1991), la bibliothèque de Jussieu (1992) et le viaduc de Millau (1994).
Patrice Goulet décrit Jacques Hondelatte comme un enchanteur, cachant bien son jeu : «Certes, il se montre innocent, désinvolte, toujours curieux, perpétuel amoureux, l’œil malicieux, toujours aux aguets, enthousiaste, éternel explorateur, inventeur, découvreur. Pourtant ses projets indiquent avec évidence qu’il est radical quant au processus de leur élaboration, intransigeant quant à la pertinence du concept, maniaque quant à la rigueur, l’exactitude et la précision des dessins, méticuleux quant à la justesse des détails, passionné quant à l’absolue économie du projet».
Cette exposition est l’occasion de dévoiler des documents d’archive inédits et des projets inconnus. Les œuvres exposées gravitent autour de deux installations. En les parcourant, le visiteur trouve entre autres des images du jardin du foot (1994), jardin dans lequel les arbres deviennent des joueurs de football, des images du viaduc de Millau (1994), ainsi que des images des dragons de Niort (1992).
Les commissaires de l’exposition
Juan Perez-Amaya (Colombie 1984) est artiste, curator. En 2015 il crée El Atelier, un studio de design architectural interdisciplinaire. Il vit et travaille à Paris.
Felix Beytout (France 1992) est architecte et co-fondateur de El Atelier. Son travail architectural combine supports expérimentaux comme le concept, le son et la vidéo. Il est le petit-fils de Jacques Hondelatte.
Jacques Hondelatte
Jusqu’au 3 février 2018
Betts Project
100 Central Street
London EC1V 8AJ
Du mercredi au vendredi, de 11 à 18h ; le samedi de 12 à 17h
Entrée libre
En savoir plus:
Tel : Marie Coulon +44 (0)20 7250 1512
Mail : hellobettsproject@gmail.com