L’agence K Architectures (Karine Herman et Jérôme Sigwalt) a livré en 2021 au Havre (Seine-Maritime) le Pôle Simone Veil, un équipement multifonctionnel, socioculturel et sportif de 4 800 m². L’ouvrage, construit avec un budget de 19 M € ttc, compte un plateau culturel – médiathèque, relais lecture, ateliers numériques, ateliers créatifs, espaces communs – ainsi qu’un plateau omnisport, dont une halle d’escalade. Communiqué.
Contexte
La ville du Havre nous immerge dans une atmosphère émouvante chargée d’histoires prégnantes et d’embruns.
Le Pôle Simone Veil, nouvel équipement culturel, associatif et sportif conçu sous maîtrise d’ouvrage de la ville du Havre, de la région Normandie, du département de Seine maritime et du centre national pour le développement du sport, s’installe comme l’une des pièces maîtresses du quartier Danton, en pleine requalification. Il répond à la politique de la ville du Havre et plus intimement aux attentes des habitants qui ont été concertés pour composer son programme.
Enjeux
Ce programme appelait une architecture forte et identifiable, une « pierre d’angle » fédératrice ouverte généreusement sur l’espace public dont elle serait le prolongement. Il suggérait aussi le désir d’une architecture généreuse et conviviale capable d’accueillir ces moments à la fois simples et inouïs durant lesquels les gens se réunissent dans un esprit de fraternité.
Concept
Le projet s’inscrit dans un plan simple qui achève le cadre d’une nouvelle place publique destinée à fédérer le quartier. Ses façades s’alignent avec bienveillance sur celles des rues voisines afin de souligner la forme de ce vaste espace collectif qui combine un ample mail minéral avec des jardins intimistes.
Le pôle Simone Veil puise sa genèse dans la morphologie archétypale des entrepôts en briques qui peuplaient les docks voisins. Ce paysage urbain, crénelé de toitures à double pente, est indéniablement lié au patrimoine du Havre au point d’en faire un vecteur de bien-être familier. Le projet reproduit leur profil pour en perpétuer le symbole quasi mélancolique, celui d’une époque florissante et paisible. Il rend également hommage à la beauté simple de leurs grands volumes capables en attribuant leur efficacité aux espaces sportifs.
L’édifice contemporain, façonné à l’image d’une icône ancrée solidement en son sol, se voit néanmoins recomposé pour accueillir sa nouvelle fonction.
En premier lieu, sa masse est soulevée comme par prouesse pour laisser glisser l’espace public au cœur de l’action. En second lieu, sa matérialité répond à l’appareillage patrimonial de briques en terre cuite mates par une peau vibrante constituée de feuilles d’inox brossé.
Enfin, l’édifice contemporain répond à la massivité de ses modèles, par une « massivité transparente » capable de porter à la lumière, au sens propre comme au figuré, les activités qu’elle abrite.
Le pôle Simone Veil s’implante donc avec une apparence duale. Il affirme une présence urbaine immuable et puissante tout en s’habillant d’un paysage sensible animé de reflets picturaux de son environnement en général et du jardin public en particulier.
L’architecture intérieure fait écho à l’enveloppe extérieure dans un registre plus domestique. Elle reprend le thème de la clarté en répandant une lumière généreuse à travers des espaces fluides qui semblent poudrés d’un blanc vaporeux.
Le bois structure cette ambiance générale apaisée et ajoute de facto une sensation de bien-être, découlant de son action biophilique. C’est la grande halle sportive qui en bénéficie le plus avec une voûte suspendue entièrement boisée suivant une géométrie sophistiquée.
De ces attentions fondatrices portées à la ville, au lieu, à ses habitants et à ses usages, l’architecture s’est faite interprète sensible pour aboutir à cet édifice singulier.