[Résumé des épisodes précédents. A Paris, Dubois l’architecte, en garde à vue, esquive depuis la veille les questions de l’inspecteur Nutello – dit Dr. Nut – qui tente de faire émerger des indices de sa culpabilité de tueur en série. Ethel Hazel, la psychanalyste de Dubois depuis quatre ans, assiste à l’interrogatoire derrière le miroir sans tain et essaie quant à elle de décrypter la personnalité troublante de l’architecte.]
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« Je ne veux pas atteindre l’immortalité grâce à mon œuvre. Je veux atteindre l’immortalité en ne mourant pas ».
Woody Allen
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Mardi 17h. L’inspecteur, qui a eu le temps de se calmer, retrouve la salle d’interrogatoire. Il apporte pour Dubois un café et un grand verre d’eau qu’il pose sans un mot.
L’architecte (circonspect, se massant la nuque : « pas d’aspirine », remarque-t-il) – Merci.
Dr. Nut (aimable) – je vous en prie. Nous parlions de peau tout à l’heure et vous m’expliquiez que le tueur en série que je recherche pourrait ne s’intéresser qu’à la peau de ses victimes, ou plutôt de certaines de ses victimes plutôt.
L’architecte – Ce n’était qu’une hypothèse…
Dr. Nut – Et vous expliquiez que, comme pour vos bâtiments, une nouvelle peau pouvait donner une nouvelle vie. C’est important pour vous que vos bâtiments vous survivent ?
L’architecte (qui se détend) – Cela dépend lesquels et des circonstances. Des bâtiments peuvent disparaître et ne seront pleurés par personne. Même le meilleur des architectes ne peut pas faire que des chefs-d’œuvre. Cependant, pour répondre à votre question, il y a des bâtiments qui vous offrent un plaisir passager et intense mais se révèlent finalement anecdotiques, comme un bon souvenir, d’autres vous offrent un autre type de plaisir, celui d’œuvrer à quelque chose qui vous dépasse et qui de ce fait vous survivra.
Dr. Nut (sarcastique) – Il pense à tout ça un architecte quand il entreprend de construire 15 logements à La Courneuve ?
L’architecte – Il devrait, cela n’a rien à voir avec la taille du projet. Si ce bâtiment est bien construit, qu’il résiste à tous les aléas du siècle et que l’architecte a gravé son nom dessus, ce nom survivra, au moins quelques temps, même s’il ne signifie plus rien pour personne. De tous les architectes des pyramides, on ne se souvient guère que d’Imhotep. Peut-être parce que, comme moi avec mon projet de morgue*, il construisait des tombeaux, dont le vertigineux complexe funéraire de Saqqarah – c’est près du Caire, en Egypte – et surtout la plus ancienne pyramide à degrés du monde. C’était il y a 5 000 ans – cinq mille ans ! – et on se souvient de lui parce qu’il était un génie. Mais tous ceux qui l’ont suivi, qui ont bâti toutes ces autres pyramides et tous ces autres sites funéraires, personne ne se souvient d’eux ; pour autant, mêmes inconnus, ils demeurent immortels grâce à leur œuvre construite qui perdure à travers les siècles. L’architecture – on n’en sort jamais – n’est pas une question de peau mais une question de substance.
Dr. Nut (mordant) – La quête de l’immortalité en fait partie, de la substance ? Je ne la vois pourtant jamais dans aucun des bâtiments de La Courneuve, même les plus récents.
L’architecte – Vous n’avez pas à aller bien loin pourtant. La cathédrale de Saint-Denis, ils furent sans doute un paquet d’architectes à se relayer sans pour autant ressentir la nécessité de signer leur travail car ils ne travaillaient pas pour un riche maître d’ouvrage – à l’époque, les maîtres d’œuvre ne travaillaient que pour les riches et puissants, un peu comme aujourd’hui d’ailleurs pour les plus connus – non, ils travaillaient pour quelque chose de plus grand qu’eux, de plus grand que leurs maîtres d’ouvrage habituels, Dieu en l’occurrence à Saint-Denis mais ça marche aussi avec Empereur, Tsar, Despote, Seigneur, …
Dr. Nut (l’interrompt sèchement) – Nous ne sommes plus au Moyen-Age…
L’architecte – Comparé au Moyen-Age, je ne suis pas sûr que nous gagnions tant au change. Mais ce processus, sinon d’immortalité, disons plutôt d’inscription dans l’histoire, est encore à l’œuvre aujourd’hui. Quand un architecte fait un groupe scolaire lequel sera dédié à tel homme ou telle femme, héros de son temps ou d’un temps ancien et pour lequel il y a une volonté d’honorer la mémoire, si son école vit encore 50 ans, 100 ans, voire 150 ans et plus pourquoi pas, le nom de ce héros, grâce à l’architecte, perdurera un peu avant de s’éteindre. Pour les noms des rues, l’immortalité d’un lieu tient parfois à son adresse, pour un bâtiment, elle tient à l’adresse de l’architecte.
Dr. Nut (ironique) – Immortelle et donc vivante votre école ?
L’architecte – Et Ramses II, il vit ou il est mort ? Il a régné 68 ans il y a plus de 3 000 ans et on en parle encore, c’est dire que question immortalité les Egyptiens ne manquaient pas d’imagination. A part celle du Louvre, essayez de construire une pyramide aujourd’hui ; les cathédrales, on n’en construit plus, du moins pas par chez nous. Que reste-t-il pour atteindre l’immortalité ? Les stades ? Ne dit-on pas les dieux Pelé ou Maradona ? Ou encore ce TGI dans lequel vous travaillez et qui ressemble au siège social d’un groupe immobilier, conduira-t-il son architecte – Renzo Piano, pour votre information – à l’immortalité ? J’en doute mais qui sait, tout dépend de ses intentions profondes au moment de le construire : pour l’intérêt des gens ou pour ceux de son client ? Les œuvres qui s’appuient sur d’autres intentions que l’intérêt général, surtout dans le cadre d’un tribunal de grande instance, sont souvent celles qui, si elles n’atteignent pas l’immortalité, laissent un mauvais souvenir durable.
Dr. Nut (coupant) – Donc, si je comprends bien, notre tueur en série ferait attention à ne pas abîmer la peau de ses victimes pour leur offrir une sorte d’immortalité ? Lui-même n’ayant, d’évidence, aucune envie de reconnaissance, du moins pas à ce jour… Vraiment, vous ne souhaitez pas laisser votre nom à votre œuvre ? Que personne, à part moi, ne sache quel personnage effroyable vous êtes !
L’architecte (rêveur) – Puisque le sujet semble vous intéresser, j’ai trouvé, moi, un accès à l’immortalité, et pour pas très cher en plus. La momification des Egyptiens devait aider quelqu’un à atteindre l’au-delà et c’était possible parce qu’il n’y avait qu’un ticket aller et, comme avec Landru, pas de ticket retour. De fait, s’il n’y a pas de ticket retour, c’est tout de suite plus facile et je crois bien être parvenu à résoudre cette équation mortifère.
Dr. Nut (qui cache sa soudaine excitation) – Tiens donc, et comment faites-vous ?
L’architecte (narquois) – Vous tenez vraiment à le savoir ?
Dr. Nut – J’ai tout le temps.
L’architecte – Ce n’était pas mon impression mais très bien. Connaissez-vous Hypnos et Thanatos, les jumeaux de l’antiquité ?
Dr. Nut (qui cache son impatience devant le ton professoral de Dubois) – Non, mais j’ai bien connu leur mère…
L’architecte (qui ne sourit pas) – Nyx, c’est le nom de leur mère. Alors voilà, Hypnos et Thanatos, des jumeaux donc, sont respectivement dieux du sommeil et de la mort. Ils ne sont pas comme Janus, le dieu aux deux visages, ils sont jumeaux et il y a une bonne raison à cela. Quand vous dormez profondément, de ce sommeil profond quand vous n’avez plus conscience de vous-même, le monde peut s’écrouler que vous n’en savez rien. Et durant ce sommeil profond, qu’il se passe deux heures, huit heures, huit ans, huit cents ans, cela n’a aucune importance ; c’est seulement au moment du réveil que vous reprenez conscience, au sens propre. C’est pourquoi le sommeil et la mort sont jumeaux. Hypnos est d’ailleurs le père de Morphée. Dormir c’est mourir ! C’est ainsi que j’ai pris l’habitude de mourir chaque soir et c’est un émerveillement renouvelé chaque matin de reprendre conscience et de se dire que nous avons à nouveau une journée entière, peut-être, avant la prochaine mise en sommeil, la prochaine mise en totale déconnexion. Bref, même si on se réveille après un million d’année, à supposer que le corps soit parfaitement conservé, c’est comme débuter un autre jour et pourtant être plus vieux que Mathusalem.
Dr. Nut – Donc s’endormir chaque nuit, c’est votre vision de l’immortalité ?
L’architecte (qui retrouve son ton narquois) – Vous n’y êtes pas. Maintenant imaginez quelqu’un qui aurait beaucoup d’argent, un nabab qui rêverait aussi d’immortalité mais pas comme un imbécile de la Silicon Valley, de la vraie immortalité.
Dr. Nut (sarcastique) – Parce que ceux-là ne sont pas déjà en train de construire de nouvelles pyramides ?
L’architecte (sans impatience) – Restez avec moi inspecteur. Le Nabab se débrouille pour mourir en assez bonne santé physique et mentale, s’il est sénile, l’immortalité ne sert à rien. Bref, il s’est auparavant fait construire une fusée, ce qui n’est pas si difficile d’autant plus que cette fusée n’a pas vocation à aller vite ni à revenir ni à maintenir quiconque en vie. A sa mort, le corps intact du nabab est placé dans sa fusée, laquelle est envoyée le plus loin possible dans l’espace. Il suffit d’un tout petit moteur, le froid intersidéral faisant le reste pour conserver le corps, et ce vaisseau peut aisément et sans heurt voyager pendant des siècles et des siècles bien au-delà des limites de l’univers des hommes contemporains. Or, dans l’immensité du temps et de l’espace, même si le nabab n’a qu’une chance sur cinquante mille milliards de milliards, il est possible d’imaginer qu’une intelligence extraterrestre saura un jour (?) l’attraper et, dotée d’une technologie que nous ne pouvons imaginer, par curiosité saura le réveiller. Et le Nabab, à l’instant même où il se réveille, a l’impression qu’il ne s’est passé qu’une seconde depuis qu’il s’est endormi. Et je lui promets alors une journée, une nouvelle vie peut-être, qui vaudra immortalité. En plus, imaginez pour la famille, ils pourraient suivre le vaisseau dans le ciel et les enfants rêver à leurs ancêtres devenus comme autant d’étoiles.
Dr. Nut (irrité) – Qu’est-ce que c’est que ce délire ?
L’architecte (sans se démonter) – J’insiste, dans l’infinité du temps et de l’espace, je vous promets que cette chance, aussi infime soit-elle, est une bonne chance. Meilleure en tout cas que de finir carbonisé ou bouffé par les vers. Chacun pourrait encore décorer son vaisseau/tombeau. Aux couleurs rastas pour un chanteur de reggae, décoré comme un château du XVIIIe pour tel nobliau, rose comme le jouet favori d’une influenceuse, avec l’habitacle rempli de peluches qui flottent indéfiniment et qui surprendront sans doute les petits enfants extraterrestres, etc. Quant à moi, à ma mort, je ne serais pas malheureux que l’on m’installe avec quelques livres dans une fusée de base que mes enfants pourraient s’offrir afin de m’envoyer dans le vaste espace, ad vitam aeternam, c’est le cas de le dire. Une fois endormi, 500 milliards d’années ne me font pas peur. Ni même encore la tronche de ce qui me réveille après tout ce temps-là. J’imagine que la première question qu’ils me poseront c’est d’où je viens mais je serai sans doute bien incapable de leur répondre… Mais bon, vous voyez que sans ticket retour, c’est facile la conquête de l’espace !
Dr. Nut (craint d’être une nouvelle fois tombé dans le piège de l’architecte. Irrité autant que perplexe, il se replonge dans son dossier) – En tout cas, un qui n’est pas immortel, c’est Bernard-Louis Lévesque. Son nom vous dit quelque chose ?
L’architecte (qui sent à nouveau une tension dans sa nuque) – Qui ça ?
Dr. Nut (tenant une fiche et des photos qu’il ne montre pas encore) – Bernard-Louis Lévesque, né le 3 mars 1975 à la Roche-sur-Yon. Il s’agit du beau-frère d’Ethel Hazel, votre psychanalyste depuis quatre ans ; c’est le frère de la femme de son frère aîné pour être exact. (Il tend une photo). Vous le reconnaissez ?
L’architecte (jetant un rapide coup d’œil à la glace sans tain) – Ha vous êtes au courant de mes relations avec Ethel ? Bien sûr, j’aurais dû m’en douter.
Dr. Nut – Le type sur la photo, vous le reconnaissez ?
L’architecte (penché sur la photo d’un gros homme au sourire carnassier) – Tout à fait. Je ne me souvenais plus de son nom. Bernard-Louis Lévesque, c’est ça maintenant que vous le dîtes.
Dr. Nut (Ce type, pour lequel l’inspecteur n’a aucune sympathie est une victime atypique de Dubois. Déjà, c’est un homme. Le policier ne sait pas, lui, exactement ce que ce Bernard Lévesque a fait à Ethel ; apparemment il l’a violée chez elle quand il était prisonnier et il a la certitude que c’est l’architecte qui a trucidé ce fumier. « L’architecte était-il déjà amoureux ? », se demande l’inspecteur. Il sait qu’à cette époque, Ethel n’a pas encore couché avec Dubois. Ce dernier, sans doute mis au courant de l’affaire par Ethel lors de l’une de leurs séances de psychanalyse, sans rien lui dire de ses intentions, est semble-t-il allé régler son compte à Lévesque. Ce fut sanglant et, pour le coup, pense l’inspecteur, « on a un corps », retrouvé le 8 novembre 2020 dans l’église de Neuil-le-Dolent (Vendée), un corps nu lacéré de mille entailles faites apparemment avec un coupe-papier, lequel a été retrouvé profondément enfoncé dans son œil gauche.** Or, à sa connaissance, Dubois était la seule personne au courant de l’agression dont la psy a été victime. CQFD. De fait, le policier a ici, encore une fois, du mal à réprimer son admiration : comment s’y est-il pris ?) – Oui, Bernard-Louis Lévesque, vous le connaissez donc ?
L’architecte (étonné du long silence du policier) – Non, pas vraiment, pourquoi ?
Dr. Nut – On a retrouvé dans son agenda mention d’un rendez-vous avec vous (il ment, l’agenda de Bernard Lévesque ne mentionnait qu’un rendez-vous avec « un architecte »).
L’architecte (pour le coup surpris mais réagissant du tac au tac) – Oui, je me souviens maintenant, je suis allé le rencontrer en Vendée. C’était à l’époque de mon divorce, je venais de créer ma nouvelle agence et j’étais prêt à prendre n’importe quoi. Ce type, il construit des ‘show rooms’ agricoles, des concessions de voitures, rien de très excitant mais un projet, dans ces circonstances, est un projet et je devais de toute façon me rendre régulièrement en Bretagne où j’ai un beau programme en cours, je peux vous en parler si vous le souhaitez
Dr. Nut – Ce n’est pas la peine. Vous allez donc en Vendée pour rencontrer Bernard-Louis Lévesque …
L’architecte – Exact.
Dr. Nut – Et comment s’est passé l’entretien.
L’architecte – Ecoutez, nous avions rendez-vous dans un restaurant, sa cantine. Tout le monde le connaissait, que des pecnots, si je peux me permettre. A peine arrivé, j’avais l’impression d’être en territoire ennemi. Et quand j’ai vu tout ce qu’il commandait comme boustifaille, j’ai fait semblant d’aimer tout comme lui mais il y avait chez cet homme une forme d’obscénité.
Dr. Nut (ironique) – Bon j’ai compris, vous mangez de la salade et du quinoa arrosé d’eau gazeuse pour rester en forme…
L’architecte (vexé) – Vous n’y êtes pas et peut-être qu’un jour inspecteur nous aurons l’occasion de boire un coup ensemble et vous découvrirez alors le vrai Dubois.
Dr. Nut – Je le connais assez bien pour avoir vécu prisonnier chez lui pendant quatre mois.
L’architecte – N’aviez-vous donc pas besoin de vacances ha ha ha…
Dr. Nut (coupant) – Et qu’est-ce qui se passe durant votre gueuleton avec le Bernard ?
L’architecte – Rien, il dégoise en se rengorgeant pendant tout le repas à propos de Dieu ceci, Dieu cela, ses enfants, sa femme, son frère évêque ou quelque chose. J’ai bien tenté de parler d’architecture – après tout, même une concession pour tracteurs et nourriture pour chiens mérite le respect d’un architecte. Pour son budget, j’étais prêt à lui construire la plus belle concession de toute la Vendée, il aurait eu sa sale trogne dans les magazines spécialisés. Et je l’aurai fait ! Mais même ça il ne le comprenait pas ! Un maître d’ouvrage aussi bouché, c’est rare. Tellement confit en religion qu’il suait du beurre rance. Le type qui ne vous laisse ni parler ni partir tout en s’empiffrant. Parlez d’un ascète ! Bref un type détestable. D’ailleurs il a eu vite fait de m’embarrasser, offrant le calva avec le café, et encore, et encore. Heureusement qu’il n’y avait pas vos collègues sur la route sinon j’étais bon. Nous nous sommes quittés – je me souviens de sa molle et moite poignée de main – en sachant tous les deux que nous ne ferions jamais affaire ensemble et que nous n’aurions jamais aucune occasion de se revoir. Je suis parti me disant que ce mâle alpha du bocage pouvait se démerder avec l’addition.
Dr. Nut – Il a été retrouvé nu, sur l’autel de l’église de Nueil-le-Dolent, en Vendée, le corps dardé de multiples lacérations avec un coupe-papier, coupe-papier finalement profondément enfoncé dans l’œil gauche. Voici les photos.
L’architecte (presque joyeux) – Au moins il ne s’agit pas là d’une jolie blonde. Et pourquoi diable l’aurais-je dardé comme vous dîtes pour le laisser dans cet état ? Je crains que même si les extra-terrestres, ou son Dieu pourquoi pas, le récupèrent dans l’espace, ils ne pourront plus faire grand-chose avec lui, et c’est aussi bien. Pas d’immortalité pour Bernard-Louis Lévesque ha ha ha. Maintenant inspecteur, vous pouvez sans doute étudier chacun de mes voyages et trouver des choses horribles qui s’y passent non loin. Si je vais à Nantes et qu’il y a un meurtre, c’est moi ? Du coup, je ne peux plus aller à Marseille ? Dois-je quitter Paris pour la sécurité de tous ? Paris sans plus d’architectes, ils sont quelques-uns et quelques-unes à l’espérer…
Vroom Vroom Vroom
19h10 – Derrière le Miroir
« Vous voulez dire que de les tuer, il les rendrait immortelle ? », demande Dr. Nut, un sandwich à la main.
« Il y a de ça », répond Ethel en buvant une gorgée du vin rouge qui accompagne son sandwich végétarien. « Et peut-être qu’on se trompe d’obsession. Ses victimes seraient-elles toutes momifiées quelque part, et donc immortelles ? Et si nous faisions fausse route ? Si ça se trouve, il se fout de la façon dont il les tue, ce qui lui importe est la momification. Souvenez-vous de la Comtesse, enfouie dans une tranchée introuvable, de Marie-France, enfouie dans la pile d’un pont et que même les meilleurs des pilleurs de pyramide n’extrairont jamais ? Ces deux-là ne sont peut-être pas l’exception mais la norme. En les enfouissant dans un lieu introuvable, il leur offre une sorte d’immortalité sans en signer l’œuvre, comme quand il parlait de ces architectes inconnus des pyramides et des cathédrales ».
« Je n’y crois guère », relève Dr. Nut.
« Moi non plus mais l’immortalité, il y a réfléchi. Il a déjà un projet de morgue à Paris, est-ce vraiment le hasard des marchés publics ? Aujourd’hui il nous parle d’une sorte de cercueil volant dans l’espace, les Jetsons de l’humanité et cela nous ramène à cette histoire de peau. En tous les cas, la mort l’obsède », poursuit le chef.
« Pas la sienne en tout cas. En attendant, s’il ne leur construit pas des pyramides, que fait-il des corps et pourquoi leur peau est-elle si importante pour lui ? », conclut Dr. Nut en finissant son verre. Il attrape un sandwich pour l’architecte, les deux cafés qu’il a préparés et retourne dans la salle d’interrogatoire.
(A suivre…)
Dr. Nut (d’après les notes d’Ethel Hazel)
*Lire l’épisode La morgue de l’architecte est pleine d’étoiles
**Lire les épisodes L’espace public, et privé, pour l’architecte, ce n’est pas le genre et Un chèque-inflation que l’architecte ne touchera pas
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