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Accueil > Editos > Le fond(s) vert d’Elisabeth Borne annonce une météo agitée par les bugs

Le fond(s) vert d’Elisabeth Borne annonce une météo agitée par les bugs

30 août 2022

bugs

La première ministre, Elisabeth Borne, a annoncé le samedi 27 août 2022, dans un entretien au Parisien (AFP 27/08), des mesures qui ne dépassent pas les bornes, soit le déblocage d’un « fonds vert » doté d’1,5 Md€ destiné aux collectivités locales pour « les aider à lutter contre le changement climatique ». Parce que jusqu’à l’été 2022, un fonds était « bloqué » ? Les architectes, en bout de course, seront in fine concernés.

Elisabeth Borne a suggéré – notez l’absence de contraintes – d’utiliser ce fonds pour « la réhabilitation de friches pour limiter l’étalement urbain », pour rénover « énergétiquement les bâtiments publics comme (…) certaines écoles », pour ramener « de la nature dans les villes » ou encore installer « des parkings relais » à leur entrée. En voilà des idées audacieuses et précises dont nul architecte n’a jamais entendu parler depuis vingt ans, au moins. La banalité excessive des Premiers ministres, c’est une qualité essentielle en Vulcanie ?

Toujours est-il qu’après cet été 2022 prodigue en aléas contemporains, Elisabeth Borne s’est fait sans tarder une nouvelle religion et propose donc de « ramener de la nature dans les villes » ! Et pourquoi pas des villes à la campagne, pour citer Alphonse Allais, pendant qu’elle y est ? C’est la maire de Paris, Anne Hidalgo et ses forêts urbaines, qui doit se sentir confortée dans son analyse ! Et heureusement que les promoteurs n’attendent pas l’imprimatur de Matignon pour développer les friches en villes, ferroviaires notamment, ce serait sinon à désespérer du libéralisme de Vulcain ex-Jupiter.

Un fonds « vert », sans blague ! ‘’Le Green washing by the start-up nation, it’s about time!’’, comme on dit chez McKinsey. Fonds doté, tenez-vous bien, de 1,5Md€ (en euros, pas en billets verts) ! Après l’été de tous les dangers, il y a toujours les fonds de tiroirs ; 1,5 Md€ c’est à peine le prix d’un hôpital à Nantes, alors ce budget divisé par « les collectivités locales », c’est la Byzance du pauvre, de quoi à peine offrir une « forêt urbaine » aux quartiers déshérités ! A condition encore que les bénévoles puissent l’arroser. Et en zone tropicale, dans les départements d’Outre-mer, convient-il aussi de « renaturer » la ville ou c’est là vraiment trop entrer dans les détails ?

Nulle inquiétude cependant quant au financement de ces mesures d’économie énergétique et de verdissement accélérées, bien évidemment biosourcées, puisque selon la Première ministre, « certaines entreprises [lesquelles ?] ont déjà pris des engagements », qui seront évidemment respectés. « Dans la période actuelle, tout le monde doit être responsable », a-t-elle insisté.

Parce que dans la période précédente, disons les cinq dernières années, en période d’abondance donc, tout le monde ne l’était pas, responsable ? Des noms, des noms, Madame le Premier ministre ! Des sanctions peut-être ? Ou s’agit-il via ce constat d’une absolution générale aux insouciants ?

Bref de Lille à Bordeaux en passant par Pointe-à-Pitre, tous désormais « responsables » parce que, comprenez-vous, c’est la fin des années folles. D’ailleurs, nous apprennent Les Echos (29/08/22), le fisc généralise la détection des piscines non déclarées « par intelligence artificielle ». L’intelligence artificielle, pour l’écologie non punitive, c’est de l’innovation coco !

Les « parkings-relais » de la Première ministre ? Bienvenue dans les infos d’Yves Mourousi (pour les plus jeunes, présentateur de TF1 gentiment réac des années ’80. NdA). A ce niveau de bonnes intentions, le fonds vert évoqué par Elisabeth Borne a tout du fond vert utilisé pour la météo à la télé afin d’annoncer les bonnes ou mauvaises nouvelles du dérèglement climatique.

Que chacun cependant se rassure, si la France manque de gaz, elle ne manque pas d’usines (à gaz).

D’ailleurs, où est passée la 5G ? Pas un mot à ce sujet de Vulcain ex-Jupiter ou d’Elisabeth Borne ou de Christophe Béchu, ministre de la Transition écologique et de la Cohésion des territoires de France. Pas un mot non plus durant cet été meurtrier à propos de la voiture autonome. Déjà ‘has been’ la 5G de la start-up nation ? Déjà ‘has been’ la voiture autonome ? Et la voiture électrique ? Nous aurons tous l’air fin avec nos voitures électriques quand il n’y aura plus d’électricité, du moins pas assez… Acheter aujourd’hui une voiture électrique pour la laisser demain mûrir dans son garage, comme un bon vin et, le reste du temps, aller à pied, à vélo ou en transport en commun ? C’est l’investissement responsable de la start-up nation.

La preuve, le bâtiment « intelligent », ‘has been’ lui-aussi ! C’était pourtant la solution miracle, la cafetière qui se met en marche toute seule, qui éteint les lumières quand vous êtes absent et qui chante des berceuses aux petits enfants. Il est vrai que transformer le château de Versailles en « bâtiment intelligent » n’est pas à la portée du premier imbécile venu.

Cet été 2022 fut encore révélé que Toumaï, l’un des plus anciens hominidés connus, datant de sept millions d’années, était déjà bipède. Bref, de Toumaï à Donald Trump, il a fallu sept millions d’années. Il en faudra sans doute autant pour faire le chemin inverse, l’apocalypse n’est donc pas pour demain. En attendant, malgré la façon dont est maltraité leur métier, c’est pourtant encore aux architectes qu’il sera demandé d’anticiper et de faire le ménage.

Un exemple d’actualité qui les concerne après un été déjà copieux en bonbons amers.

Constat : la ville de Paris n’est pas prête pour des cafards de la taille d’un pouce, comme ceux à la Nouvelle-Orléans par exemple. Et les cafards, même de la taille d’un pouce, ne vivent pas seuls, ce sont des animaux grégaires, comme l’homme ou la punaise de lit. Vous imaginez la tête du chien-chien parisien devant sa pâtée couvertes de cafards de la taille d’un pouce prêts à lui bouffer les yeux ? Et je ne vous parle pas des araignées poilues ! ‘Ghost busters’, un métier d’avenir !

Science-fiction ? Pas du tout ! Une enquête réalisée par Ipsos pour Badbugs.fr dévoilée en août 2022,  intitulée « Les Français et les nuisibles », indique que 62% des Français ont fait face à une infestation de nuisibles à leur domicile au cours des cinq dernières années, soit quand même 30,8 millions de personnes concernées.

C’est normal peut-être croyez-vous ? Pas tout à fait !

En effet, l’étude montre également que le nombre de personnes touchées en France entre 2017 et 2021 par ces infestations de nuisibles a été multiplié par deux – par 2 en 4 ans ! –, les chiffres partiels de l’année 2022 confirmant cette tendance. Pile-poil durant le mandat de Vulcain ex-Jupiter, la multiplication des bugs est sans doute à mettre au crédit de la start-up nation.

Il est vrai que la nature ayant horreur du vide, au fur et à mesure que s’effondre la biodiversité, la vermine prospère et comme la première s’effondre justement à un rythme effréné, la seconde va proliférer par définition. En guise de quoi, ce sera bientôt le rôle des architectes de concevoir des ouvrages étanches à l’eau, à l’air et aux bestioles horribles.

Sauf qu’en pleine canicule, à la première coupure d’électricité, il faudra bien ouvrir les fenêtres et pour les habitants batailler alors avec les mouches et moustiques mutants de la taille d’un frelon asiatique. Et, en barbecue, apprendre à apprécier la méduse (à ne pas confondre avec un sac plastique) puisque dans la mer, il n‘y aura plus que ça !

Les cafards et la vermine gavés de pesticides, cela n’a pourtant pas l’air de préoccuper ce gouvernement, sauf le barbecue évidemment.

Encore que peut-être devrait-il laisser la population et les architectes se débrouiller seuls. Il suffit en effet que des ministres s’en mêlent pour créer une nouvelle pagaille là où il n’y en avait pas encore. Ainsi en est-il du Diagnostic de Performance Energétique (DPE). Une étude de l’association Que Choisir (avril 2022) intitulée « Des travaux aux bénéfices dévalués » démontre, exemples à l’appui, que l’usine à gaz inventée de toute pièce par la start-up nation est parvenue à rendre contre-productifs d’onéreux travaux d’isolation. Il faut quand même y aller à la manœuvre pour paver l’enfer avec autant d’abnégation idiote !

Alors, pour la ville à la campagne du gouvernement Borne, c’est le moment de klaxonner !

Christophe Leray

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Par Christophe Leray Rubrique(s) : Editos

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