Baudrillard et le monstre (l’architecture) ; Renzo Piano Building Workshop entre la science et l’art ; Le Tracé primordial… La sélection de septembre, monstres architecturaux ?
Baudrillard et le monstre (l’architecture), par Jean-Louis Violeau
« L’architecture ne construit plus, dans sa forme ambitieuse, que des monstres — en ce qu’ils ne témoignent pas de l’intégrité d’une ville, mais de sa désintégration, non de son organicité, mais de sa désorganisation ».
Comment faire le tour du rapport, à la fois intime et méfiant, que Jean Baudrillard a entretenu avec l’architecture ? En partant, comme il se doit, de Disney, en passant par le canard et les Venturi, avant de s’arrêter sur la figure du monstre (architectural), pour prolonger vers Jean Nouvel et les ambiguïtés de la transparence, et enfin déboucher sur quelques projets contemporains, notamment le très condamnable Europacity.
Au fil de ce trajet se dessine une double interrogation, sur ce qu’est devenu le postmodernisme architectural, mais aussi sur la persistance de la notion d’auteur en architecture. Un peu comme il y eut un Bauhaus imaginiste, Baudrillard aura plutôt été un sociologue imaginaire, intuitif et détaché, un interprète qui s’amusait à tirer les pointillés du présent, surenchérissant pour tendre régulièrement vers le paroxysme.
D’où son intérêt pour les monstres architecturaux, pour les architectures qui résistent à l’interprétation et semblent mener leur vie propre, comme détachés de leurs concepteurs. D’où son intérêt pour les tours jumelles du World Trade Center, pour le projet Biosphère II, pour Beaubourg, pour le Guggenheim-logo de Bilbao et peut-être bien aussi pour certaines architectures parlantes de Jean Nouvel.
L’envers du décor : obscure et ironique toute scène a ses coulisses, toute scène est réversible, tout projet appelle son contre-projet. La part maudite attend toujours son heure. La culture pour Beaubourg, la mondialisation pour le WTC, la planète pour Biosphère II, la marchandisation des villes pour le Guggenheim de Bilbao… L’ambivalence grandit au fil de la prétention de ces projets à saturer le réel. Mais toutes ces concrétions non domestiquées ont aussi en commun d’avoir d’abord cherché à porter le tranchant de la différence dans l’équivalence généralisée.
À l’ère du no fake et d’une quête partagée d’authenticité, ce regard sociologique rencontre un regain d’intérêt exprimé notamment par les choix et les conduites ambivalentes des enfants du numérique que l’auteur croise régulièrement au sein des écoles d’architecture et des instituts d’urbanisme.
À propos de l’auteur : Sociologue, Jean-Louis Violeau enseigne à l’ENSA Nantes et à l’école urbaine de Sciences Po Paris. Il collabore à plusieurs revues d’architecture, et a publié une vingtaine d’ouvrages.
Éditeur : Editions Parenthèses ; Baudrillard et le monstre (l’architecture), par Jean-Louis Violeau ; 144 pages ; Format : 165 x 240 mm ; Prix : 24 €
Renzo Piano Building Workshop entre la science et l’art, par Loïc Couton
Qu’est-ce qu’un architecte ? Un projet ? Qu’est-ce que l’architecture ? Des questions auxquelles il est difficile de répondre pour un architecte, s’il ne prend pas le temps de l’introspection et du recul théorique. Certains le font de manière introvertie, d’autres acceptent de livrer, à l’oral ou par l’écrit, quelques indices dont il faut savoir extraire les clés de leur créativité.
Tout juste diplômé de l’école d’architecture, Loïc Couton intègre l’agence parisienne de Renzo Piano en 1987. Il y restera dix-huit ans avant d’ouvrir sa propre agence puis de s’engager dans l’enseignement et la recherche. Ces dix-huit années ont exercé son regard et son esprit comme nul autre.
Néanmoins ce livre n’est pas uniquement un exercice d’admiration. Il ne raconte pas uniquement l’histoire des projets de Renzo Piano et de son Building Workshop, mais bien l’histoire humaine qui les relie et les processus de création qui les ont fait naître. Pour y parvenir, Loïc Couton a choisi de laisser autant que possible la parole à Renzo Piano – qui toujours oscille entre le dire et le faire sans jamais les dissocier –, à ses associés et à ses compagnons de route ; de les suivre dans leurs cheminements conceptuels ; de les accompagner dans leurs aventures architecturales.
Aussi s’adresse-t-il à tous puisqu’il nous permet de nous approcher au plus près d’une pensée et de comprendre ainsi la réalisation d’une œuvre singulière.
À propos de l’auteur : Loïc Couton est architecte DPLG, professeur à l’Ecole Nationale Supérieure d’Architecture de Paris-Malaquais, docteur en architecture, chercheur au laboratoire Géométrie, Structure, Architecture et ancien associé de l’agence Renzo Piano Building Workshop.
Éditeur : Arléa ; Renzo Piano Building Workshop entre la science et l’art, par Loïc Couton ; 400 pages ; Format : 13 x 19 cm ; Prix : 17 €
Le Tracé primordial, par Frédéric Beatrix
La géométrie secrète des bâtisseurs ou l’univers fascinant du Tracé primordial, le langage secret qui a façonné les plus grands édifices sacrés d’Occident pendant plus de vingt-cinq siècles.
La géométrie secrète des bâtisseurs plonge le lecteur dans un voyage fascinant à travers l’espace et le temps, à la découverte de l’un des plus grands mystères de l’Architecture Sacrée. Frédéric Beatrix, architecte, s’est passionné pour la géométrie et la philosophie antique. Il dévoile le Tracé Primordial, le tracé régulateur unique qui structure l’essentiel des édifices sacrés occidentaux durant vingt-cinq siècles, depuis les plus grands temples grecs jusqu’aux cathédrales gothiques, puis baroques et classiques.
Cette découverte bouleverse notre compréhension de l’architecture sacrée et de la transmission de son art géométrique à travers les siècles. Cette transmission multimillénaire, invisible au profane, ne requiert ni lecture ni écriture, et uniquement la géométrie conçue comme un langage symbolique intemporel et universel. Au fil de ces pages, le lecteur découvrira une perspective unique sur la géométrie sacrée et son rôle dans l’évolution de la philosophie et de la spiritualité occidentale. En abordant des sujets tels que Dieu, la philosophie, et les symboles, l’auteur enrichit la lecture en invitant à une réflexion profonde sur ces concepts fondamentaux, créant un dialogue entre le lecteur et les vertus intemporelles des enseignements anciens.
À propos de l’auteur : Frédéric BÉATRIX, architecte diplômé de l’INSA de Strasbourg, a créé BLUE architecture, son agence basée à Villefranche-sur-Mer. Au-delà de ses réalisations architecturales, son amour pour la géométrie antique s’épanouit dans des publications régulières pour Parabola, le prestigieux journal de l’académie de mathématiques de l’université de Sydney, en Australie. Passionné de philosophie antique, son parcours est imprégné des enseignements de Pythagore, de Platon et des philosophes stoïciens, fusionnant ainsi son expertise architecturale et une profonde réflexion sur l’essence même de la pensée occidentale. Une trajectoire remarquable d’un professionnel engagé dans la convergence entre l’art, la géométrie, l’histoire et la philosophie
Éditeur : Éditions LE TEMPS APPRIVOISÉ ; Le Tracé primordial, par Frédéric Beatrix ; 250 pages ; Format : 14,2 x 22,2 cm ; Prix : 21 €