Avec les architectes au travail, Maxime Decommer met en évidence les vicissitudes de la profession. Mondes oubliés, carnets d’Afrique, est un superbe livre où les dessins précis et très beaux sont accompagnés de textes passionnants et très vivants sur ces sociétés du centre de l’Afrique. Enfin, à noter réédition de la thèse incontournable de Colette Pétonnet, Ces gens-là.
Les architectes au travail – L’institutionnalisation d’une profession, 1795-1940, par Maxime Decommer
31 décembre 1940. Une loi fonde l’ordre des architectes en France et réglemente pour la première fois 1 accès à la profession et le port du titre d’architecte. Désormais, la pratique relève obligatoirement du mode d’exercice et des valeurs libérales. Plusieurs siècles ont été nécessaires aux architectes pour se faire reconnaître comme un corps de professionnels possédant un savoir spécifique, justifiant ainsi leur demande du monopole de l’architecture.
Si les acteurs et les grands enjeux de ce processus sont connus, quels sont les rapports exacts entre la grande histoire de l’institutionnalisation de la profession, la définition de ses règles d’activité et les manières concrètes d’exercer et de travailler de ses membres ?
A travers le prisme des structures de travail et des lieux d’exercice des architectes, ce livre met en évidence les vicissitudes de la profession, de la chute de l’Académie royale d’architecture à la Révolution française, jusqu’aux années 1940. Il raconte les obstacles, les contraintes et les incertitudes d’un métier qui se construit : un cadre de travail d’abord public et évoluant vers le privé, un partage des rôles entre la maîtrise d’oeuvre et la maîtrise d’ouvrage, une position ambiguë entre la réalité du travail collectif et l’image d’un artiste-auteur unique, une revendication de sa singularité face aux ingénieurs et aux entrepreneurs.
Perpétuellement en tension, la profession tente d’affirmer son autonomie face aux contraintes sociales, politiques et économiques de la commande mais aussi contre les tentatives d’assujettissement par l’Etat, les maîtres d’ouvrage de la Révolution industrielle ou encore l’Ecole des beaux-arts.
Par l’analyse de documents originaux (archives de maîtres d’oeuvre et d’ouvrage, publics et privés) et de la presse professionnelle, cet ouvrage interroge le choix unique de l’exercice libéral par un groupe professionnel aux pratiques déjà multiples. Ainsi s’éclaire de façon inédite l’histoire, riche en rebondissements et parfois en contradictions, d’une profession qui continue de s’interroger sur ses missions et ses cadres d’exercice.
Editions des Presses universitaires de Rennes ; «Les architectes au travail. L’institutionnalisation d’une profession, 1795-1940», par Maxime Decommer. Broché ; 404 pages ; Format : 17 x 24,5 cm ; Prix : 28 €
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Des mondes oubliés – Carnets d’Afrique, par Christian Seignobos
Les éditions IRD et Parenthèses présentent l’ouvrage Des mondes oubliés – Carnets d’Afrique. Des textes originaux accompagnent plus de 300 dessins réalisés par l’auteur dans le cadre de ses recherches sur le bassin du lac Tchad. Témoignage d’un géographe ayant travaillé plus de 40 ans dans cette région, ce livre décrit l’évolution du métier de chercheur, interroge le concept de «développement» et permet de mieux comprendre les insécurités actuelles en Afrique centrale.
Itinéraire d’un géographe rural tropical
Situé à la frontière de quatre pays (Tchad, Cameroun, Nigéria et Niger), le lac Tchad joue un rôle économique et social très important pour une population en forte croissance et du fait de la sécheresse au Sahel. Zone d’échange privilégiée entre l’Afrique du Nord et l’Afrique centrale, le bassin du lac Tchad est le témoin de bouleversements démographiques, économiques et politiques passés et actuels.
Au cœur de cette région, Christian Seignobos, géographe tropicaliste à l’IRD, a vu son terrain et son métier se métamorphoser. Des années 1980 propices aux enquêtes de terrain sur le temps long, à l’avènement de l’impératif de « développement » dans les années 2000 et à la montée des insécurités à l’heure actuelle, ces évolutions ont nourri son parcours et inspiré ses dessins. Cet ouvrage en rassemble plus de 300, illustrant des textes originaux. Architecture, agriculture, élevage, pêche, faune sauvage, mais aussi foncier et progression des conflits sécuritaires au Cameroun, en République centrafricaine et au Nigéria : l’extrême variété des thèmes abordés traduit les différentes manières de faire et d’écrire les sciences humaines.
Ponctuées d’anecdotes et replaçant toujours l’homme au centre de son histoire et de son environnement, ces pages sont aussi et surtout, à travers les voix et les visages des informateurs et interprètes, la chronique d’une Afrique qui se raconte.
«Superbe livre où les dessins précis et très beaux sont accompagnés de textes passionnants et très vivants sur ces sociétés du centre de l’Afrique». Serge Renaudie (Merci pour l’info Serge)
L’auteur : Géographe, Christian Seignobos a travaillé sur de nombreux thèmes de recherche. Sa démarche historique et anthropologique le positionne comme l’un des spécialistes des grandes mutations environnementales et géopolitiques en Afrique centrale et comme un expert reconnu des situations de crise dans la région du lac Tchad . Par ailleurs dessinateur accompli et passionné, il a toujours rempli ses carnets de terrain de plans, croquis et portraits.
Editions IRD et Parenthèses ; Des mondes oubliés – Carnets d’Afrique, par Christian Seignobos ; Broché ; 312 pages ; Format 29 x 23 cm ; Prix : 38€
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Ces gens-là, par Colette Pétonnet
La thèse incontournable de Colette Pétonnet, Ces gens-là, publiée chez Maspéro en 1968 vient d’être rééditée par les services du CNRS. (Merci à Noël Jouenne pour l’info)
Français, étrangers, juifs, musulmans, chrétiens ou sans religion, «ces gens-là» ont une chose en commun : vivre dans une «cité de transit» de la France des années 1960. Là, dans les immeubles sans âme d’un territoire imprécis et périphérique, cohabitent déclassés, pauvres, migrants et assistés. Colette Pétonnet les écoute, les observe et note. Rien ne lui échappe de l’organisation et des rapports d’un «groupe» qui n’existe que par le regard et le rejet des autres. Plus que l’œuvre pionnière d’une talentueuse ethnologue, cette enquête constitue une pièce fondatrice de l’histoire des banlieues françaises, et un livre incontournable pour tous ceux qui s’intéressent à la politique de la ville et à l’urbanisme.
Dans la cité de Colette Pétonnet, les escaliers ont chacun leur visage, marqué par les éclats de musique orientale, les odeurs d’huile ou d’urine, les expériences sexuelles ou les querelles envenimées.
Lors de sa parution en 1968, Ces gens-là eut un écho immense, électrique. Exposer scientifiquement, sans jugement ni misérabilisme, le quotidien des «sous-prolétaires» dérangeait aussi bien l’homme ordinaire que les intellectuels. Un effet qui reste intact aujourd’hui.
A propos de l’auteur : Colette Pétonnet (1929-2012), travailleuse sociale puis anthropologue et directrice de recherche au CNRS, a créé le Laboratoire d’anthropologie urbaine (CNRS) avec Jacques Gutwirth.
CNRS Éditions, coll. «Biblis» ; Ces gens-là, par Colette Pétonnet ; préface de Roger Bastide ; postface de Liliane Kuczynski, Thierry Paquot et Daniel Terrolle ; 377 pages ; Prix : 10€
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