
Monographie illustrée de Dominique Perrault ; On ne sauvera pas la terre sans sauver les villes, de Giancarlo Consonni ; Le quartier du futur – La ville végétale de demain avec Merci Raymond… La sélection de novembre.
Dominique Perrault – Monographie illustrée
L’architecture et ses représentations foisonnent dans un ouvrage où l’iconographie généreuse se parcourt comme un épais roman littéraire. Il est question d’un processus de pensée, d’une architecture ne cachant pas son attirance pour l’art contemporain, par le truchement de fictions : autant de pas de côté qui conduisent à quatre livres-chapitres dans l’ouvrage qui, comme des concepts raisonnés, établissent des attitudes et leurs conséquences en architecture.
Topographier. Nous irons de surfaces en profondeurs pour établir que le dessous de la terre, souvent dénié, constitue une ressource environnementale et urbaine pour la fabrique de la ville durable et la protection des paysages.
Cartographier. Nous irons de bâtiment en bâtiment, qui, souvent participent à définir la silhouette-skyline des villes toujours solidaires d’un quartier déjà-là ou en devenir. Comme une chorégraphie, chacun adopte sa figure-posture pour entrer en résonance de formes et de lieux.
Écrire. A l’image d’un tableau des éléments périodiques de Dmitri Mendeleïev, la grille urbaine s’applique et se déforme pour devenir, suivant les contextes, une mégalopole ou un fragment de la cité.
Réécrire. Toute reprise d’un déjà-là part du postulat de l’inachèvement de l’architecture. Le process reste toujours ouvert : l’objet architectural n’est pas fixé, non moins que son milieu urbain.
Dans cette constellation de projets, de 2008 à 2028, le lecteur pourra se perdre avec délice et construire sa propre ville imaginaire, faite d’architectures construites ou non.
À propos de l’auteur :
Dominique Perrault, urbaniste et architecte, remporte en 1989 le concours pour la Bibliothèque nationale de France. Il développe d’importants projets comme le vélodrome et la piscine olympique de Berlin en 1999, l’université féminine Ewha à Séoul en 2008 ainsi que les extensions de la Cour de justice de l’Union européenne à Luxembourg en 2019. Après avoir inauguré la gare Villejuif-Gustave Roussy en janvier 2025, il transforme l’ancienne aérogare des Invalides qui accueillera notamment la Fondation Giacometti.
L’avis de la rédaction : une monographie exhaustive qui, sous forme de testament d’une grande richesse, pèse son poids.
Éditeur : Gallimard ; Collection Albums Beaux Livres – Dominique Perrault – Monographie illustrée ; avec la collaboration de Nina Léger, Eric de Chassey et Barry Bergdoll ; 440 pages ; 2 000 illustrations ; relié toile ; Format : 27 x 30 cm ; Prix : 59 €
On ne sauvera pas la terre sans sauver les villes, de Giancarlo Consonni
L’urbanité et les savoirs à l’œuvre dans la fabrication des villes sont entrés en crise. Ces savoirs agissants — les comportements, les systèmes relationnels, les éléments cardinaux réglant la vie civile, les dispositions physiques des ensembles urbains, et tout ce qui concourt à imprégner d’urbanité et de beauté la vie privée et collective — auraient pu constituer la base d’une réflexion théorique et pratique sur la ville, et, plus généralement, sur la vie associée et la politique, en fournissant des instruments d’orientation à la société humaine soumise au changement de ses conditions historiques. Mais ce travail ne s’est pas fait, de sorte que l’héritage des villes ne suffit pas à servir de guide dans cette mutation générale. Les vestiges des villes historiques résistent, du moins en partie : mais la plupart d’entre eux restent muets, ou relégués dans une situation qui les rend incapables de féconder l’avenir.
Les villes sont donc exposées à un double front : celui, dévastateur, des guerres, et celui, insidieux, de la rente immobilière, qui, par son action sélective, appauvrit peu à peu le potentiel le plus précieux des contextes urbains, qui tient à leur nature de réalités socialement complexes et de laboratoires des règles et des possibilités de la vie en commun.
La réponse ne peut consister qu’à remettre la réalité urbaine au centre : il faut redonner aux villes le sens de l’urbanité, de l’inclusion, et d’une beauté qui interprète et manifeste la fécondité de la vie commune. Terre et ville, qui s’unissaient — et dont Cattaneo avait admirablement décrit les rapports il y a près de deux siècles —, deviennent équivalemment le lieu de la rente et de l’appauvrissement de l’expérience sensible — et de l’appauvrissement tout court d’une majorité de la population. Sans la responsabilité qu’exige la vie commune, il est vain de prétendre remédier aux excès d’un rapport au monde dévoyé.
À propos de l’auteur :
Giancarlo Consonni (né en 1943) a longtemps enseigné l’urbanisme, l’histoire et la théorie de l’architecture au Politecnico de Milan. Auteur de nombreux ouvrages, il est aussi peintre et poète. Du même auteur, les Éditions Conférence ont publié, en 2021, La beauté civile. Splendeur et crise de la ville.
L’avis de la rédaction : didactique autant que poétique, une ode à la beauté nécessaire à la ville et ceux qui l’habitent.
Éditeur : Editions Conférence ; On ne sauvera pas la terre sans sauver les villes, de Giancarlo Consonni ; 128 pages ; Format : 23,3 x 20 cm ; Prix : 18 €
Le quartier du futur – La ville végétale de demain avec Merci Raymond
Pour une révolution verte urbaine !
Le quartier du futur est un quartier désirable, résilient, vivant, où il fait bon vivre… mais surtout, le quartier du futur est celui que nous devons créer dès aujourd’hui, si l’on veut y vivre demain.
Afin de concevoir de nouvelles manières d’habiter la ville, la focale doit se déplacer de l’échelle de la ville à celle du quartier. Face à la menace climatique et aux crises annoncées, le végétal apparaît comme le principal acteur de ce mouvement. L’équipe d’urbanistes, architectes, jardiniers, paysagistes de Merci Raymond a ainsi identifié les cadres et les outils qui sont à disposition, afin de mobiliser dès maintenant les acteurs de la transformation urbaine et végétale.
Ce manifeste, à la fois technique et inspirateur, s’appuie sur des réalisations, des projets et des actions collectives concrètes, mais aussi sur des rencontres avec des professionnel.le.s de la fabrique urbaine. Fort de son expérience et de tous ces témoignages, Merci Raymond dresse un panorama du quartier de demain, réel et réalisable.
À propos de l’auteur :
Merci Raymond est une entreprise militante lancée en 2015 par Hugo Meunier, en hommage à son grand-père Raymond, agriculteur dans le sud-ouest de la France. Il s’agissait alors de saluer son terroir et de reconnecter l’urbain à la nature. Cette graine est devenue une aventure collective et, depuis, Merci Raymond mène une action écoresponsable et humaniste pour végétaliser les villes, développer l’agriculture urbaine et semer du lien social. Des toits aux trottoirs, des écoles aux entreprises, les Raymond oeuvrent chaque jour pour des villes plus vivantes, plus résilientes, plus désirables.
L’avis de la rédaction : Un prosélytisme argumenté et militant pour la végétalisation de la ville
Éditeur : Delachaux et Nieslé ; Le quartier du futur – La ville végétale de demain ; 192 pages ; Format : 19 x 25,5 cm ; Prix : 24,90 €


