Tous les bâtiments construits entre 1907 et 1965 par Le Corbusier, à qui on trouvait une tête de corbeau et qui s’était fait corbeau. «Le chantier est une ambition, un processus et un théâtre où se jouent la transformation physique du monde et l’imaginaire de nos sociétés», ajoute Valérie Nègre.
Le Corbusier – Tout l’oeuvre construit, par Jean-Louis Cohen et Richard Pare
Déployés sur quatre continents, les bâtiments construits par Le Corbusier entre 1907 et 1965 n’avaient jamais été embrassés par l’objectif d’un photographe aussi attentif à leur présence dans le paysage qu’au grain fin de leur texture. Pendant près de dix ans, Richard Pare a arpenté les routes du monde, sachant ouvrir les portes des édifices inaccessibles au public et de ceux voués au secret de l’intimité familiale.
Nulle image idéale ou hiératique dans les vues de ces quelque soixante bâtiments, car Richard Pare a su saisir le jeu des saisons et des cycles quotidiens, et révèle combien l’usage – parfois sacrilège – et l’usure du temps ont patiné le bois, la brique et jusqu’au béton, dont les souffrances muettes sont mises à nu.
Plusieurs de ses bâtiments n’avaient pas été photographiés depuis plusieurs décennies, d’autres ne l’avaient jamais été aussi complètement.
Les textes de Jean-Louis Cohen font autorité. Ils contribuent à faire de cet ouvrage la référence sur l’oeuvre de Le Corbusier. Les photographies de Richard Pare en donnent toute la mesure.
Editeur : Flammarion ; Le Corbusier – Tout l’oeuvre construit ; 480 pages ; 475 illustrations ; Relié sous coffret ; Format : 28 x 26 cm ; Prix : 99€
Rococo, par François Chaslin
Le Corbusier : il s’était à 33 ans choisi ce nom qui tenait de l’oiseleur. On lui trouvait une tête de corbeau et il s’était fait corbeau. Il avait chaussé son bec de grosses lunettes rondes en bakélite noire et signait couah ! couah ! certaines cartes postales. Descendu vers Paris depuis les monts du Jura, il s’était voulu prophète. Ce Zarathoustra construirait la demeure du Surhumain. Il était extraordinaire, doctrinaire et propagandiste, artiste, architecte immensément talentueux. Il avait construit et reconstruit son personnage. On lui avait ensuite élevé une statue colossale. Il régnait comme une idole. Et voici qu’aux alentours du cinquantenaire de sa disparition, le mémorial de béton brut a commencé à se craqueler. Son goût pour l’autorité, son urbanisme implacable, terrible, véritablement totalitaire, ses mauvaises accointances d’avant-guerre, ses dix-huit mois à Vichy durant l’Occupation jaillissaient d’entre les fissures tels de funèbres oiseaux. Et ce qui devait être une commémoration est devenu un procès.
Des centaines d’articles apparurent dans le monde entier comme des nuées hostiles. François Chaslin, dont l’essai Un Corbusier est de ceux qui déclenchèrent cette épidémie d’idées toutes faites, d’accusations, de condamnations, d’affrontements de mauvaise foi, revient ici sur les mœurs intellectuelles telles que nous les observons, à l’âge notamment des réseaux sociaux : diffamation, plagiat, massification du jugement et recherche du scandale, foutaise, ressentiment et désir de vengeance y ont pris une place nouvelle. Cet ouvrage est un appel à une histoire qui serait libre, sans tabou, sans passion triste ni rancune. Quantités d’oiseaux y paraissent, laids ou gracieux, fragiles ou cruels, dionysiaques ou parfaitement idiots qui lui font une guirlande et qui l’enveloppent du bruissement des fables, mythes et poèmes.
Editions non standard ; Rococo ; 520 pages ; Un invraisemblable bestiaire tendre et poétique ; Broché ; Format : 21 x 13 cm ; Prix : 28€
L’art du chantier, construire et démolir du XVIe au XXIe siècle, par Valérie Nègre
Le chantier est une ambition, un processus et un théâtre où se jouent la transformation physique du monde et l’imaginaire de nos sociétés. C’est un lieu éminemment technique, mais c’est aussi un puissant instrument de pouvoir, un théâtre de la société où les grands aiment se faire représenter et où les artisans apparaissent tantôt comme des héros de la modernisation des villes, tantôt comme des exploités. A partir du XXe siècle, il inspire les architectes et les artistes par son processus et son caractère provisoire et contribue à transformer l’art et l’architecture.
Ce sont ces différentes facettes que l’ouvrage a l’ambition de dévoiler à travers un très grand nombre d’œuvres, de maquettes et d’objets. L’objectif est de faire découvrir des installations et des pratiques techniques par nature temporaires : gestes, machines, procédés disparus, mais aussi des pratiques sociales, politiques et artistiques moins connues.
Editions snoeck ; L’art du chantier, construire et démolir du XVIe au XXIe siècle ; 304 pages ; 400 illustrations ; Format : 22 x 28 cm ; Prix : 42€