A l’heure de fêtes de fin d’année qui invitent à la réflexion, une petite sélection des livres parvenus à la rédaction, et qui y sont encore.
La fièvre d’urbicande, de François Schuiten et Benoît Peeters
L’album culte des Cités obscures, pour la première fois en couleur. Prix du Meilleur Album à Angoulême en 1985, ce deuxième volume de la saga au long cours de François Schuiten et Benoît Peeters pour la première fois en couleurs.
L’urbatecte Eugen Robick est insatisfait. La Commission des Hautes Instances, qui gouverne Urbicande, refuse l’aménagement d’un pont qui, selon Robick, rétablirait un équilibre urbain menacé. C’est dans ce contexte qu’un étrange objet fait son apparition sur le bureau de Robick : une structure cubique évidée d’origine inconnue, faite d’un métal indestructible, qui commence à lentement croître…
Publiée dans le journal (A suivre) en 1983, La Fièvre d’Urbicande était au départ conçue pour paraître en couleur. Plus de 35 ans après sa première publication, l’un des épisodes majeurs des Cités Obscures est donc enfin colorisé. C’est le graphiste et illustrateur belge Jack Durieux qui a œuvré pour souligner la majesté et la puissance de cette bande dessinée intemporelle.
Editeur : Casterman ; La fièvre d’urbicande, de François Schuiten et Benoît Peeters ; 104 pages ; Cartonné ; Couleur ; Format : 24,1 x 32,1 cm ; Prix : 24€
Atlas historique de Paris, par Michel Huard
L’architecte et urbaniste Michel Huard invite à découvrir l’Histoire de Paris telle qu’elle ne fut jamais racontée. Une lecture prescrite pour tous les amoureux de la ville des Lumières.
Le paysage actuel de Paris est l’héritier de siècles d’Histoire qui ont progressivement transfiguré l’espace urbain dans toutes ses composantes : rues, habitat, voies de transport, jardins et espaces cultivés.
A partir de nombreuses cartes et photographies, l’auteur ressuscite ce processus de formation du paysage parisien avec un rare talent d’historiographe. Michel Huard présente une analyse chronologique, géographique et thématique de l’évolution spatiale de la capitale en fonction de conjonctures politiques et économiques.
Ces métamorphoses successives sont le témoin d’époques et des mœurs d’un peuple qui ont dessiné le Paris d’aujourd’hui.
A propos de l’auteur : Architecte et urbaniste de l’État, Michel Huard a participé à de nombreux projets urbains (Opéra Bastille, Ministère des Finances, Grand Louvre, Universités, Aéroport Roissy-Charles de Gaulle…). Passionné de cartographie et d’Histoire, l’auteur a réuni 20 ans de recherches dans l’édition de cet atlas.
Editeur : Éditions Persée ; Atlas historique de Paris, par Michel Huard ; 220 pages ; Format : 21,0 x 29,7 cm ; Prix : 33,90€
Ambassades françaises du XXe siècle, par Fabien Bellat
La diplomatie française vue à travers l’architecture de ses ambassades (Belgrade, Ottawa, Sarrebruck, Brasilia, Varsovie, Washington, Berlin).
Au cours du XXe siècle, face aux transformations de la diplomatie, la France a dû réaliser un important rééquipement de ses chancelleries à travers le monde. Si auparavant la pratique du « bernard-l’hermite » diplomatique avait été la norme (par le phagocytage de bâtiments préexistants) la France chercha, après la Première Guerre mondiale, à étendre le nombre de ses installations neuves – le ministère des Affaires étrangères faisant alors appel à des architectes sélectionnés avec soin.
Ceux-ci furent souvent des Prix de Rome mais le ministère se montra plutôt ouvert dans ses choix, passant commande à des architectes, certes de formation académique, mais ayant su réinventer leur pratique au crible de la modernité. Ainsi c’est un véritable « modèle français » qui fut mis en place, influençant nombre d’autres grandes puissances. L’image de marque extérieure de la France évolua peu à peu d’une tradition modernisée de l’entre-deux guerres à l’affirmation d’une signature moderne pendant l’après-guerre et les Trente glorieuses.
On retrouve ainsi plusieurs grands noms : Roger-Henri Expert, Eugène Beaudouin, Georges-Henri Pingusson, Le Corbusier et Guillermo Jullian de La Fuente, le trio Bernard Zehrfuss, Henri Bernard et Guillaume Gillet, ou André Rémondet.
Ces édifices dessinent une autre histoire de la modernité en France, sous l’angle de son institutionnalisation et de sa diffusion internationale. Plus récemment, l’architecture diplomatique a trouvé un nouveau souffle avec les bouleversements de la fin des années 1980, notamment à Berlin avec Christian de Portzamparc, ou Pékin avec une équipe franco-chinoise regroupée autour du cabinet d’Alain Sarfati.
A propos de l’auteur : Fabien Bellat est docteur en histoire de l’art de l’université Paris X. Il a enseigné en France, au Canada, et en Russie. Il a notamment publié les essais Amériques-URSS Architectures du défi, et Une ville neuve en URSS, Togliatti.
Editeur : Editions du patrimoine ; Ambassades françaises du XXe siècle, par Fabien Bellat ; 176 pages ; 201 illustrations ; Format : 16,5 x 21,0 cm ; Prix : 25€
Le béton en garde à vue, de Rudy Ricciotti
Imaginé alors qu’il était mis en examen, ce manifeste architectural en forme de pièce de théâtre est du pur Ricciotti : joyeusement provocateur, jouant outrageusement avec la langue, définitivement pamphlétaire. Manifeste architectural et théâtral.
En scène dans ce procès fiction : une juge d’instruction intraitable, un architecte aux faux airs de voleur de poules, des gendarmes sourcilleux. Toute ressemblance avec des personnages ayant réellement existé est bien sûr fortuite. Car le véritable accusé à l’honneur dans cette comédie, c’est le béton, ce mal-aimé. Pour l’auteur, ce mauvais procès masque toute la générosité et les ressources du matériau d’exception qu’il défend avec ardeur :
« Ça y est, j’y suis. Si j’y suis, au trou, c’est à cause de la musicalité du béton. C’est un condiment qui réveille les papilles, je ne peux pas m’empêcher d’en mettre dans tous les plats ».
Quelques années après ce procès imaginaire devenu bien réel, l’auteur est effectivement condamné. Dans sa postface, Rudy Ricciotti résume la sentence avec humour. Derrière la blague, il développe ses arguments en faveur d’une filière et d’un savoir-faire français. Il défend la noblesse d’un matériau et dénonce une règlementation qu’il juge assassine.
A propos de l’auteur : Rudy Ricciotti, né en 1952 à Alger, a reçu le Grand Prix national en 2006 et le titre de « Maestri dell’Architectura » en 2018. On lui doit notamment la conception du MuCEM à Marseille, du Pavillon Noir à Aix-en-Provence, de la passerelle de la Paix à Séoul ou du musée Cocteau à Menton.
Editeur : Textuel ; Le béton en garde à vue, de Rudy Ricciotti Conversation avec David d’Equainville ; 96 pages ; Format : 11,3 x 21,0 cm ; Prix : 15€
Villes ouvertes, villes accueillantes, par Cyrille Hanappe et Elise Al Neimi
Face à la crise de l’accueil dans les villes, cet ouvrage propose des solutions afin d’offrir des cadres de vie plus dignes aux populations en mouvement.
Régulièrement camps et squats de villes frontalières abritant des personnes sans domicile sont démantelés et évacués. Comment ces populations seront-elles réinstallées ?
Plutôt que de détruire des espaces spontanés, ne devrait-on pas repenser l’accueil pour offrir des lieux de vie décents aux nouveaux arrivants ? La crise de l’accueil apparue depuis 2015, que ce soit l’exemple de Grande Synthe ou du démantèlement de la jungle de Calais, a montré la nécessité pour les villes de développer des stratégies et des politiques d’intégration.
Après avoir posé les enjeux et réflexions et analysé les initiatives existantes, ce livre propose six scénarios architecturaux, de la sécurisation des zones précaires à la conception de véritables quartiers d’accueil intégrés dans la ville.
De quoi inspirer les collectivités locales et tous les acteurs de la société civile en faveur d’une ville ouverte, plus démocratique, plus sociale mais aussi plus résiliente et durable.
A propos des auteurs :
Cyrille Hanappe est maître de conférence à l’École nationale supérieure d’architecture Paris-Belleville et directeur pédagogique du DSA Risques Majeurs de cette école. Il codirige par ailleurs l’agence d’architecture AIR-Architectures Ingénieries Recherches et l’association Actes & Cités qui travaille pour la dignité dans le cadre de vie.
Élise Al Neimi est étudiante en master à l’École nationale supérieure d’architecture de Paris-Val de Seine. Elle s’intéresse à la question de l’accueil et du mal-logement ainsi qu’aux solutions architecturales et urbaines adaptées.
Editeur : Editions Charles Léopold Mayer ; Villes ouvertes, villes accueillantes, par Cyrille Hanappe et Elise Al Neimi ; 150 pages ; Format : 16,5 x 16,5 cm ; Prix : 10€
Bernard Huet, De l’architecture à la ville, par Juliette Pommier
Anthologie des écrits théoriques, critiques et pédagogiques de Bernard Huet.
Durant la seconde moitié du XXe siècle, le champ de l’architecture vit une profonde mutation, à l’échelle nationale et internationale. L’avènement rapide de la société urbaine se traduit en France par une série de crises et de remises en question des structures professionnelles, institutionnelles mais aussi doctrinales de l’architecture.
En peu de temps, l’urbanisme français passe de la Reconstruction d’après-guerre aux rénovations urbaines par la table rase, et du constat d’échec de l’urbanisme moderne au retour à la ville, à l’histoire et aux fondements de la discipline architecturale.
Bernard Huet est un acteur essentiel du renouvellement intellectuel qui se développe alors en France : il incarne mieux que tout autre la figure de l’architecte intellectuel engagé, investi aussi bien dans l’enseignement, la recherche et la critique que dans la profession. Née dans le dialogue avec ses pairs – Huet est d’abord un homme de la parole – sa vision de l’architecture urbaine s’est progressivement concrétisée dans ses œuvres écrites et bâties. Ce recueil vise à rétablir la portée, l’ampleur et l’actualité de cette parole.
Une anthologie des écrits de Bernard Huet, réunis et présentés par Juliette Pommier
Avant-propos de Jean-Louis Cohen
Editeur : Zeug ; Bernard Huet, De l’architecture à la ville, par Juliette Pommier ; 504 pages ; Format : 16 x 23,5 cm ; Prix : 25€