MARS architectes a livré en 2022 une opération de 12 logements sociaux et un local commercial près de la Porte Dorée (Paris XIIe) pour la RIVP. La façade matricée habille les 733 m² pour faire oublier la géométrie insolite de la parcelle. Communiqué.
Fichées entre deux immeubles au début du XXe siècle, deux bâtisses laissaient transparaître l’envers du décor de ces îlots haussmanniens. La densité des cours arrière, résultante des alignements voulue par Haussmann et ses successeurs cachent bien des surprises derrière des façades si parfaites : parcelles aux géométries insolites et souvent subies, l’intérieur de l’îlot devient une conséquence.
Ces deux petites maisons, anachroniques par leurs échelles par rapport au tissu environnant, ont laissé par leurs persistances cette brèche ouverte, une irrévérence à la logique et à la pensée du XIXe siècle, où façades ordonnancées et espace public participent, de manière concomitante dans un rapport direct entre plein et vide, à l’expression d’un boulevard parisien de cette époque.
Le boulevard Poniatowski s’implante en lieu et place de l’ancienne enceinte de Thiers, une des raisons qui ont permis la création d’une voie de cette échelle. La qualité du boulevard tient dans sa clarté : alignement du bâti, trottoir large arboré en relation avec des rez-de-chaussée commerciaux permettant un rapport direct entre espace public et privé, entre plein et vide.
Le projet de MARS architectes s’inscrit dans cette démarche de continuité urbaine par la reprise des rythmes des ouvertures et de composition en trois ordres des immeubles voisins par une déformation volumétrique.
Ainsi, le corps principal se décolle du soubassement par une subtile inflexion venant en débord sur le boulevard et permettant des vues dégagées en proue du bâtiment, annonçant une faille et l’entrée. L’attique, traité en retrait, en corrélation avec les toitures en zinc environnantes, s’exprime par un plan utilisant la géométrie en triangle pour en effacer la profondeur par effet de perspective.
L’écriture architecturale de ce projet est différente des immeubles voisins mais s’inscrit dans une échelle commune à ce boulevard. Elle participe à la formalisation de cet espace public dans une démarche cherchant contextualité et urbanité, persuadé que l’approche de l’esprit d’un lieu ne peut exister que dans la justesse du rapport de la plus petite partie à l’ensemble.
Le projet joue sur l’ambiguïté entre matière et ornement, en travaillant avec un béton matricé sur l’ensemble de la façade. Par un travail de superposition et de multiplication des dessins des façades des immeubles voisins, la façade trouve un nouvel ornement dans sa matière même, où une multitude de lectures sont possibles : de loin on ne sent qu’une vibration, de près on commence à reconnaître certains motifs, puis en se déplaçant, ils disparaissent pour redevenir une matière vibrante. Par celle-ci, le bâtiment tisse des liens subtils, parfois mystérieux avec ses voisins, en évitant les travers du pastiche ou du façadisme. Cette réévaluation positive de l’ornement crée le terrain fertile d’une revalorisation culturelle du minutieux, du marginal, de leurs esthétiques et d’une poésie qui s’en dégage.